A Paris, des milliers de jeunes prêts à "lutter jusqu'au retrait" de la loi travail
"La précarité, c'est pas un métier", proclament les pancartes: parmi fumigènes et pétards, plusieurs milliers d'étudiants et lycéens se sont rassemblés au coeur de Paris ce mercredi 9 avant de marcher de la place de la République à celle de la Nation, aux côtés de salariés en grève.
"C'est un peu dégueulasse comme réforme", déclare Mélody, 18 ans, prête à "lutter jusqu'au retrait" du projet de loi travail, comme plusieurs milliers de jeunes descendus dans les rues de la capitale, à l'appel de syndicats et organisations de jeunesse (Unef, UNL, EELV, Front de gauche, Jeunes communistes).
"C'est pas normal qu'on fractionne nos droits au travail comme ça", dit l'étudiante en première année de licence à l'université Paris-Diderot, "scandalisée" par ce gouvernement de gauche prêt, selon elle, à prendre à la jeunesse "tous les droits légués par les anciens". Des jeunes sont bardés d'autocollants "loi El Khomri, vie pourrie". Sur les pancartes: "Loi El connerie", "Feuilleton El Khomri: plus moche la vie" ou encore "Non merci patron".
Pour Louise, 18 ans, "qu'on puisse offrir aux patrons de la flexibilité et aucune sécurité pour les salariés, c'est pas possible". Balayant les critiques sur une jeunesse instrumentalisée ou ignorante, cette étudiante en première année de formation en arts du spectacle assure avoir "lu le projet de loi" et refuse de "travailler plus pour gagner autant".
"On sera jamais de la chair à patrons", disent des manifestants, qui scandent aussi les slogans classiques comme "El Khomri, t'es foutue, la jeunesse est dans la rue".
"Ce sont les travailleurs qui apportent leur force de travail, c'est nous qui créons de la richesse, pas les patrons", explique Lucas, 21 ans, ouvreur placeur dans un théâtre parisien. "Ce qui fait mal, c'est que c'est la gauche qui est au pouvoir et promeut des valeurs de droite", insiste le jeune homme, "politisé mais pas encarté".
Il dit penser à sa mère "qui souffre d'avoir mis au pouvoir ces gens et qui constate à quel point ça ne marche pas: on n'avance pas sur le droit social, mais sur le droit patronal". "On n'est pas des bouts de viande", peste-t-il. Il se veut pour autant "optimiste": "Cette contestation va peut-être permettre de donner un coup de pied dans la fourmilière politique." "Ce qu'on veut c'est le retrait de la loi", martèle aussi Paul, 17 ans, en terminale scientifique dans un lycée parisien. "En tant que jeunes, on est déjà assez précaires et cette loi fait de nous des précaires à vie."
Dans la matinée, une centaine de lycées en France (sur quelque 2.500) ont fait l'objet d'un blocage partiel ou total, à l'appel d'organisations étudiantes. L'UNL, l'un des principaux syndicats lycéens, appelle à "poursuivre la mobilisation", à une date qui devrait être annoncée prochainement.
L'Unef, premier syndicat étudiant, a lui déjà appelé à une "nouvelle journée d'action" le jeudi 17 mars "dans toutes les universités" pour demander le retrait du projet, après une première mobilisation ce mercredi qualifiée de "succès".
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