Pour Michel Onfray, "on se dirige vers une troisième guerre mondiale"

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FranceSoir
Publié le 28 janvier 2023 - 19:00
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Michel Onfray
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Philip Conrad/Photo12 via AFP
"Il n’y a vraiment que Macron pour nous expliquer qu’on fournit des armes de guerre mais qu’en même temps, on est pas des co-belligérants."
Philip Conrad/Photo12 via AFP

Pour le philosophe français, Michel Onfray, le monde se dirige vers une troisième guerre mondiale. Invité jeudi 26 janvier à l’émission "Punchline" sur CNews, il a estimé que la guerre en Ukraine est la conséquence de “l’impéritie” de l’Europe, qui aurait pu l’éviter en faisant de la “politique et de la diplomatie”. Ne se faisant pas d’illusion, celui-ci n’a pas hésité à affirmer que les pays occidentaux, dont la France, sont en “conflit direct” avec la Russie.

La guerre en Ukraine “ne sort pas de nulle part”, a souligné le fondateur de la revue Front Populaire : “La télévision a décidé que cela faisait un an [que ce conflit a commencé]“, mais il existe depuis 2014 : “On ne s’en occupait pas. Puis d’un seul coup, les médias en parlent et cela devient le problème... Des choses se sont passées avant” le déclenchement de l’offensive russe. Des événements qui, de son avis, expliquent les causes de la situation actuelle.

Citant le général prussien Carl von Clausewitz et son ouvrage De la guerre, dans lequel ce dernier explique que “la guerre est la politique continuée par d’autres moyens“, Michel Onfray soutient que ce qui se passe en Ukraine est la conséquence d’une “politique ratée” et que l’Europe, pourtant, “avait depuis 10 ans les moyens de faire de la politique". “Les prédécesseurs de Macron, de Hollande, étaient susceptibles de faire de la politique, mais rien n’a été fait”, déplore-t-il.

“Nous sommes en conflit direct avec la Russie“

Le philosophe incombe cette situation à l’échec de l’Europe, qui “n’a jamais véritablement existé”. Et de poursuivre : “Si l’Europe avait véritablement existé, comme une option politique et non pas comme une espèce de club économique, nous aurions pu penser toutes ces choses-là. Il y aurait eu un format Normandie ou des accords semblables à ceux de Minsk (...) dans un esprit gaullien”.

Michel Onfray n’a d’ailleurs pas manqué de rejeter les “éléments de langages” faisant état d'un “éveil de l’Europe” ou de “son retour”. Pour lui, au contraire, “depuis le covid, c’est l’effondrement de l’Europe et non pas l’éveil de l’Europe“. “C’est problématique de voir cette Europe totalement effondrée mais qui fait encore et toujours la loi”, a-t-il rajouté.

À propos d’autres éléments de langages, l’invité de “Punchline” bat en brèche les affirmations des dirigeants occidentaux selon lesquels ils ne sont pas et ne souhaitent pas entrer “en guerre directe” avec la Russie: “Il n’y a vraiment que Macron pour nous expliquer qu’on fournit des armes de guerre mais qu’en même temps, on est pas des cobelligérants. Mais bien sûr que si. Nous sommes en conflit direct avec la Russie".

Par ailleurs, l’écrivain rappelle que “Poutine est un dans un jeu d’échec avec un autre partenaire, les États-Unis. “Ces deux puissances s’affrontent avec l’Ukraine comme prétexte (...) Si vous rentrez dans une coalition contre la Russie, il est bien évident que celle-ci va à un moment donné s’occuper de nous”, met-il en garde.

“Une troisième guerre mondiale”

Il n’a pas non plus écarté l’hypothèse d’offensives russes contre la France ou les membres de la coalition occidentale. “Une invasion, ce n’est pas seulement des chars russes sur la place de la concorde à Paris. Ils ont des hackers qui peuvent faire tout ce qu’ils veulent. Tout fonctionne avec le numérique. Vous pouvez faire la guerre aux hôpitaux, aux ports, aux aéroports, gêner les économies, dévoiler des informations, entrer sur des serveurs de banques, ralentir une centrale nucléaire. Ce qui serait très dommageable. La cyberguerre est aujourd’hui possible”, rappelle-t-il.

Michel Onfray estime “qu’on va au-devant d’une troisième guerre mondiale, gentiment, doucement“. “Poutine n’est pas du genre à se retirer. Il y a une espèce de surenchère. Il a dit “nous allons brûler vos chars. "C’est quoi brûler ? Cela veut dire quoi ? Brûler avec une bombe atomique ? Avec des chars ?”, s’interroge-t-il.

Selon l’invité de CNews, pour défendre l’Ukraine, la solution ne peut provenir que “de la diplomatie et de la politique. La paix est toujours préférable à la guerre...”

Rebondissant sur le débat autour de la réforme des retraites, sur laquelle il a été interrogé dans le même entretien, le philosophe affirme que cette guerre “coûte cinq millions d’euros aux Français tous les jours.“Et quand on nous dit qu’il n’y a pas d’argent pour les retraites, pour les pauvres, pour remonter le SMIC... Un milliard et demi d’euros par an donné pour l’Ukraine pour mener une guerre qu'on aurait pu éviter (...) Précédemment, Zelensky était un oligarque qui détournait de l’argent et qui le mettait dans des paradis fiscaux. Et on en arrive à cette situation où il faudrait défendre absolument l’Ukraine”, s'insurge-t-il.

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