L’étude bidon à l’origine du pass sanitaire
TRIBUNE - De la vérité scientifique à la dictature du chiffre : Comment des chiffres vrais produisent des idées fausses
Nous allons voir comment une succession d’études, de chiffres, mesures, calculs, communiqués, tweets et articles sans jamais procéder à une falsification évidente aboutit à un résultat faux.
Nous allons nous intéresser aujourd’hui à l’étude qui a justifié la mise en place du pass sanitaire et comment l’outil de vérité qu’est la démarche scientifique a été souillé et détourné en un outil de propagande et de contrôle social.
Le pass sanitaire : Un coup de bazooka dans le pied
En effet, dans l’étude d’impact et l’avis du Conseil d’État sur la loi qui a instauré le pass sanitaire, nous pouvions lire que le pass était nécessaire pour empêcher une vague aussi grave que celle de mars 2020 :
Aujourd’hui, il apparaît manifeste selon les données gouvernementales d’occupation des lits de réanimation que le pic de mars 2020 n’a pas été reproduit et que le pass sanitaire n’a rien changé à la forme de la cloche naturelle de l’émergence de chaque nouveau variant :
Mais alors que s’est-il passé ? Pasteur et l’INSERM se sont-ils trompés à ce point malgré les enjeux ? Avons-nous simplement eu beaucoup de chance ?
La double faute de l’étude Pasteur
Je ne suis pas le premier à m’attaquer à cette étude encore en pré-publication et sans doute pour longtemps : Le mathématicien Vincent Pavan a montré que les équations utilisées dans l’étude étaient fausses. Je vous invite à consulter son intervention remarquable sur FranceSoir.
Je voudrais ici apporter un éclairage complémentaire. Car les équations pouvaient bien être juste et la conclusion toujours aussi fausse… Cela en dit d’ailleurs long de l’incompétence de ces chercheurs. Le problème à mon avis est plus profond encore mais plus facile à comprendre, pas besoin d’être statisticien, vous allez voir.
Comment faire entrer une question personnelle dans le champ politique
Commençons par y regarder de plus près, l’argumentaire est simple comme vous avez pu lire dans la capture ci-dessus : pour éviter les hospitalisations, il faut limiter la circulation du virus (taux de reproduction), or, selon Pasteur, les personnes non-vaccinées contribuent de manière disproportionnée à la transmission, donc il faut un pass sanitaire.
Remarquez qu’ils auraient pu choisir de limiter les hospitalisations, non en attaquant la circulation du virus, mais l’émergence des formes graves en promouvant la vaccination pour les personne sà risque mais également la prévention et les soins précoces.
Mais nous nous trouvons alors face à un choix médical personnel qui ne peut en aucun cas être forcé par un pouvoir politique tandis que porter l’argumentaire sur la circulation du virus le fait entrer dans le champ politique de la vie en société.
Déjà la science a cédé le pas devant le politique.
Il nous faut donc nous attacher à la circulation du virus.
Les certitudes tranchantes des journalistes
Fin juin, l’Institut Pasteur a publié une étude qui circula largement dans les médias et dans les dîners, notamment au Figaro : « Covid-19 : une personne non-vaccinée a douze fois plus de risques d’en contaminer d’autres ».
Un grand institut et un grand journal sont des organisations avec des moyens importants et des armées de professionnels compétents : qui suis-je pour remettre en cause leur compétence et me croire au-dessus d’eux me rétorqua-t-on alors ?
Il se trouve que le journaliste du Figaro a fait un glissement par rapport au résumé de l’étude. Il tronque le début de la phrase :
« On s’attend à ce que, […] les personnes non vaccinées contribuent à la transmission de manière disproportionnée. Une personne non-vaccinée a 12 fois plus de risque de transmettre le SARS-CoV-2 qu’une personne vaccinée ».
Première leçon : cette étude n’était pas une observation. C’était un modèle.
Pas une observation, une modélisation qui vaut uniquement si…
C’est-à-dire que les chercheurs n’ont pas observé que la transmission était douze fois plus forte chez les personnes non-vaccinées, ils l’ont calculé à partir d’hypothèses qu’ils ont librement choisies.
