La loi Travail à l'épreuve du Parlement et, de nouveau, de la rue

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 28 mars 2016 - 14:23
Image
Manifestation contre la loi Travail à Paris.
Crédits
©Matthieu Alexandre/AFP
Le gouvernement affronte cette semaine deux nouvelles épreuves pour l'avenir de son projet de loi Travail.
©Matthieu Alexandre/AFP
Le gouvernement affronte cette semaine deux nouvelles épreuves pour l'avenir de son projet de loi travail: mardi il va pouvoir mesurer l'accueil des députés en commission, et jeudi la détermination des opposants qui promettent une "très grosse mobilisation" dans la rue.

"Jeudi, ce ne sera en aucun cas un baroud d'honneur", assure à l'AFP Eric Beynel, porte-parole de Solidaires, qui a appelé à la mobilisation aux côtés de la CGT, FO, FSU, l'Unef, les syndicats de lycéens UNL et FIDL. Il promet "une très, très grosse mobilisation le 31 mars, plus importante que celle du 9 mars", où plus de 200.000 personnes avaient défilé dans l'Hexagone (450.000 selon les organisateurs).

Le slogan sera "retrait de la loi", jugée trop favorable au patronat. La revendication, "de nouvelles garanties et protections collectives" pour les salariés. La mobilisation s'annonce large : fonctionnaires, ports et docks, salariés d'Air France sont appelés à cesser le travail, tout comme la RATP, cette fois pour des questions salariales.

Les opposants à la loi dénoncent, entre autres, les articles d'"assouplissement au profit de l'employeur des règles de licenciement", les règles sur le temps de travail faisant primer les accords d'entreprise sur ceux de la branche (astreinte, forfait-jour, pause...) ou encore la création du référendum en entreprise.

Des manifestations sont prévues dans toute la France et celle de Paris partira à 14H00 de place d'Italie vers Nation. Philippe Martinez, numéro un de la CGT, et Jean-Claude Mailly (FO) participeront au cortège. Des députés écologistes contestataires seront également de la partie. De même que des militants CFDT et CFE-CGC, à contre-courant de leurs centrales respectives.

Dimanche, Laurent Berger, numéro un de la CFDT, a qualifié le 31 mars de journée "fourre-tout". Selon lui, la journée vise aussi, "à trois semaines du congrès" de la CGT à Marseille, "à resserrer un peu les rangs en interne". D'autres mobilisations pourraient suivre contre "la régression sociale" de ce projet de loi examiné à l'Assemblée nationale fin avril-début mai.

D'ici là, le texte sera décrypté en commission des Affaires sociales, mardi avec l'audition de Myriam El Khomri, puis mercredi avec celles des syndicats (CGT, CFDT, CFE-CGC, FO, CFTC) puis du patronat (Medef, CGPME, UPA). La ministre du Travail, qui pense qu'"il y a encore des choses à améliorer", compte sur le débat parlementaire pour "enrichir" le texte.

Pour elle, cette réforme est "juste", "nécessaire", "pas anti-jeunes" et "vise à embaucher en CDI", alors que la France enregistre un chômage record (3,59 millions de personnes sans activité).

"Elle prévoit aussi des nouvelles protections et de nouveaux droits pour les salariés. Ceux qui vont en bénéficier sont ceux qui collectionnent périodes de chômage et contrats très courts", a-t-elle dit à Paris Match.

La future loi crée le compte personnel d'activité (CPA), étend les moyens syndicaux ou la garantie jeunes. Elle modifie aussi les règles de la représentativité patronale, du licenciement économique ou de la médecine du travail. Face aux levées de boucliers, Manuel Valls a revu le projet, calmant les syndicats dits "réformistes" (CFDT, CFTC, CFE-CGC, Unsa) et une partie de sa majorité.

Mais les critiques restent vives, pour preuve les défilés dans toute la France organisés les 17 et 24 mars, à l'initiative des organisations de jeunesse, marqués par des incidents, violences et interpellations. Au Parlement, le rapporteur Christophe Sirugue entend bien amender le texte et les "frondeurs" défendre un contre-projet.

Toutefois, les marges de manoeuvre du gouvernement sont ténues, car il doit aussi compter avec le patronat, qui s'insurge contre la nouvelle mouture, "pas acceptable en l'état". Pour la CGPME, les mesures proposées n'auront "quasiment aucune incidence positive pour l'essentiel des entreprises françaises".

À LIRE AUSSI

Image
Un code du travail.
Loi Travail : les Français toujours majoritairement opposés au texte
A l'heure où le projet de loi Travail, portée par la ministre Myriam El Khomri, est présenté en Conseil des ministres, les Français restent majoritairement opposés au ...
24 mars 2016 - 09:55
Politique
Image
Le président du Medef Pierre Gattaz.
Loi Travail : le projet "pas acceptable en l'état" pour le patronat
Alors que le gouvernement -sous la pression des syndicats et de la gauche- a modifié la semaine dernière le projet de loi Travail, sept organisations patronales (dont ...
22 mars 2016 - 15:43
Politique
Image
Emmanuel Macron, Manuel Valls et Myriam El Khomri.
Le projet de loi Travail passe ce jeudi en Conseil des ministres
Portée par Myriam El Khomri, le projet de loi Travail, qui est vraisemblablement la dernière réforme sociale du quinquennat, sera présenté ce jeudi en Conseil des mini...
24 mars 2016 - 08:39
Politique

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
ARA
Décès de ARA, Alain Renaudin, dessinateur de France-Soir
Il était avant toute chose notre ami… avant même d’être ce joyeux gribouilleur comme je l’appelais, qui avec ce talent magnifique croquait à la demande l’actualité, ou...
07 novembre 2024 - 22:25
Portraits
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.