Covid-19 : Comment expliquer le "miracle" africain ?
C’est un fait avéré, l’Afrique, et en particulier l’Afrique francophone, n’a pas été submergée par la Covid-19, contrairement à ce que certains avaient prédit. Prenant en considération la mauvaise infrastructure sanitaire de ces pays, l’OMS avait prédit un tsunami. Or, force est de constater que ce désastre n’a pas eu lieu. Comment expliquer ce que certains nomment le "miracle africain" ?
La situation en quelques chiffres
Alors que la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique (CEA) annonçait dès la mi-avril 300 000 morts en Afrique malgré des mesures drastiques de précautions, nous constatons aujourd’hui que la situation n’a rien à voir avec nos pays occidentaux. Voici le nombre de décès en Afrique francophone, chiffres actualisés au 19 novembre : Benin : 43, Gabon : 59, Sénégal : 329, Togo : 63, Cameroun : 435. Le nombre de morts dans toute l’Afrique s’élève à 1158, et 23505 cas confirmés (chiffres du 25 novembre), les pays les plus touchés étant les pays d’Afrique du nord et l’Afrique du sud. Même si les statistiques ne sont pas parfaites (manque de tests et manque de données) et que le bilan est sous-estimé, on ne rencontre pas dans ces pays des hôpitaux surchargés de malades du Covid-19.
Tentons d'expliquer ces chiffres :
Une population jeune
60 % de la population africaine a moins de 25 ans, donc un système immunitaire plus résistant. Dans nos pays occidentaux, 75 % des personnes décédées ont plus de 75 ans. En effet les populations à risque sont les personnes âgées, les personnes souffrant de diabète et d’obésité. En Italie, 23 % de la population est âgée. 5 % seulement en Afrique. Même constat concernant le diabète et l’obésité. Même si ces deux fléaux sont en augmentation, ils sont bien loin d’atteindre les niveaux de l’Europe.
Une population qui a bénéficié de la lutte contre des maladies très graves
Par contre, il faut signaler que cette population jeune est très touchée par d’autres maladies : VIH, tuberculose et malaria. Il est possible que cette population, ayant bénéficié de traitements intensifs contre ces maladies : campagne de vaccination du BCG et chloroquine contre la malaria, ait été immunisée contre le Covid-19. Nous connaissons les débats qui ont eu lieu en France au sujet de la chloroquine, prescrite par le professeur Raoult. Spécialiste de l’infectiologie dans ces pays, ses recommandations ont été suivies de très près par les pays africains.
Des pays à faible densité de population
A part certaines grandes métropoles comme Abidjan où des mesures strictes de confinement ont été prises très tôt, la densité de population en Afrique francophone reste très faible : 43 habitants au km², contre 180 en Europe de l’ouest. Dans le reste des territoires, cette très faible densité de population, les déplacements de population limités à l’intérieur du pays en raison des infrastructures de transport déficientes, et la faible densité touristique, ont permis une expansion très modérée du virus.
Faible résistance du virus due aux fortes chaleurs de l’Afrique ?
Une autre hypothèse est celle de la faible résistance du virus en milieu chaud. La température optimale pour la propagation du virus serait aux alentours de 8 degrés. Or, en Afrique il fait rarement moins de 15 degrés. Rien n’est démontré au niveau de la température, mais la population vivant beaucoup à l’extérieur, il est sûrement plus facile de contenir sa propagation.
Mesures préventives prises par les gouvernements
Fermeture des frontières, mesures de confinement et de distanciation sociale strictes, couvre-feu, limitation des rassemblements, notamment religieux : les mesures prises par les gouvernements ont été rapides et drastiques. En outre, ces pays ont une grande habitude de gérer des épidémies autrement plus meurtrières que celle-ci, notamment avec le virus Ebola. Ils ont appris et en ont tiré les leçons : hygiène lors des soins, détection et isolement des malades.
Toutes ces hypothèses qui tendent à se confirmer continuent d’être activement étudiées par les chercheurs. Cependant, même si l’Afrique a été jusqu’ici plutôt épargnée, il ne faudrait pas relâcher les efforts très louables des gouvernements pour limiter la propagation. Ce virus n’est pas encore bien connu et peut réserver bien des surprises dans les mois à venir.
Frédéric Chapuis est entrepreneur récidiviste en Afrique dans le domaine de la sécurité et de l'automobile.
Il partage son expérience et son réseau avec les entrepreneurs européens désirant s'implanter ou se développer sur le continent africain.
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