Le comité scientifique se détache-t-il du gouvernement ? Les derniers messages le laissent penser
ANALYSE : Le 9 septembre le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy déclarait :
« Face au rebond de l'épidémie, le gouvernement sera obligé de prendre des décisions difficiles ».
Ceci lui valait hier un recadrage d'Emmanuel Macron :
"Chacun doit rester à sa place, c'est aux dirigeants démocratiquement élus de prendre des décisions".
Quelle interprétation ?
La plupart des observateurs auront commentés cela, eu égard à l’augmentation récente du nombre de tests PCR positifs ainsi qu’une légère remontée des hospitalisations. Cette dernière peut être causée par de multiples facteurs, comme la saisonnalité, puisque nous rentrons dans une phase où les virus saisonniers reviennent. Cette remontée a été rapidement reliée à la crise sanitaire du Covid que traverse notre pays aux conséquences humaines, sociales et économiques importantes.
Loin de rassurer, la communication actuelle aux tonalités anxiogènes, va jusqu’à faire douter certains citoyens dans leur jugement propre. Et si la seconde vague arrivait ? On pourrait aisément arriver à le croire car arrivera sûrement une autre vague de virus. Mais est-ce que cela sera la même maladie, une variante, un mutant du virus ? Ou tout simplement la grippe qui revient, ayant dans cette dernière année fait moins de 100 morts selon Santé Publique France, alors qu’elle en avait fait 15 000 l’année précédente ?
La déclaration du président du conseil scientifique ce 11 septembre représente un aveu monumental « je regrette de n'avoir pas poussé pour le confinement quelques jours avant ». Ceci est encore une critique du gouvernement qui voulait le premier tour des élections municipales. Le décryptage est assez simple, en faisant le 1er tour des municipales et en confinant 3 jours après sans aucune stratégie claire de tests, de localisation et d’isolation, on a créé un réservoir de dormant contaminants.
Au déconfinement, les derniers contaminés de la chaine sont donc sortis contaminants, sans que l’on ne connaisse leur localisation puisque l’on n’avait pas d’outil de test ! Dans les faits, ils étaient dispersés partout dans quelques familles, chez quelques soignants, commerçants ou entreprises. Pendant les mois de juin et juillet, la contamination serait donc repartie sous les radars et tout d’un coup lorsque les tests sont enfin disponibles, la contamination atteint un niveau important. Cependant on ne sait toujours pas bien tester (seuil de cycle trop sensible par rapport à des pays comme l’Allemagne), ni où tester. En bref on peut en conclure des propos de Delfraissy qu' « On a créé nous-même la seconde vague mi-mars »
A-t-on raison d’avoir peur ? Bien moins qu’on ne le pense nous disent les Docteurs Christian Perronne, Jean-François Toussaint, Laurent Toubiana ou même le professeur Raoult. Plus qu’on ne le croit si l’on écoute le président de la République ou le ministre de la Santé. Ce que cachent les informations sur la seconde vague pourrait bien être un mal qui nous ronge depuis le début de cette pandémie : la guerre de l’information ou plutôt de la désinformation.
Les médecins qui s’opposent depuis le début sur l’efficacité de l’hydroxychloroquine semblent d’accord sur les tests
Revenons sur la position du conseil Scientifique et des déclarations de certains de ses membres dont le Pr Yazdanpanah, un infectiologue. Ce dernier est un fervent opposant de l’hydroxychloroquine et supporteur du remdesivir, le seul médicament ayant été approuvé par l’agence européenne du médicament.
Pourtant, depuis peu il semble partager l’avis du professeur Raoult sur les tests : les tests PCR avec trop de cycles (la mesure du nombre seuil de cycles est le CT : cycle threshold) mesurent une présence de virus élévé où l’on retrouve juste quelques cellules avec de restes d’ARN viral. Dit autrement, lorsque le nombre de cycles utilisés pour les tests PCR est trop élevé, on diagnostique comme « positifs » des cas qui sont dans les faits des patients non contagieux.
