Elon Musk critique (encore) Thierry Breton “qui joue au tyran de l’Europe”
Est-ce reparti pour un tour ? Environ six mois après la fin de la dernière passe d’armes, les hostilités entre le patron de X (anciennement Twitter), Elon Musk, et l’ex-commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton, sont relancées. La déclaration de l’ancien ministre français de l’Économie sur BFMTV à propos de potentielles ingérences dans les élections en Europe et l’application de la loi numérique a suscité la réaction du milliardaire américain. Elon Musk a qualifié Thierry Breton de “tyran de l’Europe”, sous-entendant qu’il était un clown.
Les interventions du PDG de Tesla et de SpaceX à propos des élections allemandes continuent de provoquer des réactions chez les dirigeants européens. Elon Musk a exprimé son soutien pour l’AfD à l’occasion des prochaines élections législatives en Allemagne et a pris part à un entretien d’une heure et quart avec la candidate de ce parti, Alice Weidel. La semaine dernière encore, le président Emmanuel Macron, sans le citer nommément, lui reprochait de soutenir "une nouvelle internationale réactionnaire". Le chef de la diplomatie Jean-Noël Barrot exhortait même la CE à réagir avec “la plus grande fermeté”. Même son de cloche chez les Allemands, Olaf Scholz à leur tête, ou encore le Royaume-Uni.
“On l’a fait en Roumanie”
Mais pour Thierry Breton, "M. Musk”, qui n’est pas encore ministre, “dit ce qu’il veut". "C’est le premier amendement américain, c’est quelque chose qui est sanctuarisé par la Cour européenne des droits de l’homme", avait-il déjà déclaré la semaine dernière. Pourtant, en décembre, il déclarait le contraire, en faisant remarquer que “le plus grand influenceur mondial sur X et membre potentiel de l'administration américaine, soutient ouvertement le parti d'extrême droite AfD. Ce n'est pas la définition même de l'ingérence étrangère ?”, s’était-il interrogé.
Ce à quoi l’homme d’affaires avait répondu : “Mec, l’ingérence américaine est la seule raison pour laquelle vous ne parlez pas allemand ou russe aujourd’hui”.
Jeudi dernier, l’ex-commissaire au marché intérieur commentait encore la question sur le plateau de BFMTV/RMC. “Gardons notre sang froid et faisons appliquer nos lois en Europe lorsque celles-ci risquent d’être circonvenues (…). On l’a fait en Roumanie et il faudra évidemment le faire si c’est nécessaire en Allemagne”, a-t-il déclaré.
Pour rappel, la Cour constitutionnelle avait annulé début décembre l’élection présidentielle, dont le premier tour a été remporté par le candidat Calin Georgescu, jugé “prorusse”. La justice roumaine justifiait cette décision par les “multiples irrégularités et violations de la loi électorale ayant faussé” le vote. La Commission européenne a ouvert une enquête contre la plateforme TikTok, soupçonnée d’avoir favorisé ou d’être restée passive devant une opération d’influence favorable à Georgescu.
Breton “qui joue au tyran de l’Europe”
Dans son passage à BFMTV, Thierry Breton faisait référence à cette enquête de la CE, a-t-il précisé quelques jours plus tard à France Info. Il déclarait la semaine passée que si le patron de X pouvait dire ce qu’il voulait, il n’en serait pas de même avec les algorithmes des réseaux sociaux. “S’ils ont été modifiés, alors ce qui se passe doit être puni et interdit, et la loi nous permet de le faire", avait-il ajouté.
La réaction de l'entrepreneur ne s’est pas fait attendre. En republiant un extrait du passage de Thierry Breton jeudi matin, Elon Musk qualifiait ouvertement le Français, qui multiplie les déclarations alors qu’il n’est plus au poste depuis septembre dernier, de “tyran”. “L’absurdité stupéfiante de Thierry Breton, qui joue au tyran de l’Europe”, a-t-il posté, finissant son post avec un emoji de clown.
L’ancien PDG du groupe Atos a répliqué à son tour, toujours sur X. “Tyran de l’Europe ? Ouah ! Mais non Elon Musk : l’UE n’a PAS de mécanisme pour annuler quelque élection que ce soit, où que ce soit dans l’UE”, a-t-il écrit. Du moins, pas directement, si l’on se rappelle la réaction de l’UE aux dernières élections législatives géorgiennes.
Ces échanges rappellent la passe d’armes entre les deux hommes entre la fin 2023 et la mi-2024. Étant l’un des architectes du Digital Services Act (DSA) et du Digital Markets Act (DMA), Thierry Breton était particulièrement critiqué par Elon Musk, surtout après la mise en cause de X pour plusieurs infractions présumées en juillet.
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