De Jean-Pierre Chevènement au "Mozart de la dette", en passant par Philippe de Villiers ...
C'est un "papier", comme on dit dans le monde de la presse, un peu particulier que je propose aux lectrices et aux lecteurs de France Soir. En quelque sorte, une lecture commentée du Figaro et de son Magazine du week-end précédant Noël.
A QUOI BON AVOIR UNE CONSTITUTION ?
C'est la question posée par Jean-Pierre Chevènement, l'homme du demeuré célèbre : "Un ministre, ça ferme sa gueule ; si ça veut l'ouvrir, ça démissionne". Pas faux au demeurant, même si force est de reconnaître que les ministres qui ont le courage de préférer leurs convictions à leur maroquin ministériel, voire leur portefeuille personnel, ne sont pas légion.
Créateur de la Fondation Res Publica, Jean-Pierre Chevènement est interrogé sur "le gouvernement des juges et le devenir de nos institutions".
Sa réponse est formelle : "En tant que républicain, on ne peut pas approuver tout ce qui remet en cause la suprématie de la loi". Et, face aux dérives des juridictions nationales ou européennes, il dénonce "un mécanisme pervers qui sape le contenu même de la démocratie".
Commentant la désignation du 4ème Premier ministre de l'année 2024 (Macron bat tous les mauvais records !), le fondateur de Res Publica indique que "personne ne peut souhaiter l'échec de François Bayrou", puis se déclare "particulièrement surpris d'entendre que l'Elysée, le gouvernement et le Parlement seraient prêts à se lier les mains et à mettre en congé des outils aussi essentiels que le 49.3, la censure et la dissolution". Et de conclure : "A quoi bon alors avoir une Constitution ? On confond la stabilité des institutions et la paralysie de principe, comme si celle-ci était à la hauteur des défis vertigineux qui pèsent sur le pays".
Il me semblait avoir entendu, à la radio, que le président de la République avait fait part de son intention de renoncer au droit de dissolution d'ici la fin de son mandat, sur le papier au printemps 2027. N'ayant pas retrouvé de déclaration précise de l'intéressé, je m'étais interdit d'évoquer le sujet. Si M. Chevènement en parle, c'est donc que ce n'était pas faux. Que le titulaire de la charge suprême ne veuille pas dissoudre une autre fois l'Assemblée nationale, s'étant brûlé les mains la première fois, on peut le comprendre. Mais de là à laisser répandre dans l'opinion cette idée d'un abandon d'une prérogative essentielle du président de la République, c'est évidemment une autre affaire.
BAYROU : "UNE REDIFFUSION"
Dans "Le Figaro Magazine", Philippe de Villiers est interrogé au sujet du Premier ministre béarnais qui a arraché sa nomination des mains du président de la République. Que voulez-vous ? Depuis le temps qu'il attendait, son tour était enfin venu ...
Philippe de Villiers observe d'abord qu'"Emmanuel Macron a compris que nous avions changé de République. Nous sommes passés de ce que Michel Debré appelait le "parlementarisme rationalisé", qui veille à l'autonomie de l'exécutif par rapport au législatif, à la parlementarisation du pouvoir, qui privilégie le compromis, pour ne pas dire la compromission". Ainsi parlait Raymond Barre à propos de la cohabitation, qui a été à la fin des années 1980 un précédent fâcheux et un premier détournement de l'esprit de la Vème République, un président de la République désavoué par le suffrage universel demeurant en fonction.
Le Vendéen n'est pas tendre avec son ancien compagnon de route de l'UDF : "François Bayrou à Matignon, ce n'est pas une projection vers l'avenir, c'est une rediffusion. C'est un homme de la IVème République égaré dans la Vème. Il y a un symptôme qui ne trompe pas : son grand combat, c'est la proportionnelle, redonner le pouvoir au parti au singulier et aux partis au pluriel. C'est une kleptocratie, le dernier clou sur le cercueil de la Vème République".
Et de conclure : "L'important n'est pas de savoir s'il va durer mais s'il va assurer la survie biologique, culturelle et économique de notre pays en perdition".
Rendez-vous pris pour les semaines à venir. Barnier à Matignon : 91 jours. Record à battre !
MACRON : LE MOZART DE LA DETTE
Le montant de la dette publique à la fin du 3ème trimestre 2024 vient d'être publié, et il donne le vertige aux Françaises et aux Français : 3 303 milliards d'euros.
Lorsqu'il est arrivé à l'Elysée dans le sillage de François Hollande, comme Secrétaire Général adjoint avant de devenir ministre de l'Economie (pas des économies !) puis président de la République, la dette publique de la France s'élevait à 1 833,8 milliards d'euros (chiffre du 4ème trimestre 2012). Au début de cette année 2024, elle était de 3 088 milliards. A 3 303 milliards désormais, la dérive des comptes publics est plus qu'inquiétante, elle est tragique.
Le "Mozart de la finance" voit ainsi son nom attaché à 1 469,2 milliards d'euros de dette publique supplémentaire. Ce n'est plus "Monsieur Tiers à l'Elysée" (France Soir, le 26 février 2024), mais Monsieur 44 % de la dette française. Encore un effort, monsieur le Président, et vous atteindrez la barre des 50 %.
Avec un pareil bilan, beaucoup la joueraient modeste, comme on dit dans les conversations de la France d'en bas. Mais, pour l'hôte de l'Elysée, ce n'est pas vraiment le genre de la maison ...
Les Françaises et les Français n'ont pas tort de s'inquiéter de cette situation. Parce que, si avant le passage à l'euro, le pouvoir politique pouvait céder à la facilité et se donner un peu d'oxygène - même temporaire - en dévaluant le franc, aujourd'hui la seule dévaluation possible, c'est la diminution des prestations versées aux Français ou la hausse des impôts, nos gouvernants littéralement drogués à la dépense publique étant incapables de la diminuer.
Sur ce sujet, pourtant de la plus haute importance pour l'avenir du peuple français et la souveraineté de la France, le champion de la dette n'est guère bavard.
Alain Tranchant
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