Finalement le Pr Yazdanpanah. se retrouve sur un chiffre avec le Professeur Raoult : un CT de 30 à 35 serait plus fiable pour estimer les patients vraiment contagieux. Notons que la Belgique et l’Allemagne ont, elles, décidé, un CT à 24).
Le conseil scientifique au travers du Pr Yazdanpanah a-t-il réalisé qu'avec la campagne de tests massifs, on identifie des patients positifs, certes, mais non contaminants ? Le conseil scientifique devant faire des recommandations au gouvernement sur la base des informations scientifiques, l'éxecutif devant prendre les mesures nécessaires pour la protection des citoyens. Ils se retrouveraient donc dans une impasse puisqu’il serait difficile d’expliquer avec rationalité les décisions hyper précautionneuses récentes du gouvernement.
Pour plus de précision, en considérant d’un côté des cas positifs non contagieux et d’un autre un virus moins virulent, les décisions ne sont donc prises qu’en se basant sur un nombre de cas. Le « cas » est ici identifié comme le nombre de positifs, alors que pour les médecins, un cas est une personne positive et symptomatique, c’est-à-dire malade). Or aujourd'hui nous avons 25 décès par jour, dont personne ne sait avec certitude si ces patients sont morts à cause du virus ou en étant juste porteurs du virus, qui pourrait entrainer une reclassification de la cause de mortalité.
Les tests sont véritablement un sujet complexe comme nous expliquait le Dr Helfer. Elle rajoutait :
« il ne faut pas tester moins, mais tester mieux car les tests PCR sont beaucoup trop sensibles et pas assez spécifiques »
Des décisions difficiles pour le gouvernement
En combinant les dires du Conseil scientifique « il va falloir que le gouvernement prenne des décisions difficiles » et l’évaluation du Pr Yazdanpanah disant « la politique de tests et isolation actuelle ne marche pas » la conclusion du conseil pourrait avoir été « on teste trop de positifs non contagieux ». On peut aussi rajouter que le conseil scientifique recommande le passage de la quarantaine de 14 à « 7 jours ».
Pas plus tard que ce matin un médecin de l’hôpital d’Aix-en-Provence a déclaré, au micro de RTL, à la question sur le « fort » rebond que connait la région PACA : « Ici à l’hôpital d’Aix, ville de taille moyenne, on a juste 3 cas et aucun en réanimation » mais il rajoute que, sur Marseille ville de 15km2 à 5000 h/km2, « dans les quartiers Nord (dixit) il y a une contamination familiale et entreprise très forte ».
Le conseil scientifique, connaissant la prudence et la formulation diplomatique de rigueur, adresse-t-il un message au gouvernement qui se décompose en deux parties ?
Avec en premier lieu « attention la stratégie actuelle de tests n’est pas la bonne » et en second lieu, « décider c’est bien » cependant « il faut veiller à faire appliquer les décisions ».
Pour la région de Marseille, serait-ce donc « allez faire appliquer la décision dans les quartiers Nord», « c’est votre rôle politique ». Et cela s’apparente bien à la définition de clusters, le virus se développe là où les gens n’ont pas tendance à appliquer les décisions du gouvernement et où les cas importés sont nombreux.
Cependant se concentrer sur la région de Marseille est une sacrée boite de Pandore et politiquement parlant le gouvernement a plus à perdre qu’à gagner. L’IHU Méditerranée pourra toujours déclarer qu’ "il n’a qu’un seul décès depuis un mois, qu’il traite les patients qui viennent et que si le gouvernement ne fait pas appliquer ses décisions dans les quartiers Nord, ce n’est pas nouveau."
La décision sur la gestion de la crise dans les quartiers sensibles de Marseille (ou les autres zones de clusters avec tension) pourrait donc être ce qui se cache derrière la déclaration du conseil scientifique.
Faire l’hypothèse d’un reconfinement alors qu’aujourd’hui, on a les tests, que l’on connait mieux la maladie, que les patients positifs sont moins contagieux et que le virus est moins virulent, n’est en rien une démarche scientifique, mais s‘apparenterait plutôt à une démarche politique pour masquer les défaillances de l’Etat dans les choix l’application et la régulation des mesures sanitaires y compris dans les zones dites «sensibles».
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