Le Maire vs. Sénateurs : un remboursement des médicaments selon les revenus qui divise
La matinale de RTL accueillait ce mardi 26 mars le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire et devient le siège d’indignations venues des sénateurs. Le ministre annonce en effet être « ouvert » à l’idée d’un remboursement des soins médicaux échelonnés selon les revenus. Il affirme alors à brûle pourpoint que « ça ne peut plus être open bar », avant de corriger sa déclaration quelques heures plus tard sur les conseils de son entourage. Malgré cette correction, les sénateurs restent sur leurs gardes et dénoncent « une atteinte à un principe fondateur de la Sécurité sociale ». Ceci donnerait lieu à « une médecine à deux vitesses » qui ne serait pas souhaitable.
C’est une des solutions trouvées par le président de Bercy afin d’amortir la dette publique. Après l’annonce de l’augmentation de la dette publique à 5,5% du PIB pour 2023, et non 4,9% comme annoncé par le gouvernement, il est venu l’heure de trouver le remède. Le ministre envisage de passer sous la barre des 3% pour 2027. Alors, il se dit « ouvert à tous les débats » pourvu que cela ne demande pas d’augmenter les impôts, qu’il signale comme n’étant pas son désir. Une porte se ferme cependant, celui-ci estimant que « tout ne doit pas reposer sur les dépenses de l’Etat ». Une dépense lui apparaît alors raisonnable à traiter : la santé.
Parce qu’il s’agit d’un « principe de responsabilité, de choix dans la dépense publique », « La personne qui est en bonne santé, qui consomme beaucoup de médicaments et qui fait beaucoup d’analyses médicales doit sans doute contribuer davantage ». Il estime que « C’est une façon de dire que le médicament, ça ne peut pas être open bar. Vous voyez tous les médicaments que vous accumulez dans votre pharmacie, ça a un coût, c’est vous qui payez, c’est le contribuable qui paye ». À ce titre, il rappelle par ailleurs les économies qu’a permis le doublement de la franchise médicale, passant de 50 centimes à un euro. En effet, l’Etat a ainsi pu économiser un milliard d’euros.
Les critiques face à cette annonce ne tardent pas à pleuvoir, notamment de la part de Pierre Moscovici, le président de la Cour des comptes, qui regrette au micro de France Inter ce « dérapage important » et « très, très rare ». La correction se fait assez vite dans la journée, l’entourage du ministre précisant qu’il y a eu une « incompréhension » et qu’il « avait en tête des franchises des médicaments, pas le prix des médicaments ». Mais ils ne parviennent pas à convaincre, l’idée est lancée.
La gauche comme la droite réagissent à l’unisson pour s’opposer à cette mesure, qui signerait selon le sénateur et médecin généraliste Bernard Jomier la « disparition de la sécurité sociale ». Il critique par ailleurs cette « idéologie de la contraction des dépenses ». Le sénateur ajoute que « le gouvernement ne peut pas continuer à couper les dépenses sans débat de fond, en bricolant avec des mesures qui visent à accréditer l’idée que notre système social est très coûteux ». Au contraire, il préconise une hausse des cotisations en augmentant « la contribution en fonction des moyens ».
Avec un système de santé dégradé tandis que les dépenses dans la santé ne cessent d’augmenter, passant de 200 à 250 milliards entre 2017 et 2024, le gouvernement semble peiner à trouver une gestion équilibrée de la Sécurité sociale.
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