L’article du Figaro aurait dû dire : si les paramètres choisis par les chercheurs de l’institut Pasteur sont justes et si leurs calculs le sont également, alors, un non-vacciné aurait douze fois plus de risque de transmettre le virus.
L’affirmation du Figaro était à prendre au conditionnel… Mais qui a encore le temps d’aller fouiller jusque dans le corps des études.
Comme avec tous les modèles, tout dépend des paramètres choisis. Et notez bien que dans cette démarche, peu importe d’un point de vue strictement scientifique que les paramètres soient faux, d’un point de vue de pure logique, même si les paramètres sont faux, l’étude, elle, est toujours juste, simplement inutile et absurde.
Vous touchez là à une limite importante de l’approche scientifique.
Mais pour avoir ces hypothèses, il faut aller dans le corps de l’étude elle-même où, en cherchant bien, on découvre les 2 paramètres essentiels choisis par les chercheurs :
- Susceptibilité : 80 % de risque en moins d’attraper le virus pour les personnes vaccinées et
- Infectivité : 50 % de risque en moins de transmettre le virus chez les personnes vaccinées l’ayant attrapé malgré tout.
Avec ces deux paramètres, choisis librement ("we assume" / nous supposons), les chercheurs justifient déjà une transmission 8 fois plus élevée chez les non-vaccinés :
4x moins de risque d’attraper le virus avec le vaccin
et 2x moins de risque de le transmettre pour les vaccinés malchanceux
= 8 fois moins de risque de transmettre le virus grâce au vaccin.
Nous nous limiterons à ces deux paramètres : Nous aurons vérifié l’essentiel.
Commençons par le risque de transmission chez les personnes infectées.
Infectivité : L’étude hors-sujet et non-reproductible pour justifier un risque de transmission plus faible chez les vaccinés infectés
Pasteur se fonde sur une étude du New England Journal of Medicine intitulée : Effets de la vaccination sur la transmission au sein de foyers du SARS-CoV-2 en Angleterre.
Premier problème de taille : Cette étude explore la transmission dans les foyers, totalement hors sujet pour l’étude Pasteur qui conduit à l’instauration du pass sanitaire.
Deuxième problème de taille : Cette étude date du début de l’année et du variant anglais, ce dernier ne circulant plus au moment où Pasteur publie son étude.
Enfin, de l’aveu même des chercheurs, l’étude est très spéculative car elle s’appuie sur des tests spontanés, or nous savons que les personnes vaccinées se font bien moins tester spontanément que les autres. Les auteurs notent d’ailleurs que d’autres études avec suivi actif et tests systématiques arrivent à des chiffres différents des leurs !
Et à l’inverse, l’IHU de Marseille a montré que les vaccinés infectés avaient des charges virales supérieures à celles des non-vaccinées… Et plus vous excrétez de virus, plus vous avez de risque de le transmettre.
Aussi était-il hautement spéculatif pour les chercheurs de Pasteur de supposer que les vaccinés infectés avaient deux fois moins de chance de transmettre le virus, ils auraient pu choisir 1 ou même la moitié, ils auraient été plus crédibles.
Susceptibilité : Mauvais variant, mauvaise population
Notre deuxième paramètre de susceptibilité est aussi grossier que le premier.
Je vous rappelle que la communication autour des vaccins et les chiffres publiés par les labos se sont portés depuis le début sur les risques d’attraper des formes symptomatiques.
Là, il nous faut remonter un cran pour tenter d’observer le risque d’attraper le virus même de manière asymptomatique (et donc de le transmettre).
Pour cela les études anglo-saxonnes suivent des cohortes de personnels soignants.
Et l’étude du Lancet choisie par les chercheurs de Pasteur ne déroge pas.
Les chercheurs du Lancet ont observé une population active, en bonne santé et à 84 % féminine, c’est-à-dire les adultes qui ont le moins de risque face au virus (les hommes meurent deux fois plus du Covid que les femmes).
Et là encore, l’étude porte sur le variant anglais, toujours éteint depuis fin juin.
Cela signifie que vous avez 4 fois moins de risque d’attraper le Covid grâce au vaccin, si et seulement si : vous êtes une femme, active en bonne santé pour aller travailler (personnel hospitalier) et exposée au variant anglais.
