L’Otan “prête” pour “une confrontation directe” avec la Russie, l’Allemagne et les États-Unis ne livreront pas des avions de chasse à l’Ukraine

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FranceSoir
Publié le 02 février 2023 - 13:45
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Ukraine / Otan
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Kenzo TRIBOUILLARD/AFP
L’Alliance Transatlantique est désormais appelée à envoyer des forces terrestres sur le sol ukrainien.
Kenzo TRIBOUILLARD/AFP

Les dirigeants occidentaux ont beau vouloir se montrer rassurants, la perspective d’une escalade de la guerre en Ukraine tout comme une “confrontation directe” avec la Russie semble se rapprocher à grands pas. À peine une semaine après l’annonce par plusieurs pays membres de l’Otan d’une livraison de dizaines de chars lourds à l’Ukraine, l’Alliance Transatlantique est appelée à réfléchir sérieusement à l'envoi de forces terrestres sur le sol ukrainien. Un possible déploiement que l’Otan semble déjà envisager, puisque l’alliance se dit “prête pour une confrontation directe” avec Moscou.

Des déclarations qui font fi des appels à éviter une escalade et qui se joignent à une livraison d’armes de plus en plus accrue à l’Ukraine... L’Otan doit désormais considérer la possibilité d’envoyer des troupes terrestres en Ukraine. C’est, du moins, ce qu’en pense l’ancien ministre britannique de la Défense, Gerald Howarth. Interrogé mardi 31 janvier 2023 sur Sky News, il estime “que c'est quelque chose que nous devons maintenant considérer”, si “l’Occident veut que l’Ukraine gagne” cette guerre. “La Russie est le coupable d’avoir envahi un autre État souverain. L'Ukraine doit gagner (...) mais nous devons réfléchir vers où nous allons”.

Gerald Howarth explique que la guerre est actuellement dans une impasse. “Pour le moment, cela ressemble à une impasse avec la Russie qui vient d'aplatir des parties entières de ce pays souverain comme ils l'ont fait à Alep (Syrie, ndlr). L’Occident doit décider s’il soutient l’Ukraine et si l’Ukraine doit gagner”. L’ancien parlementaire souligne que Kiev “doit” remporter cette guerre, s’interrogeant “où Poutine ira après ?” dans le cas contraire.

L’Otan et la “confrontation directe” avec la Russie que l’Allemagne “ne permettra pas”

Rob Bauer, l'un des chefs du comité militaire de l’Otan, semble avoir la réponse à cette question. Dans une interview simultanément accordée à la chaine de télévision portugaise RTP et la Deutsche Welle (DW), cet amiral de la marine néerlandaise affirme que Vladimir Poutine “a des objectifs au-delà de l’Ukraine qui pourraient s’étendre aux pays voisins”, jusqu’à “récupérer la taille de l’Union Soviétique”.

Il a déclaré que l’alliance transatlantique doit se concentrer sur son réarmement et que celle-ci était “prête pour une confrontation directe avec la Russie”. Contrairement à son habitude, l'Otan n’est pas le “maître du temps” et fait face à la Russie “qui vient à nous et nous envahit. (...) Ce sont eux qui décident quand ils viennent", a-t-il soutenu.

Ces propos ont fait réagir le chancelier allemand Olaf Scholz, qui a affirmé “qu’il n’y a pas de guerre entre l’Otan et la Russie” et que son pays “ne permettra pas une telle escalade”. Mercredi dernier, lorsqu’il a annoncé devant le Bundestag la livraison de chars Leopard à l’Ukraine, il justifiait cette décision par la nécessité de “faire ce qui est nécessaire pour soutenir l’Ukraine” tout en empêchant “en même temps une escalade du conflit vers une guerre entre Moscou et l’alliance occidentale".

Il a insisté sur le maintien du dialogue avec Vladimir Poutine, à qui il entend “à nouveau parler au téléphone”, sans se faire d’illusion puisque Olaf Scholz est affirmatif : “Il est aussi clair que la Russie continuera à faire la guerre en agressant sans relâche l’Ukraine”.

Berlin et Washington ne livreront pas d’avions de chasse à l’Ukraine

Une escalade que l’Allemagne envisage d’empêcher en refusant de livrer des avions de combat à l’Ukraine, au moment où Kiev exige plus d’équipements militaires. Olaf Scholz a exprimé un refus catégorique, déconseillant “d’entrer dans une guerre d’enchères quand il s’agit de systèmes d’armes”.

Le chancelier n’est pas l’unique dirigeant occidental à rejeter une telle livraison. Tout comme mercredi dernier, Joe Biden lui emboîte le pas et déclare que les États-Unis ne fourniront pas d’avions de chasse F-16. Cette possibilité était débattue depuis des jours avec les alliés au sein de l’Otan, avant qu'il ne rétorque lundi 30 janvier par un “non” à une question à la Maison-Blanche.

Washington a d’ailleurs été critiqué par la Chine pour ses livraisons d’armes à l’Ukraine. Pékin accuse les États-Unis d’être à l’origine de “la crise”. La porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning, estime que l’administration Biden “a déclenché” la guerre puis l’a “alimentée”.

Les décisions allemande et américaine ne risquent pas de rassurer les hauts dirigeants à Kiev, dont les appels à leur fournir des armes, des chars et des avions de chasse se font de plus en plus insistants. Mardi 31 janvier, c’est le président du Parlement ukrainien, Rouslan Stefantchouk, qui a réitéré cet appel devant l’Assemblée nationale française, remerciant d’abord la France “pour son engagement” puis exprimant son souhait de voir les chars Leclerc livrés à l’Ukraine. Mercredi dernier, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu a affirmé que la décision de livrer ces chars ou non sera rendue publique “dans les prochains jours”.

Interrogé à La Haye lundi, le président Macron s’est dit ne pas être opposé à fournir des avions de chasse à l’Ukraine : “Rien n'est interdit par principe". Des conditions sont toutefois posées, notamment le fait que de pareilles livraisons ne "soient pas escalatoires" et "pas de nature à toucher le sol russe”. Pourtant, la semaine dernière, Mykhaïlo Podoliak, conseiller et proche de Volodymyr Zelensky, menaçait de “porter l’escalade de la guerre à l’intérieur de la Fédération de Russie”.

La France et l’Italie poursuivent leurs aides militaires. En attendant Israël ?

Kiev devrait “se contenter”, en attendant les décisions françaises concernant les chars et les avions de chasse, de 12 canons Caesar supplémentaires, en plus des 18 déjà livrés, dont la livraison a été annoncée mardi par Sébastien Lecornu. L’Ukraine peut aussi compter sur l’Italie et le gouvernement de Giorgia Meloni, dont le programme d’aide inclura le système franco-italien Mamba SAMP-T (Thales), des armes de défenses pouvant neutraliser les attaques de missiles russes.

Israël, jusque-là neutre, a également exprimé son intention de fournir une aide militaire à l’Ukraine, tout en proposant ses services de médiateur. Une intention contre laquelle la Russie a vite mis en garde. Moscou, par la voix de la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a rappelé que “toute tentative de livrer des armes” va mener à une “escalade de cette crise”.

La même responsable russe s’est interrogée si Macron “croit vraiment” que ces livraisons “ne mèneront pas à une escalade de la situation”.Je n'arrive pas à croire qu'il s'agit là de la logique d'un adulte”, a-t-elle taclé.

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