Qui sont les anti-masques ? Un portrait de la Fondation Jean Jaurès

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FranceSoir
Publié le 11 septembre 2020 - 11:27
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Des usagers portent des masques de protection dans le métro, le 11 mai 2020 à Paris, au premier jour du déconfinement en France
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© GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
Les anti-masques défendent d'abord l'inutilité de cet équipement
© GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
En s’immergeant dans les groupes Facebook anti-masques, la Fondation politique a voulu dresser le « profil type » du militant anti-masque, avec des conclusions surprenantes. 
 
Partons donc du principe que la France est purement et simplement coupée en deux entre « pro-masques » et « anti-masques » (pourquoi faire compliqué ?), que les deux camps se regardent en chien de faïence, quand il ne se bouffent pas carrément le nez. Le décor est ainsi planté par la Fondation Jean Jaurès :
 
« Si 64% des citoyens souhaitent bel et bien que le port du masque soit obligatoire même dans les lieux publics ouverts, il n’en demeure pas moins qu’une riposte des anti-masques s’organise »
 
Un millier de personnes ont répondu à un questionnaire de la Fondation diffusé en ligne et en août, et lui permettent de fournir « un très bon aperçu du profil des individus qui se mobilisent en ligne pour faire entendre leur voix ».
 
Les CSP+ les mieux représentés
 
Même si elles arrivent vers la fin de l’étude, les données socio-démographiques sur les anti-masques sont presque les plus intéressantes, puisqu’elles vont à l’encontre des idées reçues.
 
Les anti-masques, donc,  sont majoritairement (63%) des femmes, ont une moyenne d’âge de 50 ans et font partie des « catégories sociales supérieures ». Les cadres et professions intellectuelles supérieures représentent 36% des anti-masques – et 18% de la population générale. 24% font partie des professions intermédiaires tandis que le chiffre tombe à 7% chez les ouvriers.
 
De l’inutilité à l’asservissement
 
L’étude de la Fondation Jean Jaurès met en exergue quatre raisons qui justifieraient le non port du masque, à savoir son inutilité, sa dangerosité (tant pour l’oxygénation que pour les bactéries qu’il contient), mais aussi des doutes sur l’existence même de l’épidémie et finalement l’utilisation du masque comme un moyen d’asservir la population. 
 
Si l’on prend l’exemple de « l’inutilité », l’étude (ou les répondants ?) ne fait pas le distinguo entre espaces clos et extérieurs. 
 
Pour la Fondation, le « terreau de la contestation » tient d’abord dans une défiance envers les institutions et les politiques. Ainsi 6% des anti-masques déclarent avoir confiance dans l’institution présidentielle, et le taux tombe à 2% quand il s’agit d’Emmanuel Macron.
 
Cette défiance concerne également les partis politiques (2%) et les syndicats (10%), tandis que 53% des anti-masques déclarent avoir confiance en l’hôpital.
 
« Ce sont clairement les franges les plus défiantes de la population qui manifestent leur refus de porter le masque, parce que justement elles n’ont plus confiance dans la parole institutionnelle »
 
La Fondation Jean Jaurès relève néanmoins que le niveau de défiance est également extrêmement important dans la population générale. 34% des Français déclarent par exemple avoir confiance dans l’institution présidentielle, 13% dans les partis politiques. 
 
« Alors que les mesures d’exception qui sont prises nécessiteraient une large approbation des citoyens, elles suscitent au contraire la méfiance, le scepticisme »
 
Populisme, complotisme, etc. 
 
Mais revenons-en aux anti-masques. La Fondation accorde un chapitre à leur rejet des élites et à leur « adhésion aux théories populistes », relevant que sur l’échelle d’Ackkerman leurs résultats sont en moyenne de 12 points supérieurs à la moyenne nationale. 
 
Cette échelle comporte six affirmations pour jauger le niveaux de populisme, par exemple « les responsables politiques doivent suivre la volonté du peuple » ou « je préfère être représenté par un citoyen ordinaire que par un politique professionnel ». 
 
Hors anti-masques, notons tout de même que sur l’ensemble de la population française, seule une question ne franchit pas le seuil des 50% : « en politique, lorsqu’on parle de compromis c’est qu’on renonce en réalité à ses principes ». 
 
A la défiance et au populisme, la Fondation Jean Jaurès ajoute la dimension libertaire, c’est-à-dire le libéralisme économique et moral pour expliquer le rejet du masque – et la forte présence des CSP+. Mais ce n’est pas tout puisque les anti-masques présents sur les groupes Facebook adhèrent aussi, toujours selon le think tank aux théories complotistes. 
 
90% d’entre eux pensent ainsi que « le ministère de la Santé est de mèche avec l’industrie pharmaceutique pour cacher au grand public la réalité sur la nocivité des vaccins ». Les chiffres sont beaucoup plus mitigés lorsque les questions sont posées sur la mort de Lady Di ou les illuminatis.
 
Les infos télé ? Non merci ! 
 
Un autre chapitre de l’étude apporte un éclairage intéressant sur le rapport des anti-masques à l’information et aux médias. Ainsi, seulement 14% des répondants déclarent avoir confiance dans les informations des journaux papiers et… 2% dans celles de la télévision. Sur ces dernières, le niveau de confiance général ne dépasse pas 29%. 
 
Mais même si les Français déclarent donc très majoritairement ne pas avoir confiance dans les informations télévisées, ils sont tout de même 47% à s’informer prioritairement via le petit écran. 
 
La tendance est inversée chez les anti-masques pour qui l’information provient d’abord d’internet, précisément pour 78% d’entre eux (contre 28% en population générale). 51% déclarent par ailleurs avoir confiance dans les informations présentes sur les réseaux sociaux, ce qui fait dire à la Fondation Jean Jaurès :
 
« Les réseaux sociaux et en particulier les groupes Facebook fonctionnent comme des espaces clos, des sortes de bulles cognitives où les arguments adverses n’ont plus place et n’ont plus prise »
Retrouvez l’étude complète ici
 

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