Début de périlleuses auditions au Sénat américain pour les ministres de Trump
Les premières auditions de confirmation des membres du gouvernement de Donald Trump commencent mardi au Sénat américain, une procédure qui s'étalera sur plusieurs semaines et s'annonce semée d'embûches pour certains nommés au profil controversé, comme Pete Hegseth, choisi pour diriger le Pentagone.
Aux Etats-Unis, la Constitution exige que les nominations de ministres et d'autres hauts responsables soient confirmées par un vote au Sénat, après une audition au sein de la commission compétente pour le poste en question.
Ces auditions surviennent en pleine polémique après la publication dans la nuit de lundi à mardi du procureur spécial Jack Smith affirmant que le président élu des Etats-Unis aurait été condamné pour sa tentative présumée de renverser le résultat de la présidentielle américaine en 2020 s'il n'avait pas été réélu quatre ans plus tard. M. Trump a rapidement réagi en qualifiant le procureur de "dérangé" dans un message virulent sur sa plateforme Truth Social.
Au Sénat, c'est Pete Hegseth, ancien major âgé de 44 ans, qui ouvrira le bal des auditions en passant sur le gril de la commission des forces armées à partir de 09H30 (14H30 GMT), devant laquelle il devrait subir un tir nourri de la part des élus démocrates.
L'annonce de la nomination de ce présentateur de Fox News comme ministre de la Défense a entraîné une levée de boucliers dans l'opposition. Son manque d'expérience pour diriger l'armée la plus puissante du monde a été avancé, mais aussi certaines déclarations controversées, comme son opposition à la présence de femmes dans les troupes combattantes.
Une accusation d'agression sexuelle datant de 2017 en Californie a également émergé en novembre. Aucune plainte n'avait été déposée à l'époque et l'ancien militaire dément toute relation non consentie.
- Un "gagnant" -
Pete Hegseth est aussi soupçonné d'avoir une consommation d'alcool régulièrement excessive.
La sénatrice démocrate Elizabeth Warren, membre de la commission des forces armées, a décrié la semaine dernière "un gars qui s'est retrouvé tellement bourré à des événements professionnels qu'il a eu besoin à plusieurs reprises d'être porté à l'extérieur".
"Est-ce que l'on peut vraiment compter sur le fait d'appeler Hegseth à deux heures du matin pour prendre des décisions de vie ou de mort concernant la sécurité nationale? Non", a-t-elle asséné.
Le chef de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, s'est également interrogé lundi: "Est-ce que quelqu'un avec le passif présumé de Pete Hegseth est vraiment le genre de personne que nous voulons à la barre dans une situation très importante et dangereuse?"
"Est-ce vraiment dans les meilleurs intérêts de la sécurité américaine?", a-t-il enchéri.
Pete Hegseth a déclaré vouloir réformer le Pentagone de fond en comble, devenu trop "woke" selon lui, notamment en limogeant certains généraux et en interdisant de nouveau aux personnes transgenres de s'enrôler sous les drapeaux.
Malgré les polémiques, Donald Trump avait déclaré début décembre maintenir son choix et assuré que l'ancien présentateur de Fox News était un "gagnant".
- Establishment -
Le futur président américain a déjà dû faire face au retrait forcé de Matt Gaetz, son choix initial pour le ministère de la Justice, face à l'opposition de nombreux sénateurs jusque dans le camp conservateur.
Alors que pour son premier mandat Donald Trump s'était largement reposé sur l'establishment républicain pour nommer des hommes et femmes d'expérience à des postes-clés, le président élu a cette fois-ci surtout choisi des fidèles et des soutiens financiers.
Après Pete Hegseth, les auditions continueront au Sénat dans les jours et semaines à venir.
Kristi Noem, désignée par Donald Trump au ministère de la Sécurité intérieure, est attendue mercredi matin, tout comme Pam Bondi, à la Justice, et Marco Rubio, désigné prochain chef de la diplomatie américaine.
D'autres nominations controversées, telles celles de Robert F. Kennedy Jr à la Santé et Kash Patel au FBI, ne sont pas attendues avant février.
La dernière fois que le Sénat américain a rejeté la nomination d'un membre du gouvernement remonte à 1989. A l'époque, George Bush père avait dû renoncer à voir John Tower diriger le Pentagone, en raison d'accusations de problèmes avec l'alcool et de comportement inapproprié avec les femmes.
Mais à la différence de George Bush, Donald Trump dispose cette fois de la majorité au Sénat. Le rejet d'une nomination représenterait donc un coup de tonnerre et un camouflet pour le républicain.
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