Le projet de loi Travail passe ce jeudi en Conseil des ministres

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 24 mars 2016 - 08:39
Image
Emmanuel Macron, Manuel Valls et Myriam El Khomri.
Crédits
©Yoan Valat/AFP
C'est le grand jour pour le projet de loi travail qui arrive ce jeudi en Conseil des ministres.
©Yoan Valat/AFP
Portée par Myriam El Khomri, le projet de loi Travail, qui est vraisemblablement la dernière réforme sociale du quinquennat, sera présenté ce jeudi en Conseil des ministres. Les opposants au projet de réforme ont quant à eux prévu des manifestations dans toute la France.

Censé répondre au chômage record, l'avant-projet de loi réformant le droit du travail arrive ce jeudi 24 en Conseil des ministres, étape importante dans un parcours chahuté, qui sera marquée par une nouvelle mobilisation de jeunes et de syndicats. Le Premier ministre Manuel Valls vante une réforme "intelligente, audacieuse et nécessaire", qui doit répondre au chômage de masse (3,5 millions de personnes sans emploi) "auquel notre pays s'est habitué depuis trop longtemps". Hasard du calendrier, ce projet de loi de 52 articles "visant à instituer de nouvelles libertés et de nouvelles protections pour les entreprises et les actifs" est présenté un jour de publication des chiffres du chômage, ceux de Pôle emploi pour le mois de février.

Le texte comprend de nouveaux droits, dont le compte personnel d'activité (CPA), des moyens syndicaux accrus ou l'extension de la garantie jeunes. Il met également en place le référendum en entreprise, fait évoluer les règles de la représentativité patronale, du licenciement économique ou de la médecine du travail. Il réécrit intégralement la partie du code du travail relative au temps de travail, donnant plus de place à l'accord d'entreprise. Son objectif? "Donner au dialogue social une place beaucoup plus importante dans la définition des règles sociales pour que le pays passe enfin d'une culture de l'affrontement à une culture du compromis et de la négociation", indique l'exposé des motifs.

Cette réforme, vraisemblablement la dernière du quinquennat, a été partiellement réécrite après la bronca politique, syndicale, mais aussi de jeunes, qui y ont vu un texte trop libéral et peu sécurisant pour le salarié. Face aux grèves, manifestations, à une pétition record (un million de signatures en deux semaines), une tribune incendiaire de Martine Aubry ("trop, c'est trop") et des réunions PS électriques, ont été retirées du texte certaines dispositions particulièrement critiquées. Désormais, il n'est plus question de plafonner les indemnités prud'homales pour les licenciements abusifs, au grand dam du patronat, ni d'autoriser des décisions unilatérales de l'employeur, sans accord, dans les entreprises de moins de 50 salariés pour le forfait-jour ou les astreintes.

Ces modifications ont permis à l’exécutif d'obtenir les soutiens précieux des syndicats dits "réformistes" (CFDT, CFE-CGC, CFTC, Unsa), ainsi que de la majorité. Mais les frondeurs, qui promettent "une bataille parlementaire extrêmement ferme", viennent de présenter une "contre-réforme", quand les "réformistes" comptent sur davantage d'améliorations, notamment sur l'article portant sur les licenciements économiques, réécrit à la marge.

En outre, sept syndicats réclament toujours le retrait pur et simple d'un texte qui "continue à diminuer les droits des salarié-e-s et à accroître la précarité, notamment des jeunes". La CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et Fidl ont appelé à une nouvelle mobilisation jeudi, alors que les Français (58%) continuent de s'opposer à cette réforme, selon un sondage Viavoice publié jeudi. A Paris, une manifestation doit partir à 12h30 de Montparnasse jusqu'aux Invalides pour dire que "la création d'emplois de qualité ne peut pas être synonyme de la casse du code du travail". D'autres manifestations sont prévues dans les villes étudiantes, a précisé Eric Beynel, porte-parole de Solidaires. Les mêmes organisations appellent à des grèves et manifestations dans toute la France le 31 mars. Un appel similaire avait rassemblé des dizaines de milliers de personnes le 9 mars, date initialement prévue du passage du texte en Conseil des ministres.

Et pour compliquer davantage la tâche de l'exécutif, si le patronat semblait acquis à la version initiale, il critique vertement la nouvelle, qui ne prévoit aucune mesure pour les TPE-PME, selon lui. Sept organisations patronales, dont le Medef, la CGPME et la FNSEA, ont lancé mardi un "appel solennel" au Premier ministre afin que le texte, qui n'est "pas acceptable en l'état", "retrouve son objectif d'origine: créer de l'emploi". Et elles comptent bien peser sur le débat parlementaire.

Le texte sera examiné en commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale à partir du 5 avril, puis au Parlement fin avril-début mai.

 

À LIRE AUSSI

Image
Le président du Medef Pierre Gattaz.
Loi Travail : le projet "pas acceptable en l'état" pour le patronat
Alors que le gouvernement -sous la pression des syndicats et de la gauche- a modifié la semaine dernière le projet de loi Travail, sept organisations patronales (dont ...
22 mars 2016 - 15:43
Politique
Image
Michel Rocard en septembre 2015.
Michel Rocard soutient la loi Travail
Alors que la loi portée par Myriam El Khomri a fait sortir des milliers de personnes dans les rues lors de manifestations, Michel Rocard a estimé lors d'une interview ...
22 mars 2016 - 08:58
Politique
Image
François Hollande.
Loi Travail : il faut expliquer le "sens" des réformes à la jeunesse, insiste Hollande
Alors que des dizaines de milliers de jeunes ont manifesté jeudi contre la loi Travail, le président François Hollande a insisté sur le devoir d'explication des réform...
18 mars 2016 - 09:57
Politique

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
ARA
Décès de ARA, Alain Renaudin, dessinateur de France-Soir
Il était avant toute chose notre ami… avant même d’être ce joyeux gribouilleur comme je l’appelais, qui avec ce talent magnifique croquait à la demande l’actualité, ou...
07 novembre 2024 - 22:25
Portraits
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.