Faux passes sanitaires, faux vaccins : quand choisir, c'est renoncer

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FranceSoir
Publié le 28 juillet 2021 - 20:54
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Faux passes faux vaccins
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AFP / Pixabay / FS
Choisir, c'est renoncer
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Falsifier un passe sanitaire, une option de plus en plus considérée pour continuer à vivre "normalement". En attendant de pouvoir choisir en leur âme et conscience ce qui est le mieux pour leur santé, beaucoup se demandent s'ils ne vaut pas mieux enfreindre la loi plutôt que les valeurs.

Voilà quelques mois que le passe sanitaire fait son chemin dans la société française, au côté de la vaccination - obligatoire ou non - et des déclarations politico-médiatiques farfelues. Parallèlement à cela, les assertions scientifiques se multiplient, que ce soit du côté du gouvernement ou du côté des médias, au même titre que la méfiance, voire la défiance, et la protestation au sein de la population. Si certains appellent à la responsabilité et à la sécurité, d'autres à la liberté et à l'unité, tous - ou presque - s'accordent à dire que l'on navigue à vue.

“Allez-vous y retrouver parmi le faux vrai, le vrai faux, le vrai vrai et le faux faux !” Armand Salacrou

Dans tout ce brouhaha, difficile de faire un choix éclairé. Anti-ceci ou pro-cela, la question n'est peut-être pas aussi simple. Les informations servies, les vestes retournées et la précipitation ambiante ont-elles vraiment permis aux gens de faire un choix ? Pour ceux qui hésitent encore, ou qui sont tout simplement contre la restriction de libertés qu'impose le passe sanitaire, la vie s'apprête à devenir nettement plus dure.

Quelles sont les options ?

Les uns décideront de jouer le jeu et d'aller se faire vacciner. D'autres, résistants jusqu'au bout des ongles, sont prêts à vivre en parias s'il le faut et à boycotter tous les lieux qui exigeront le passe. Puis, il y a ceux qui aiment bien aller au restaurant, au cinéma ou à l'hôpital, et qui jamais n'auraient imaginé que cela deviendrait un privilège sanitaire, tout comme ils n'auraient jamais imaginé qu'un virus frapperait le monde entier, et qu'un vaccin à ARN messager développé en quelques mois seulement nous en sauverait. Eux, ce sont ceux qui, ne pouvant se résigner à faire un choix non-éclairé pour leur santé, sans pour autant avoir le courage - ou la possibilité - de faire une croix sur leurs sorties ou leur travail, se posent la question de contourner le système politico-judiciaire pour ne pas enfreindre leur système de valeurs, ou pour éviter de perdre ce qu'ils ont.

En l'état actuel, cette fraude peut se traduire de plusieurs manières : un faux test PCR, une fausse contre-indication aux tests ou au vaccin, un faux justificatif vaccinal, ou encore un QR code emprunté. Que ce soit à l'aide de Photoshop, d'un ami médecin ou d'un ami vacciné, il semble assez facile de contourner le passe sanitaire à venir. En tout cas, des citoyens semblent rivaliser d'ingéniosité

Certains se sont déjà lancés dans le trafic de passes sanitaires sur Snapchat.

Mais que dit la loi ?

Pour le moment, rien du tout. Le texte doit d'abord passer par le tamis de la Constitution, ce qu'il fera d'ici au 5 août prochain.

Dans le projet de loi, deux paragraphes mentionnent les peines encourues en cas de faux :

Autrement dit, en empruntant un vrai passe sanitaire à un ami, on risque 135 € d'amende.

Mais, si on fait faire un faux justificatif vaccinal, on risque 3 ans de prison et 45 000 € d'amende, la peine encourue pour "faux et usage de faux". Le texte ne mentionne pas le fait de faire, ou faire faire, un faux test PCR ou un faux QR Code.

Si la CNIL dénonçait des atteintes aux libertés "particulièrement fortes" et la Défenseure des droits Claire Hédon notait "de nombreuses zones d'ombre" dans le projet de loi, l'avocat Jean-Charles Teissedre ne s'arrête pas là et nous confie :

"Compte tenu du caractère contesté de la mesure en son principe, c’est déjà évidemment excessif. Le législateur a bien compris qu’une simple amende suffisait avec l'épisode des masques. C’est très dissuasif, on le fait aussi déjà avec le droit routier. Tout ce que cela suppose concrètement, de se faire arrêter, contrôler, donc humilier et stigmatiser, rend l'effet psychologique très fort. Donc nous n'avons pas besoin d’aller très haut dans l’échelle des peines pour que cela fonctionne et que cela fasse peur."

Quoi qu'il en soit, si l'on se réfère à la hiérarchie des normes, les lois demeurent "inférieures" aux conventions européennes, elles-mêmes en dessous de la Constitution.

Par ailleurs, François Asselineau parmi d'autres, relève aussi que la discrimination - notamment par rapport à l'état de santé - est punie par le code pénal.

Finalement, qui est le plus "faux" ?

Chacun essaie de se raccrocher à ce qu'il croit être juste. En plus de la sacro-sainte sécurité, la santé et le confort, il y a aussi les notions d'éthique, de valeurs et de morale qui rentrent en jeu lorsque nous prenons nos décisions.

Voir aussi : "hors sujet de culpabiliser les êtres humains d’avoir des besoins et des désirs" avec Marie-Estelle Dupont

Si choisir, c'est renoncer, alors pouvons-nous comprendre que certains demandent un peu plus de temps ? Si certains militent pour dire que faire des faux revient à lutter contre le gouvernement en désobéissant, d'autres soutiennent fermement l'idée que faire un faux alimente les chiffres et encourage le système du passe sanitaire. Facile à dire, quand on n'a pas le choix et qu'on a une famille à nourrir, il faut au moins pouvoir garder son travail et faire ses achats. En fait, avons-nous vraiment le choix ? Engager sa santé, engager ses libertés, ou enfreindre la loi ?

Les sénateurs eux-mêmes déplorent le manque de temps et se plaignent d'avoir dû prendre des décisions "un pistolet sur la tempe". Parlementaires comme citoyens en sont réduits à n'avoir que des mauvais choix : signe d'une démocratie bien mal en point.

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