Vaccination antigrippale : éviter un nouveau flop, après ceux du masque et des tests, par une politique claire et une communication précise
Chaque année le virus grippal touche, essentiellement dans la période hivernale, entre 1,5 et 6,5 millions de personnes en France, avec 8000 à 15 000 décès.
La campagne annuelle de vaccination a pour objectifs principaux de diminuer le nombre de cas, et en particulier celui des cas graves nécessitant une hospitalisation, et en conséquence de diminuer le nombre de décès.
La stratégie habituelle vise à protéger les personnes dites « prioritaires » :
• Celles âgées de 65 ans et plus qui ont reçu le bon de prise en charge de l’Assurance-maladie les invitant à se faire vacciner.
• Les personnes souffrant de certaines pathologies chroniques (maladies respiratoires- maladies cardiovasculaires- formes graves de maladies neurologiques ou neuromusculaires- maladies rénales- diabète);
• Les personnes immuno-déprimées- Les femmes enceintes;
• Les personnes obèses dont l’Indice de Masse Corporel (IMC) est supérieur ou égal à 40 kh/m2.
• Les personnes séjournant dans les EHPAD, les établissement de soins de suite, les établissement médico-sociaux d’hébergement
• Les personnels de santé, et tout professionnel en contact régulier et prolongé avec des personnes à risque de grippe sévère.
La co-circulation avec le virus de la Covid rend encore plus nécessaire cette vaccination pour trois raisons principales :
- Eviter de surcharger les services hospitaliers et ceux de réanimation en cas de formes graves de grippe.
- Eviter une éventuelle confusion entre grippe et Covid 19 qui peuvent présenter des symptômes semblables.
Diminuer la transmission du virus grippal.
Rappelons que la vaccination contre la grippe n’est plus obligatoire en France depuis 2006 où un décret a suspendu cette obligation (article L 3111-4 du code de santé publique).
Des institutions et experts scientifiques se sont exprimés dans les média sur la stratégie de vaccinations.
L’académie de Médecine a demandé de rendre obligatoire la vaccination contre la grippe pour l’ensemble des personnels soignants des secteurs public et libéral et pour les auxiliaires de vie pour personnes âgées. On sait en effet que la couverture vaccinale contre la grippe demeure très insuffisante chez les soignants alors qu’ils sont en contact avec des publics malades ou atteints de pathologies. Selon Santé Publique France, pour la saison 2018-2019, la vaccination était estimée à 35% dans les établissements de santé (67%, pour les médecins, 48% pour les sages-femmes, 36% pour les infirmiers et 21% pour les aides-soignants) et à 32% dans les EHPAD (75% pour les médecins, 43% pour les infirmiers, 27% pour les aides-soignants et 34% pour les autres paramédicaux). Des pourcentages qui posent aujourd’hui question à l’heure de la Covid-19 et de la grippe.
Certains « scientifiques experts » demandent que la vaccination soit faite aussi chez les enfants ; en effet, à la différence avec le Covid 19, les enfants peuvent être porteurs asymptomatiques du virus de la grippe, peuvent être malades et surtout sont d’excellent transmetteurs du virus. Certains demandent même que la vaccination touche l’ensemble de la population créant ainsi une immunité collective. Tout cela est porté à la connaissance de la population par les différents médias.
Il faut donc que la stratégie de vaccination contre la grippe soit clairement exposée à la population par nos responsables santé pour éviter, par exemple une pénurie de vaccins. Après l’échec de la communication sur les masques, puis celle sur les tests, évitons un nouvel échec avec la vaccination contre la grippe saisonnière.
Le nombre de doses commandées sera-t-il suffisant?
Actuellement, 13 millions de doses ont été commandées, soit deux millions de plus que pour la saison précédente. Selon les recommandations de la Direction générale de la santé, 13,5 millions de personnes de 65 ans et plus (Insee 2019), devraient se faire vacciner ; les années précédentes, près de 50 % de cette population à risques ont été vaccinés. On peut logiquement penser que compte tenu de la circulation du Sars CoV 2, une plus grande proportion de cette population, mieux sensibilisée, se fera vacciner.
Mais que feront les personnes qui habituellement ne se font pas vacciner mais qui peuvent changer d’avis dans le contexte actuel, avec des communications multiples sur le sujet. Nul ne peut le prédire, mais on peut raisonnablement penser qu’un pourcentage non négligeable sensible à la communication médiatique se fera vacciner.
Ainsi, la stratégie de la vaccination choisie dépendra du nombre de doses vaccinales disponibles.
En raison de toutes ces interrogations, la campagne contre la grippe saisonnière devrait se faire en deux temps suivant les recommandations de la Direction générale de la Santé (DgS).
Du 13 octobre et au moins jusqu’au 30 novembre 2020, ce sont les populations prioritaires qui auront accès à la vaccination. Ensuite les autres personnes non prioritaires pourront se faire vacciner.
Pour réussir la stratégie de la vaccination contre la grippe saisonnière il est nécéssaire de clairement définir cette stratégie et de bien communiquer au niveau de la population
Qui vacciner ? Populations à risque, personnel soignants, autres ?
Quand Vacciner ? Quelle période ?
Qui vaccinera ? Les médecins généralistes, les pharmaciens, ….
A noter enfin que le respect des gestes protecteurs (port du masque, lavage des mains, distanciation physique) est aussi efficace pour lutter contre la circulation du virus grippal. Ce respect des gestes protecteurs associé à la vaccination devraient permettre de limiter la circulation du virus grippal.
Pr Dominique Baudon, médecin général inspecteur du Service de santé des armées, Commandeur de l’Ordre National du Mérite, Officier de l’ordre de la Légion d’honneur et Chevalier des Palmes académiques. Il est aussi spécialiste en Biologie médicale et ancien professeur en Epidémiologie et Santé publique tropicale.
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