Gaza : plus de 45 000 morts depuis le début de la guerre, l’espoir du Hamas, de Tel Aviv et de Washington quant à un cessez-le-feu
S’approche-t-on (enfin) d’une trêve à Gaza ? Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, dit “avoir bon espoir”, insistant sur la nécessité que “cela réussisse”. Le Hamas qualifie de “possible” un cessez-le-feu et un échange de prisonniers “si l’occupation cesse d’imposer de nouvelles conditions”. Tel Aviv souligne “n’avoir jamais été proche” d’un accord depuis la trêve de novembre 2023. Pendant ce temps, l’enclave palestinienne est toujours la cible de bombardements et de tirs de chars. Le seuil de 45 000 morts depuis le 07 octobre 2023 a été dépassé selon les autorités de Gaza et d’après Amnesty International, une autre ONG accuse Tel Aviv de “génocide” et de “crimes d’extermination”.
Au moins 40 personnes ont été tuées dimanche dernier dans plusieurs frappes israéliennes à travers différentes villes de la bande de Gaza. Un journaliste, caméraman d’Al Jazeera, Ahmed al-Louh, a été tué dans un bombardement sur le camp de réfugiés de Nuseirat (partie centrale de l’enclave, NDLR). Trois secouristes ont également été tués tandis que quatre autres personnes ont succombé à une frappe qui a visé une maison du centre de Gaza-Ville.
Plus de 45 000 morts en 14 mois
La Défense civile a également fait état mercredi d’au moins 12 Palestiniens tués par des raids israéliens, pendant les pourparlers entre le Hamas et Israël pour une trêve. Cette fois-ci, c’est le nord de Gaza, théâtre d’une intense opération terrestre et de bombardements depuis début octobre dernier, qui a été visé. La Défense civile fait état de 10 personnes tuées à l’aube du mercredi à Beit Lahia ainsi qu’un enfant à Jabalia (nord).
Le gouvernement du Hamas a annoncé que le seuil de 45 000 morts a été franchi au cours de ces 14 derniers mois de guerre. Mercredi, le bilan du ministère gazaoui de la Santé faisait état de 45 097 morts, dont 38 au moins enregistrés entre mardi et mercredi, et près de 300 décès en une semaine. Le nombre de blessés avoisine les 107 244, ajoute la même source.
Après Amnesty International début décembre, une autre ONG accuse encore Israël de “crime d’extermination et d’actes de génocide à Gaza. C’est Human Rights Watch qui revient à la charge en affirmant que “les autorités israéliennes ont délibérément créé des conditions de vie visant à causer la destruction d’une partie de la population de Gaza, en privant intentionnellement les civils palestiniens de l’enclave à un accès adéquat à l’eau, ce qui a probablement causé des milliers de morts”.
Les autorités israéliennes sont alors “responsables du crime contre l’humanité d’extermination, et d’actes de génocide”, en se référant aussi bien à la “ligne de conduite” de Tel Aviv qu’à certaines déclarations des responsables israéliens.
En France, une plainte pour "crimes de guerre, crimes contre l’humanité, génocide, torture et complicité de ces crimes" a été déposée contre un soldat franco-israélien, Yoel O., avec "constitution de partie civile auprès du Pôle crimes contre l’humanité du Tribunal judiciaire de Paris". Parmi les plaignants figurent la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) ainsi que les organisations "Al-Haq", "Al Mezan", "Palestinian Centre for Human Rights" (PCHR) et la Ligue des droits de l’Homme (LDH).
Les plaignants disent se baser sur des séquences vidéo montrant "des détenus palestiniens vêtus de combinaisons blanches, les mains attachées et les yeux bandés, faisant l’objet d’injures en français", précise le texte, avant de souligner qu'"au moins l’un des détenus présente des signes visibles de tortures".
Tsahal a par ailleurs annoncé mardi la mort de deux de ses soldats dans le sud de la bande de Gaza. Seul le nom du commandant Moshiko Maxim Rozenwald, 35 ans, membre d'une unité de génie de combat, a été cité par le communiqué, qui évoque “un autre soldat”. Les deux sont morts lors d’un "incident".
Jeudi, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, qui achevait un 12e voyage au Moyen-Orient, a déclaré que le Hamas est plus enclin à des négociations en raison de l'affaiblissement relatif de l'Iran, particulièrement après la chute du régime de Bachar El-Assad. "J'ai bon espoir. Il le faut. Nous allons utiliser chaque minute de chaque jour de chaque semaine qu'il nous reste pour essayer de faire avancer les choses", a-t-il déclaré, en référence à son départ le 20 janvier lors de l’investiture du président élu, Donald Trump, qui a exprimé un soutien sans faille à Tel Aviv.
Les discussions sont “sérieuses et positives”
Antony Blinken a refusé de donner des probabilités. “Il faut que cela réussisse. Il faut que les gens rentrent chez eux", a-t-il dit. Il estime aussi qu’il n'était pas dans l'intérêt d'Israël de rester indéfiniment à Gaza, car "ils devront faire face à une insurrection pendant des années. Ce n'est pas dans leur intérêt. Gaza doit donc se traduire par quelque chose de différent qui garantisse que le Hamas ne soit pas au pouvoir, qu'Israël n'ait pas à l'être et qu'il y ait quelque chose de cohérent qui arrive ensuite", a-t-il estimé.
Le mouvement Hamas a déclaré mardi que les discussions menées au Qatar étaient “sérieuses et positives”. “Le Hamas affirme que, à la lumière des discussions sérieuses et positives qui ont lieu aujourd’hui à Doha sous les auspices de nos frères qataris et égyptiens, il est possible de parvenir à un accord pour un cessez-le-feu et un échange de prisonniers [otages retenus à Gaza et détenus palestiniens en Israël] si l’occupation cesse d’imposer de nouvelles conditions”, a-t-on affirmé.
Les Israéliens, par la voix du ministre de la Défense, Israel Katz, affirment n’avoir “jamais été aussi proches d’un accord” pour la libération d’otages retenus dans l’enclave palestinienne depuis la trêve de novembre 2023.
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