« Il faut toujours prendre en considération l'avis des imbéciles, car ils sont la majorité. »
À propos du monologue nazebroque d'un zoologue ad hoc, ! « Il faut toujours prendre en considération l'avis des imbéciles, car ils sont la majorité. »
Cette pensée de Léon Tolstoï résume parfaitement en quoi consiste la politique politicienne actuelle, et le pourquoi du comment de ce qu'ils appellent « la démocratie » : la garantie pour les puissants de garder le pouvoir.
Un détounement du sens d'un mot qui a encore été illustré dans une tribune de Francis Fukuyama parue dans le Financial Times pour qui « la réélection de Donald Trump est un rejet décisif du libéralisme ». Tribune à laquelle je n'ai pas manqué de répondre par un tweet en ce sens :
« Il faudrait probablement redéfinir sa définition du libéralisme, y compris sa définition de liberté. Selon sa définition, nous avons vu les libertés publiques régresser dans les pays de l'OCDE à cause de politiques qui sont loin d'être libérales, car elles reposent sur des fausses prémisses. C'est la même chose que la transparence. Les gouvernements libéraux ont-ils été transparents avec leur peuple ? Ils prétendent l'être, mais ils ont trop souvent pris des décisions en dehors du regard du public et loin des intérêts publics. Le libéralisme s'est emparé d'années de dogmes et de propagande s'appuyant sur des bases scientifiques erronées. L'opinion publique est donc biaisée par des années de pollution de l'information.
Il ne s'agit donc pas d'un rejet du libéralisme, mais d'un rejet de votre définition du libéralisme et de tous les actes qui vont avec. D'où la raison du contrôle de l'information dans les médias. À commencer par cet article : il démontre parfaitement que la conception positive de la liberté et du libéralisme qui constitue la base des démocraties fonctionnelles a été capturée et redéfinie pour servir les intérêts de quelques-uns plutôt que ceux de tous. La pollution de l'information est un véritable problème .»
Ce n'est donc pas un hasard si, tous bords politiques confondus, la stratégie adoptée par les politiciens de France, et au-delà, s'articule essentiellement autour de la pensée de Tolstoï, les macronistes en particulier, Emmanuel Macron en tête. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle, lorsqu'il s'adresse aux Français, il utilise la plupart du temps un langage infantilisant couplé à un détournement du sens des mots. La période « crise covid » en a été l'illustration la plus poussée. Rappelez-vous par exemple, son « Lavez-vous les mains avec du savon ! »
Et ce n'est pas seulement pour leurs discours et programmes politiques (et la promotion de ceux-ci) que les macronistes optent pour cette stratégie. Ils le font également avec la culture et l'éducation nationale.
En cela, d'ordinaire, quand Emmanuel Macron balance une de ces tirades complètement lunaires, dont il nous gratifie, depuis sept ans, en guise d'analyses sur tel ou tel sujet éminemment sérieux livrées en public par le chef de l'État, on peut semble-t-il, lui prêter de feindre là d'être un imbécile, de coller avec talent à l'adage « Le vrai malin est celui que tout le monde prend pour un imbécile », que Raymond Devos a dépeint dans son sketch titré « Je suis un imbécile ! », avec lui le talent fabuleux que nul ne peut valablement lui dénier.
En voici les paroles :
« Dernièrement, j'ai rencontré un monsieur qui se vantait d'être un imbécile.
Il disait : « Je suis un imbécile ! Je suis un imbécile ! » Je lui ai dit : « Monsieur... c'est vite dit ! Tout le monde peut dire « Je suis un imbécile ! » Il faut le prouver ! » Il m'a dit : « Je peux ! »
Et bien, il m'a apporté la preuve de son imbécillité avec tellement d'intelligence et de subtilité,
que je me demande s'il ne m'a pas pris pour un imbécile. »
Néanmoins, j'ai un doute. Un gros doute, même. Je l'ai toujours eu, je tiens à le préciser. Mais, il y a quelques jours, un événement a fait que ce caractère dubitatif s'est empressé de passer à celui de certitude, quasi absolue, à propos de ce discours ahurissant qu'Emmanuel Macron s'est offert en Hongrie au sommet de la communauté de la politique européenne, quant à la stratégie à adopter par l'Union européenne, avec le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, pour se protéger de la politique « ultra-protectionniste » que le successeur de Joe Biden a promis de mener, notamment à l'endroit des pays de l'Union européenne et de la Chine.
Écoutez plutôt :
« Le monde est fait d'herbivores et de carnivores.
Si on décide de rester des herbivores, les carnivores gagneront. Et nous serons un marché pour eux. Et heu... je pense qu'au moins ça serait pas mal de choisir d'être des omnivores.
Je ne veux pas être agressif, je veux juste qu'on sache se défende sur chacun de ces sujets.
Mais Je n'ai pas envie de laisser l'Europe comme un formidable théâtre habité par des herbivores, que des carnivores, selon leur agenda, viendront dévorer. Assumons... cela. Voilà. »
Incroyable. Le président a-t-il perdu le sens des mots et des concepts dans l'exercice de ses fonctions ? A-t-il complètement pété les boulons, dégoupillé total comme disent les djeuns ? Pour se faire une opinion, il suffit de regarder les têtes littéralement consternées, abasourdies que font les personnes qui se trouvent derrière lui, visiblement gênées. Gênées pour lui, du ridicule dont il se couvre, vu le contexte (une réunion entre chefs d'État), et la fonction, dans laquelle Emmanuel Macron sort cette métaphore à deux balles (2), à ses collègues dirigeants politiques étatiques.
Le plus pathétique, est qu'il semble manifestement très fier de sa personne lorsqu'il à cette instant. Pour un chef d'État, recourir à une métaphore de ce genre en pareilles circonstances parait tellement inapproprié, qu'un spécialiste de la communication politique n'a pas hésité à déclarer que « c'était une débilité, absurde au plus haut point et hors de contexte, digne d'une tirade de François Pignon ! » (3)
Décidément, plus le temps passe et plus Emmanuel Macron nous pousse à la conclusion que sa présidence consiste, s'agissant de ses relations publiques, à ce que : « toute réunion politique à laquelle il participe se résume à un spectacle tel un dîner de con-descendants dont il serait l'invité principal ? »
Une raison supplémentaire pour prendre le temps de lire le « J'Accuse » publié le jour anniversaire des 80 ans de France-Soir afin de décider qui inviter à dîner mercredi prochain !
1) « Nazebroque : désuet, sans intérêt, médiocre. »
2) « à deux sous» aurais-je pu dire, oui, si Gabriel Attal était encore son Premier Ministre en exercice. Dans un édito à venir, je vous expliquerai pourquoi je vous ai dit cela aujourd'hui.
3) François Pignon est interprété par Jacques Villeret dans le Diner de Cons.
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