Syrie : "preuves accablantes de crimes contre l'humanité" perpétrés par le régime

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Maxime Macé
Publié le 16 décembre 2015 - 20:48
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Opération césar crimes assad
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©Alex Wong/Getty Images North America/AFP
Les photos des crimes perpétrés par les hommes du régime d'Assad sont difficilement soutenable.
©Alex Wong/Getty Images North America/AFP
Les photos exfiltrées de Syrie et que l'ONG Human Rights Watch a vérifié et publié ce mercredi montrent le corps de milliers de prisonniers torturés dans les prisons du régime de Bachar al-Assad. Pour HRW, elles sont une preuve "accablante" de crimes contre l’humanité.

Des images à la limite du soutenable. Des dizaines de milliers de photographie prisent par un photographe militaire du régime de Bachar al-Assad, "César", aujourd'hui déserteur, qui illustrent les tortures et les violences inimaginables perpétrées par les forces de Damas contre leurs opposants.

Des corps constellés de marques de coups violents, des doigts écrasés, des yeux arrachés de leurs orbites, de centaines de cadavres suppliciés posés à même le sol dans un hangar désaffectés, voilà une partie de ce gigantesque témoignage produit par César, au péril de sa propre vie.

Pendant neuf mois, Human Rights Watch (HRW) a étudié 28.707 photographies parmi plus de 53.000 fichiers plus effroyables les uns que les autres qui viennent d'être authentifiées dans un rapport de l'ONG publié ce mercredi.

Ce dernier (intitulé Si les morts pouvaient parler: décès de masse et actes de torture dans les centres de détention en Syrie) présente de nouveaux éléments prouvant l'authenticité des photographies attribuées à César, identifie un certain nombre de victimes et met en lumière quelques-unes des principales causes de décès. HRW a localisé et interviewé "33 parents et amis de 27 victimes dont les cas ont été examinés par des chercheurs, 37 anciens détenus qui ont été témoins de décès d’autres prisonniers, ainsi que quatre transfuges du régime de Damas ayant travaillé dans des centres de détention ou les hôpitaux militaires gérés par le gouvernement syrien, où la plupart des photos ont été prises". 

Parmi les milliers de vicitimes, Ahmad al-Musalmani, 14 ans, arrêté et supplicié par les forces loyalistes en août 2012 simplement parce qu'il avait dans son téléphone portable une chanson anti-Assad. Malgré une rançon de 14.000 dollars versé par son oncle, un ancien avocat, il n'est pas ressorti vivant des geôles du régime. C'est sur les photos macabres prises par César qu'il a été identifié par sa famille.

"Nous avons méticuleusement vérifié des dizaines de récits et nous sommes certains que les photographies de César sont des preuves authentiques et accablantes de crimes contre l'humanité en Syrie", affirme Nadim Houry, vice-président de HRW pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. Et d'ajouter: "ces photographies représentent une infime partie des personnes qui sont mortes alors qu'elles étaient détenues dans les geôles syriennes. Des milliers d'autres subissent le même destin".

Lors d’une interview accordée en janvier 2015 au magazine américain Foreign Affairs, le président Bachar al-Assad avait affirmé à propos des clichés de César : "n’importe qui peut apporter des photos et dire que c’est de la torture. Il n’y a aucune vérification. Ce sont des allégations sans preuve". C'est désormais le cas.

Ce rapport intervient à un moment où les pays occidentaux, notamment la France, ne font plus du départ du président Bachar al-Assad une priorité, concentrant leurs efforts dans la lutte contre le groupe djihadiste Daech qui sévit en Syrie et qui a revendiqué une série d'attentats à Paris et à Saint-Denis ayant fait 130 morts.

En se fondant sur les photos de César, le parquet de Paris a ouvert le 15 septembre une enquête préliminaire contre le régime de Bachar al-Assad pour des exactions commises en Syrie entre 2011 et 2013. "Face à ces crimes qui heurtent la conscience humaine, à cette bureaucratie de l'horreur, face à cette négation des valeurs d'humanité, il est de notre responsabilité d'agir contre l'impunité de ces assassins", avait déclaré à l'époque le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius.

 

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