Quand l'Allemagne paie au prix fort son virage énergétique

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AFP
Publié le 20 décembre 2024 - 12:12
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Un ciel plombé faisant caler éoliennes et panneaux solaires, le prix de l'énergie qui crève les plafonds ... Deux "pannes" d'électricité verte en Allemagne ont mis en évidence le casse-tête du virage énergétique dans la première économie d'Europe. 

La question a fait irruption dans la campagne électorale pour les législatives du 23 février, le leader de l'opposition conservatrice attaquant Olaf Scholz cette semaine devant les députés. 

"Votre politique énergétique fait grincer des dents l'ensemble de l'Union européenne, qui est aujourd'hui très en colère contre l'Allemagne", a tonné Friedrich Merz, favori pour succéder au dirigeant social-démocrate à la chancellerie. 

Le ministre de l'Economie, l'écologiste Robert Habeck a riposté en dénonçant l'héritage des seize années où les conservateurs ont dirigé le pays, sous Angela Merkel, "aveugles" aux défis énergétiques qui s'annonçaient. 

A l'origine de cette passe d'arme : un prix de l'électricité stupéfiant enregistré à deux reprises en novembre puis en décembre, pendant quelques heures. Le 12 décembre, en fin de journée, il a atteint un record historique de 936 euros par mégawattheure, soit douze fois la moyenne des dernières semaines. 

La faute à un épisode hivernal sans vent -ni soleil- qui a mis à l'arrêt les parcs éoliens et photovoltaïques du pays. 

- Fluctuations - 

Certaines entreprises énergivores, qui achètent sur le marché en temps réel, ont témoigné avoir dû limiter ou arrêter momentanément leur production. 

Pendant cette courte panne, l'Allemagne a acheté quantité d'électricité à la Bourse de Leipzig (est), qui joue un rôle clé dans la formation des prix de l'énergie en Europe, faisant s'envoler la facture de certains de ses voisins, comme la Suède. 

La plupart des particuliers et de nombreuses entreprises ont cependant des tarifs fixes, qui les préservent de ces fluctuations. Et la situation est rapidement revenue à la normale avec le redémarrage de la production de renouvelables. 

Face à la polémique, le gouvernement a rappelé une évidence : "Il y a des phases où il y a beaucoup de soleil, beaucoup de vent, où l'électricité est produite à un coût très bas en Allemagne, qui l'exporte dans les pays voisins, et puis il y a des phases où c'est l'inverse". 

Mais la troisième économie mondiale, déjà en perte de compétitivité, ne peut se permettre de dépendre des fluctuations de prix et de volumes d'électricité produits, insistent les experts. 

En ligne avec les objectifs, les renouvelables ne cessent de progresser ayant représenté en moyenne 60% de la production d'électricité en Allemagne depuis le début de l'année. 

Parallèlement, les sources traditionnelles d'énergie diminuent : les centrales à charbon ferment progressivement, et les trois derniers réacteurs nucléaires ont été déconnectés en avril. 

- Inertie - 

Pour pallier l'intermittence du solaire et l'éolien, il faut donc multiplier les capacités de stockage des renouvelables et conserver un deuxième parc de production, de centrales au gaz convertissables à l'hydrogène, pour prendre le relais quand c'est nécessaire. 

Autant de chantiers qui n'avancent pas assez vite. 

"Si l'État établit les bons cadres réglementaires, alors les investissements dans le stockage d'énergie et la flexibilité de la demande permettront de prévenir les pénuries", explique à l'AFP Georg Zachmann, spécialiste des questions d'énergies pour le cercle de réflexion bruxellois Bruegel. 

Mais "il y a une grosse crainte que le cadre ne suffise pas à développer rapidement" les infrastructures nécessaires, souligne l'expert. 

De nombreux obstacles, notamment bureaucratiques, demeurent pour le déploiement d'énergies vertes : "il faut en moyenne sept ans pour construire une éolienne, mais seulement sept mois pour construire un terminal de gaz naturel liquéfié. Cela devrait être l'inverse", souligne Claudia Kemfert, experte en énergie à l'institut DIW, auprès de l'AFP. 

La chute de la coalition d'Olaf Scholz, qui va conduire à la formation d'un nouveau gouvernement après les élections de février, vient d'entraîner l'abandon d'un projet de loi clé pour bâtir un parc de centrales à gaz afin de remplacer le charbon. 

Les milieux industriels tirent la sonnette d'alarme : Markus Krebber, patron de RWE, principal producteur allemand d'électricité du pays, voit un système qui a atteint "ses limites". 

Les "pannes vertes" du début d'hiver n'auraient, selon lui, "pas été gérables un autre jour avec une charge de pointe plus élevée. Par exemple en janvier". 

 

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