Loi Travail : manifestation sous surveillance et sous tension

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 23 juin 2016 - 15:12
Image
Nouvelle journée de manifestation contre la loi Travail le 9 avril 2016.
Crédits
©Frederick Florin/AFP
Quelque 2.000 policiers encadreront le parcours de 1,6 kilomètre de la manifestation.
©Frederick Florin/AFP
Devenue un symbole après son interdiction, finalement levée, la manifestation contre la loi Travail de jeudi à Paris se déroulera sous très haute surveillance par crainte de la présence de casseurs. La tension est également palpable entre le gouvernement et les syndicats qui ciblent Manuel Valls.

Les opposants à la loi travail vont manifester sous haute surveillance jeudi à Paris, sur un trajet ultra-court obtenu de haute lutte après un bras de fer entre gouvernement et syndicats, qui concentrent désormais leur critiques sur Manuel Valls. Après les violences survenues en marge du défilé du 14 juin à Paris, aucun débordement "ne sera toléré", a averti le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve.

Plus de 2.000 fonctionnaires de police sont mobilisés pour sécuriser la manifestation dont le trajet a été resserré sur 1,6 km. Il partira de la place de la Bastille à 14h vers le bassin de l'Arsenal, pour revenir sur la célèbre place. Ce jeudi 23 au matin, des vitres d'abribus ont été démontées sur l'itinéraire du cortège et les pieux en bois servant à clôturer les parties végétales du boulevard Bourdon retirés.

Défileront ensemble à partir de 14h, Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, Philippe Martinez, leader de la CGT, Bernadette Groison (FSU) et Cécile Gondard-Lalanne (Solidaires). A l'origine, les syndicats voulaient marcher de Bastille à Nation. La préfecture de police de Paris proposait, elle, un rassemblement "statique" place de la Nation afin de "mieux sécuriser la manifestation".

La pression est montée d'un cran mercredi avec l'interdiction de la manifestation, une première depuis 1962, avant une volte-face du ministère de l'Intérieur. Initialement, la mobilisation de jeudi, aux modalités floues, n'était pas censée être une date-clé de la contestation. Philippe Martinez avait même prévu de défiler à Bordeaux.

Mais les menaces d'interdiction de François Hollande et Manuel Valls, au nom de la "sécurité", ont changé la donne. Jusqu'à l'interdiction décrétée mercredi matin - avant d'être levée - qui a suscité un tollé côté syndical et politique.

Le défilé de jeudi défendra aussi "le droit à manifester, garant de la démocratie", a souligné M. Martinez. Jeudi matin, la CGT et FO, à la pointe de la mobilisation, concentraient leurs critiques sur le Premier ministre.

"A chaque fois qu'on essaie d'apaiser les choses, le Premier ministre remet de l'huile sur le feu (...) en dénigrant les syndicats", a dénoncé M. Martinez. "Il faut que Hollande prenne les affaires en main", a dit le leader cégétiste qui demande, avec les autres syndicats, à être reçu par le chef de l'Etat. M. Mailly a lui aussi estimé que le chef de l'Etat allait devoir "à un moment donné prendre une responsabilité" dans le conflit.

Syndicats et gouvernement se renvoient la balle sur leurs responsabilités respectives concernant la sécurité des défilés. Depuis mars, des casseurs ont pris l'habitude de s'immiscer dans les manifestations.

Le 14 juin -jour de mobilisation nationale à Paris ayant réuni 75.000 à 80.000 personnes, selon la police, un million, selon les organisateurs- a été marqué par des heurts violents, notamment près de l'hôpital Necker-Enfants malades, condamnés par les syndicats.

CGT et FO ont renforcé leurs services d'ordre mais n'en démordent pas: à eux la sécurisation à l'intérieur des cortèges, aux forces de l'ordre l'extérieur. Huit organisations, dont la CGT, FSU, Solidaires et la Ligue des droits de l'homme, réclament une enquête parlementaire sur les "dysfonctionnements" du maintien de l'ordre et "les choix opérés par le ministère de l'Intérieur" lors des précédentes manifestations. "On ne montre pas du doigt les policiers. Il y a un problème de coordination des ordres" a dit le secrétaire général de la CGT.

Pour Nicolas Comte, d'Unité-police SGP-FO (2e syndicat de gardiens de la paix), "tous les moyens n'ont pas été donnés" aux forces de l'ordre lors des derniers cortèges parisiens.

Le défilé parisien entre dans le cadre d'un appel national à grèves et manifestations dans toute la France, le dixième depuis mars à l'initiative de sept syndicats (CGT, FO, Solidaires, FSU, UNL, Unef, Fidl).

Aucune perturbation n'est cependant prévue à la SNCF. Et l'Aviation civile, qui attend "des retards possibles", n'a pas donné de consigne pour réduire le nombre de vols, même si Easyjet en a préventivement annulé une soixantaine.

Pour l'intersyndicale, le mot d'ordre reste le retrait du projet de loi travail, jugé facteur de précarité pour les salariés. Le texte est examiné au Sénat jusqu'à vendredi avant un vote le 28 juin, date d'une nouvelle mobilisation.

 

À LIRE AUSSI

Image
Jean-Claude Mailly.
Loi Travail : François Hollande doit "prendre une responsabilité", estime Mailly
Alors qu'une nouvelle journée de mobilisation contre la loi Travail a lieu ce jeudi, Jean-Claude Mailly a estimé que François Hollande allait devoir "à un moment donné...
23 juin 2016 - 11:39
Politique
Image
Des manifestants contre la loi Travail visés par des grenades lacrymogènes
Loi Travail : les 10 dates clés du projet et de la contestation
Depuis quatre mois, le projet de loi Travail, qui donne lieu à un bras de fer entre syndicats et gouvernement, ne cesse de faire la Une des médias. Retour sur les 10 ...
23 juin 2016 - 11:25
Politique
Image
Laurent Berger (CFDT).
Loi Travail : pour Berger, il serait "inacceptable" de céder sur les accords d'entreprise
Le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, a qualifié ce jeudi d'"incompréhensible" "ce qui s'est passé hier sur la manifestation" prévue aujourd'hui, finalement autoris...
23 juin 2016 - 12:27
Politique

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Les dessins d'ARA

Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.