L’intelligence artificielle utilisée en psychiatrie : bientôt des robots-psychiatres ?

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FranceSoir
Publié le 19 août 2022 - 14:30
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Dépression
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Corine / Moriou
Attentions aux biais et risques.
Corine / Moriou

Dans un contexte où les troubles et pathologies psychologiques et psychiatriques sont en croissance, l’intelligence artificielle paraît utile pour répondre à une forte demande, notamment en matière de diagnostic. Mais attention, malgré la multiplication des troubles survenus au cours de la crise du Covid-19, le succès des IA, et leur acceptation par les professionnels de santé, n’est pas évident, car les algorithmes sont toujours biaisés.

Les applications d'aide psychologique et psychiatrique se sont notamment développées pendant les confinements, lorsque les personnes étaient plongées dans des situations de stress et d’anxiété, sans accès facile à des professionnels de santé. Les applications sont utilisées soit pour lutter contre la solitude et assurer un accompagnement, soit pour gérer le stress et faciliter la téléconsultation. Elles interviennent aussi en soutien au personnel soignant.

Les applications et les outils numériques de santé mentale sont donc divers et variés. Alors que pour certains, il est plus facile de se confier aux machines, les limites des échanges avec une intelligence artificielle pour la collecte de données sensibles sont toujours au cœur du débat concernant l'assistance psychologique algorithmique.

Des robots-psychiatres, quels avantages?

Les robots ont déjà remplacé des serveurs dans des restaurants, des journalistes, des employés dans les usines, et même les services clients ou certains postes administratifs. Pourront-ils un jour aussi remplacer nos psychiatres ? Les logiciels et applications automatiques garantissent une disponibilité 24 heures sur 24, les 7 jours de la semaine, mais en revanche, ils ne peuvent pas assurer l’idéal d’une expertise neutre, ou plus objective que des humains, contrairement à ce que l’on pourrait penser. En effet, selon Vincent Martin, docteur en informatique à l'Université de Bordeaux, et Christophe Gauld, pédopsychiatre et médecin du sommeil à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, il ne faut jamais oublier que les intelligences artificielles ne font que reproduire les biais, et ne sont donc jamais neutres.

Manque d’empathie, manque d'objectivité, vulnérabilité des données sensibles… Les inconvénients sont toujours nombreux

Pour Thomas Gouritin, le principal problème serait le manque d’empathie. Expert en chatbots, Gouritin explique que les assistants fonctionnent avec un système de détection par mots-clés. Le chatbot est programmé pour répondre à certains mots alerte, comme « tristesse » ou « solitude », mais il ne peut pas forcément apporter une réponse véritablement empathique et sur mesure. Et le fait de ne pas être compris par un chatbot, comme pour un humain, peut générer de la frustration et augmenter le sentiment d’angoisse…

Comme l’expliquent Vincent Martin et Christophe Gault, le manque d’empathie des intelligences artificielles les empêchent de s’adapter en temps réel aux réponses des patients. Elles restent donc limitées à un schéma préétabli et rigide. De plus, les gestes, la position des corps dans l'espace, la lecture des émotions sur le visage ou la reconnaissance de signaux sociaux non explicites leur sont en général impossibles, et tout cela constitue des pertes importantes dans la relation patient-soignant, qui est aussi une part importante du soin.

Enfin, en stockant les réponses et données des patients qui interagissent avec des machines, ces informations sont toujours susceptibles d'être volées. En Finlande, par exemple, le Centre de psychothérapie Vastano, présent dans 300 villes dans tout le pays, a été victime d’un piratage sans précédent. Les victimes réfléchissent maintenant deux fois avant de confier leurs données et problèmes psychologiques à des machines.

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