«On a un devoir de faire quelque chose pour les générations futures ». Jean-Luc Stanek, le fondateur de HACE : Hydro Air Concept Energy en est convaincu. Notre futur est dans l’énergie des vagues. Moins chère que l’éolien, le nucléaire ou le solaire, l’énergie de la mer est parmi la plus décarbonée du monde. Fondée en 2013 en Gironde, l’entreprise est parmi les cinq finalistes de Time For The Planet.
Jean-Luc Stanek aime laisser ses rêves devenir réalité. Arrivé en France à l’âge d’un an, ce natif d’Algérie en décembre 1960 a suivi le parcours d’un fils de militaire. Sa voie se tracera finalement dans la Santé Navale, d’où il en sort diplômé en chirurgie dentaire. Toutefois, au fond de lui, Jean-Luc Stanek sait qu’il va retrouver ses premiers amours d’inventeur dans l’âme. « Je crois que j’avais cette idée depuis mon jeune âge. J’étais abonné à « Sciences et vie » depuis 1976. J’ai acheté tous les numéros du magazine ».
Une idée de moteur pour vagues
Son envie d’entreprendre le mène vers la promotion immobilière qu’il décidera finalement d’abandonner. Il s’installe en 1996 dans l’Île de la Réunion. Et c’est, entre ciel et mer, son environnement de prédilection, que l’aventure débute. Sous l’eau, en faisant de la plongée dans l’île, lui vient son idée de génie. « J’ai un diplôme de maitre nageur. J’adore la mer. J’ai une forte sensibilité pour la biodiversité et une conscience environnementale. C’est en voyant les vagues que l’idée m’est venue. C’est une grande puissance qui n’était pas exploitée. Ca me paraissait fou», raconte Jean-Luc Stanek. Ses précédents échecs ne l’ont pas dissuadé, bien au contraire. « Il faut être très têtu et très résilient pour avancer », nous confie celui qui est maintenant patron de HACE.
Entouré de spécialistes, il imagine un prototype qui puisse utiliser les vagues. Son leitmotiv : les petites vagues, plus régulières. « La houle parfaite n’existe jamais. C’est une composition d’ondes gravitaires assez complexes. Elle est chaotique. Si on veut faire un système qui ne récupère que les fortes houles parfaitement orientées, on ne les a quasiment jamais. J’ai essayé donc de faire le contraire avec Hace. On cible les petites houles qui sont là 90% du temps. Cela peut aller de 30 cm à 2m50.»
Nul n’est prophète dans son pays
Revenu en Gironde en 2005, Jean-Luc Stanek peine cependant à trouver preneur, surtout en France. « Notre invention a été brevetée en France en 2012. Cependant, nous n’avons pas de commandes dans l’Hexagone en ce moment. Les offres que nous avons viennent de l’étranger : États-Unis, Canada, Afrique, Chine, mais ça coince chez nous. Les autorités maritimes sont bienveillantes, contrairement aux autorités administratives. On vit encore dans le passé à ce niveau-là », explique amèrement Jean-Luc Stanek. Pour la création de HACE, il a dû compter sur la région Aquitaine, les financements des brevets ainsi que l’Europe. « Nous avons commencé avec un financement d’1,1 million d’euros puis nous avons reçu 190 000 euros de la région Aquitaine et quelques 50 000 de la commission européenne », détaille l’ardent défenseur des énergies renouvelables.
Aujourd’hui, Jean Luc Stanek attend les premières commercialisations de ces prototypes qui donnent des résultats plus que satisfaisants. L’envie de voir plus grand n’est jamais loin. « Ce qui manque c’est l’argent. Pour l’instant, je n’ai pas de salariés mais nous avons beaucoup d’ingénieurs qui postulent chez nous. J’ai du mal à trier les CV. Dans les mois prochains, septembre ou octobre, nous aurons certainement des financements », confie ce passionné de parapente.
HACE, l’énergie à bas prix
Si Jean-Luc Stanek mise sur son entreprise, c’est qu’économiquement, et écologiquement, c’est rentable. HACE capte l’énergie des vagues, celle des houles exactement. Les petites, qui sont là tout le temps. Ses caractéristiques : économique et rapide. L’énergie maritime qui devient par la suite électricité, est très compétitive. Son prix : moins de 20 euros/MWh, soit un tarif de 0,02 euros du KWh. « Cela fait une sacrée différence », commente Jean-Luc Stanek. Sur le plan écologique, elle est la plus décarbonée du monde : moins 0,5 g de CO2/KWh. Le but au final est d’absorber 40 milliards de tonnes de CO2/an. Elle permet ainsi de produire de l’hydrogène vert, le plus compétitif, sa valeur est de moins 1 €/Kg.
Pour comprendre le fonctionnement de HACE, il faut savoir que la machine segmente la houle avec de multiples colonnes d’eau oscillantes. En gros, elle fonctionne comme un compresseur d’air multicylindres. Il en résulte un air comprimé. Ce dernier est récupéré par un caisson de surpression qui mutualise et lisse les surpressions des différentes OWC : les colonnes d’eau oscillantes. L’air comprimé actionne des turbines basse pression révolutionnaires redondantes, ce qui produit de l’électricité. « Je suis totalement convaincu que les énergies renouvelables sont l’avenir de l’humanité. On a un devoir moral de faire quelque chose pour les générations futures », souligne Jean-Luc Stanek.
Conscient que ses machines ne doivent pas avoir d’impact sur l’environnement, celles-ci n’ont pas de conséquences pour la biodiversité marine. Facilement démontables et flottantes, elles n’ont pas non plus d’incidence sur le milieu où elles sont installées. Le moyen d’avoir une source d’énergie parfaite pour le mix énergétique. Avec son idée géniale, HACE produit une énergie propre, même quand le soleil se couche et que le vent faiblit.