Primaire à gauche : le PS et EELV donneront samedi leur feu vert conditionnel
Sur le papier, le conseil national du PS comme le conseil fédéral des écologistes devraient donner ce week-end leur feu vert à la primaire de la gauche, proposée par des intellectuels et écologistes en janvier dans Libération.
"Nous allons dire que nous sommes pour la primaire sans préalable et avec des modalités d'organisation et des délais permettant à tous de concourir", affirme le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis.
"Nous allons voter une motion qui sera notre cahier des charges pour la primaire", explique de son côté le secrétaire national d'EELV par intérim David Cormand.
Mais les motions votées devraient laisser de nombreux points dans l'incertitude, et poser des exigences laissant peu de place à un accord. Du côté d'EELV, "on est sur un texte qui doit s'orienter vers : +c'est un processus intéressant, mais il ne doit pas servir à relégitimer la ligne gouvernementale+", précise le porte-parole du parti Julien Bayou.
Pour éviter de devoir faire campagne pour un François Hollande sur une ligne "social-libérale" qu'ils combattent, les écologistes souhaitent ainsi, à l'instar du PCF et des frondeurs du PS, la tenue de débats citoyens, qui permettront la définition d'un socle d'"exigences partagées" dont ne pourra s'abstraire le vainqueur.
Une perspective qui n'enthousiasme guère le député Christophe Borgel, chargé de représenter le PS au sein du comité d'organisation transpartisan, qui tente de faire avancer le projet depuis le mois de février."C'est un peu baroque de demander aux citoyens de trancher des débats en disant que ces débats vont être cadrés par un texte!" réagit-il auprès de l'AFP.
Autre question épineuse, celle du calendrier. Si le comité d'organisation s'est mis d'accord pour une organisation la première quinzaine de décembre, cette fenêtre pourrait ne pas figurer dans le texte soumis samedi au vote du CN.
La porte-parole du PS Corinne Narassiguin a ainsi affirmé à l'AFP que Jean-Christophe Cambadélis n'avait pas "inclus de dates précises" dans le texte. Mais plusieurs ténors du PS ont affirmé les avoir vues dans le texte provisoire qui leur a été soumis vendredi à la mi-journée.
Jeudi, M. Borgel avait évoqué auprès de l'AFP "la première quinzaine de décembre ou janvier", tandis que M. Cambadélis a parlé mercredi dans une interview aux Echos de "la deuxième quinzaine de décembre 2016 ou début janvier 2017".
Pour le président de la République, il semble difficile de se déclarer avant l'issue de la primaire des Républicains, dont le second tour se tient le 27 novembre. L'organisation de la primaire début décembre ne laisserait donc guère d'espace à la tenue de débats avec le président.
Autre point de désaccord : M. Cambadélis - appuyé vendredi par le patron des députés socialistes Bruno Le Roux - souhaite que le PS participe à la primaire avec un candidat unique. Inacceptable pour l'aile gauche du parti. En réalité, "personne ne croit que ça va avoir lieu", observe M. Borgel.
Dans l'entourage de M. Hollande, nombreuses sont les voix à se prononcer contre un processus qui acterait la faiblesse du président, et qui semble peu conforme à l'esprit des institutions. "Dans la Ve, le président se dit le +président de tous les Français+. Doit-il alors chercher auprès de sa seule famille politique l'onction pour un nouveau mandat?" s'est ainsi interrogé l'avocat Jean-Pierre Mignard, proche de François Hollande, jeudi dans L'Opinion.
Du côté des écologistes, il y aurait un paradoxe à soutenir une primaire à laquelle ne veut pas participer Nicolas Hulot, dont la candidature est ardemment espérée par la plupart des responsables d'EELV.
Yannick Jadot, l'un des initiateurs de la primaire, veut cependant encore y croire, pour éviter un émiettement de la gauche au premier tour de la présidentielle: "Je vois les résistances partout, je n'ai pas compris l'alternative."
Le PCF devrait quant à lui se prononcer le 15 avril. Le PS a prévu un nouveau conseil national le 3 juin, et EELV tiendra son Congrès le 11.
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