Anne Hidalgo, une voix qui compte de plus en plus à gauche

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 03 avril 2016 - 20:08
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La maire de Paris Anne Hidalgo.
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©Philippe Wojazer/Reuters
Anne Hidalgo "pas été entraînée dans la chute généralisée des politiques et des proches du gouvernement", selon les sondeurs.
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Contre la loi Travail, le diesel et le travail le dimanche, pour le "vivre ensemble" et réinventer sa ville: depuis son élection à la tête de Paris, Anne Hidalgo s'est glissée dans le costume de gardienne des valeurs de gauche. Ne rechignant pas à affronter des ministres ou à critiquer, jusqu'au président, elle a gagné ses galons de ténor socialiste. Et semble en mesure de viser plus haut encore.

Anne Hidalgo tire à vue, contre le diesel, la loi travail, après la déchéance de nationalité, le travail dominical. Au nom des Parisiens qui l'ont élue il y a deux ans, la maire PS cultive une petite musique pouvant en faire une voix comptant davantage à gauche.

Dans les sondages, "on voit sa progression fulgurante dans l'opinion", selon Frédéric Dabi de l'institut Ifop, "et, depuis quelques mois, dans un contexte catastrophique pour la gauche". Elle a parfois été classée personnalité de gauche préférée des Français comme des socialistes, récoltant une épithète: "héritière de Martine Aubry".

Mais Anne Hidalgo, c'est, pour l'instant, Paris.

Celle qui fut l'héritière de Bertrand Delanoë a pris son indépendance, et, depuis deux ans, "n'est plus la même", estime une conseillère de Paris socialiste. "Elle avait la tête rentrée dans les épaules, maintenant elle s'est transformée, le regard haut".

Voix douce, toujours égale, l'édile veut combattre pollution et voitures, porte la candidature de sa ville aux jeux Olympiques, "réinvente Paris" avec des projets d'urbanisme, veut mettre plus de verdure, du logement social ou un centre pour sans-abris dans le XVIe arrondissement. Affichant le souci du "vivre ensemble" dans sa "ville-monde", elle s'attache aussi aux plaies post-attentats.

Face au récent mouvement "Nuit Debout", qui occupe la place de la République mais est évacué au matin, Anne Hidalgo estime que "les lieux publics ne peuvent pas être privatisés" par "mesures de sécurité", quelles que soient "les intentions". "Les privatisations de l’espace public par des intérêts privés, c’est fini?", a réagi Danielle Simonet, conseillère Front de Gauche, se demandant si la maire PS allait renoncer à la "fan zone" accordée à Lagardère pour l’Euro 2016 ou à la délégation à Vinci des parkings.

Conseiller LR de Paris, Pierre-Yves Bournazel reconnaît que l'édile "bosse et connaît ses dossiers", mais lui reproche "un manque de vision pour Paris dans 20 ans" et une gestion "dogmatique de certains dossiers".

A 52%, les Parisiens se montrent "satisfaits" (53% il y a un an), 48% "mécontents" (contre 47%), selon un sondage Ifop paru dans le JDD. De quoi alimenter des ambitions pour d'autres fonctions, voire la présidentielle? "Ni son envie ni dans son calendrier", assure un des proches de la maire. "Paris conquis, je ne crois pas qu'elle pense à faire autre chose. Plus tard, je ne sais pas", renchérit une élue socialiste.

Faisant taire quelques rumeurs, Mme Hidalgo a affirmé le 8 mars n'être pas partante pour une éventuelle primaire à gauche, citant Christiane Taubira, "belle personnalité".

L'élue n'hésite pas à critiquer le gouvernement qui porte ses couleurs, de plus en plus dans les médias, contre la déchéance de nationalité, depuis abandonnée, ou le projet El Khomri. Outre Emmanuel Macron et son ouverture des magasins le dimanche, elle avait affronté Ségolène Royal sur la circulation alternée. "Elle veut se montrer de plus en plus comme garante des valeurs de la gauche", juge Agnès Balle, de l'institut BVA, soulignant qu'elle n'a "pas été entraînée dans la chute généralisée des politiques et des proches du gouvernement".

"Elle dose plutôt bien ses prises de position", pour M. Dabi, "arrive à faire comprendre qu'elle est légitime à parler et même à critiquer le gouvernement parce que ses décisions ont un impact sur la vie des Parisiens". "Elle a un positionnement tactique pour l'après-2017", estime M. Bournazel, "si elle veut être candidate en 2022, elle sait très bien que ça passe par une réélection en 2020".

Ségolène Royal battue en 2007 avait fait apparaître Bertrand Delanoë comme un homme fort de la gauche, note M. Dabi. "Dans un contexte où la gauche va peut-être être éliminée dès le premier tour de la présidentielle, perdre probablement une très forte majorité de ses députés, l'espoir d'incarner une nouvelle gauche, ce sera peut-être elle", dit-il.

 

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