Les pays européens “saluent” le plan égyptien de reconstruction de Gaza, une alternative au projet de la “Riviera” de Donald Trump


Mardi, les dirigeants arabes ont approuvé un plan de reconstruction pour la bande de Gaza. Initié par Le Caire, ce plan prévoit un montant de 53 milliards de dollars qui doivent permettent aux 2 millions de Palestiniens vivant à Gaza de rester sur leur territoire. Par cette initiative, les dirigeants arabes confirment ainsi la proposition de Donald Trump de reloger les Gazaouis dans d’autres pays pour faire de l’enclave une “Riviera” au Moyen-Orient. Si la Maison Blanche a salué les contributions arabes, elle se dit “s’en tenir à la vision audacieuse” du républicain. Tel Aviv juge le plan “irréaliste” mais c’est surtout les pays européens qui s'empressent de saluer le plan égyptien, jugé “une voie réaliste vers la reconstruction de Gaza”.
En début d’année, Donald Trump a suscité la polémique en proposant que les 2 millions de Palestiniens vivant à Gaza soient déplacés vers d'autres pays pour que les États-Unis récupèrent les terres pour en faire une "Riviera" au Moyen-Orient. Le plan, approuvé par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a été rejeté aussi bien par les principaux concernés, c’est-à-dire les Palestiniens, que par les pays arabes, particulièrement ceux invités à accueillir les Gazaouis, à leur tête l’Egypte.
Al-Sissi appelle la communauté internationale à contribuer
Le Caire a fermement rejeté la proposition de Donald Trump de transformer Gaza en "Riviera". Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a explicitement déclaré lors d'une réunion avec le secrétaire d'État américain Marco Rubio à Washington “refuser catégoriquement toute idée de déplacement forcé des Palestiniens de Gaza”. Le président Abdel Fattah al-Sissi a renchéri lors d'une conférence de presse au Caire, affirmant que “l’Égypte ne permettra jamais le dépeuplement de Gaza. Nous avons élaboré un plan de reconstruction de 53 milliards de dollars qui respecte la dignité et les droits des Palestiniens”, a-t-il alors annoncé.
Ce plan vise ainsi à reconstruire Gaza en trois phases sur cinq ans, sans déplacer sa population. La première phase consiste à débarrasser le territoire palestinien de plus de 50 millions de tonnes de débris, conséquences des offensives militaires et des bombardements incessants israéliens, ainsi que des bombes non explosées.
Les phases suivantes prévoient de rénover les terres agricoles, la création de zones industrielles et l’aménagement de vastes parcs, dans le but de remodeler Gaza en y construisant des logements et des espaces urbains "durables, verts et praticables", avec l'utilisation des énergies renouvelables. Un plan qui sonne comme une réponse à la proposition de Donald Trump et qui prévoit, en outre, l'ouverture d'un aéroport, d'un port de pêche et d'un port commercial.
Il s’agit de projets déjà prévus par les accords de paix d'Oslo dans les années 1990, avant d’être abandonnés avec l’échec du processus de paix.
Mardi, les dirigeants arabes ont approuvé le plan égyptien lors d’un sommet au Caire de la Ligue arabe. "Nous sommes ouverts à toute proposition ou idée de la communauté internationale pour garantir le succès de ce plan, qui doit être mis en œuvre parallèlement à un plan de paix plus vaste", a déclaré le président égyptien sur ses réseaux sociaux. De son avis, “ce plan vise à un règlement global et juste de la question palestinienne, à mettre fin aux causes profondes du conflit israélo-palestinien, garantir la sécurité et la stabilité des peuples de la région et établir un État palestinien".
Le communiqué final du sommet appelait aussi le Conseil de sécurité de l’ONU à déployer une force internationale de maintien de la paix à Gaza et en Cisjordanie occupée. "La paix est l'option stratégique des Arabes", a déclaré le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, affirmant le rejet du transfert des Palestiniens.
Les pays européens saluent un plan “réaliste”
Le mouvement palestinien du Hamas a vite salué ce plan ainsi que le rejet par les dirigeants arabes des tentatives de transfert des Palestiniens hors de Gaza et de Cisjordanie occupée. A l’opposé, Israël a fermement rejeté le projet. Le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Oren Marmorstein, a estimé que le plan "ne tient pas compte des réalités de la situation", déplorant que le communiqué du sommet ne mentionne pas l'attentat du 7 octobre 2023 perpétré par le Hamas, ni ne condamne ce mouvement. Ce dirigeant israélien a aussi réaffirmé le soutien de Tel Aviv au “plan Trump”, une “opportunité pour les habitants de Gaza d'avoir un choix libre basé sur leur libre arbitre”.
A Washington, pourtant, la Maison Blanche a salué les efforts des pays arabes. “Le président s'en tient à sa vision audacieuse d'une Gaza d'après-guerre, mais il se félicite de l'apport de nos partenaires arabes dans la région. Il est clair que ses propositions ont incité la région à s'asseoir à la table des négociations plutôt que de laisser ce problème dégénérer en une nouvelle crise", a estimé Brian Hughes, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche.
Le plan validé au Caire et adopté samedi 8 mars par l’Organisation de la coopération islamique (OCI) dont les 57 membres étaient réunis à Jeddah en Arabie Saoudite, stipule aussi que le Hamas céderait le pouvoir à une administration intérimaire composée d’indépendants politiques, jusqu’à ce qu’une Autorité palestinienne, réformée de son côté, puisse prendre le contrôle.
Les pays européens, de leur côté, se sont vite empressés de soutenir le plan. Dans un communiqué commun diffusé à Berlin, l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni et l'Italie ont "salué" ce plan, "une voie réaliste vers la reconstruction de Gaza".
"S'il est mis en œuvre", explique le communiqué des ministres des Affaires étrangères, ce plan promet "une amélioration rapide et durable des conditions de vie catastrophiques des Palestiniens vivant à Gaza". "Il est clair pour nous que le Hamas ne doit plus gouverner Gaza ni constituer une menace pour Israël", souligne-t-on, tout en “saluant les efforts sérieux de toutes les parties prenantes impliquées” et en appréciant “le signal important que les États arabes ont envoyé en développant conjointement ce plan de relèvement et de reconstruction".
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