Il y a quelques jours, le Center for Disease Control américain a publié une étude similaire sur le variant Delta, aussi sur une cohorte de soignants.
Nous chutons alors à 66 % d’efficacité vaccinale, soit trois fois moins de risque d’être infecté malgré le vaccin. C’est tout de même pas mal malgré les biais.
Mais les auteurs de cette étude qui a fait le tour du monde comme une traînée poudre et une vérité révélée avouent que leurs chiffres ne sont pas fiables car ils n’ont pas eu assez de données, en particulier chez les non-vaccinés… Car il n’y en a plus assez dans leur cohorte.
En effet, seuls 9 soignants suivis ont contracté le variant Delta dans l’étude… Ce n’est pas significatif.
Aussi la marge d’erreur de l’étude est devenue un gouffre : les chercheurs notent une efficacité entre 26 et 84 % ! Soit un risque divisé par quaou peut-être par un demi seulement.
Cela ne veut pas dire que cela est faux, simplement que nous ne savons pas.
Les chercheurs n’ont pas mal fait leur travail (ils ont eux-mêmes noté leurs biais et limites), mais leur travail ne permet pas de conclure.
Du faux à partir du vrai
Notez bien que dans toute la séquence, tout le monde a fait (presque) honnêtement son travail.
Les chercheurs britanniques ont réalisé des études d’observation en notant scrupuleusement leurs biais. Les chercheurs de Pasteur ont choisi ces paramètres faute de mieux (soyons charitables).
Le journaliste du Figaro, dans un souci de lisibilité a tronqué un début de phrase.
Et à la fin pourtant, nous arrivons à une grosse falsification tant les biais et les simplifications successives ont été accumulés.
Bien sûr tous ces biais sont orientés de la même manière : Les chercheurs ne sont pas des saints. Ils ont besoin de financer leurs labos, d’être publiés, repris par la presse.
Alors au moment d’interpréter l’étude on la tord un peu pour plaire à ses sponsors et commanditaires : l’étude de Pasteur a été financée par le programme des Investissement d’Avenir, la Haute Autorité de Santé, Santé Publique France et la Commission européenne.
La science détournée
Il convient de nous demander finalement si c’est l’étude qui éclaire le législateur ou le législateur qui fabrique l’étude.
Alors pouvons-nous toucher du doigt comment la démarche scientifique est insensiblement détournée de sa recherche de vérité pour devenir un instrument de domination et d’asservissement
Nous sommes remontés d’un cran dans le vice : On ne se contente plus de contrôler la loi, on contrôle désormais le chiffre qui justifie la loi.
Ainsi la loi n’est plus inique, c’est le chiffre qui l’est… Mais allez donc en faire la preuve.
Rares sont ceux qui perdent leur temps comme moi pour décortiquer les études et finalement personne ou presque ne se forge son opinion directement par l’étude, nous faisons confiance ou non dans notre interlocuteur.
D’ailleurs, mon cher lecteur, l’essentiel de votre accueil de cette lettre dépend de la confiance que vous me portez par rapport à celle que vous portez au Figaro davantage que de l’analyse que je vous présente.
Les deux sont liés bien sûr et j’espère mériter votre confiance par mon travail. Mais la confiance, mon cher lecteur, change tout à la science.
Et ce n’est pas tout.
Nous pourrions terminer cette longue lettre avec une question encore plus fondamentale et éminemment politique :
Pourquoi avons-nous classé le monde en deux catégories de vaccinés et non-vaccinés ?
Nous aurions pu faire trois catégories, plutôt que deux… Les vaccinés, les non-vaccinés et les rétablis.
Il se trouve que la plus grosse mutuelle israélienne a compilé de manière rétrospective (et donc non spéculative) les données d’un million de personnes.
Ils ont observé que les personnes rétablies du virus le rattrapaient 13 fois moins que les vaccinés.
C’est-à-dire que l’immunité naturelle est incroyablement plus puissante que l’immunité vaccinale.
Alors qu’aurions-nous dû faire ?
Aurions-nous dû vacciner absolument tout le monde pour éviter des formes graves chez les actifs ou laisser les actifs en bonne santé attraper le virus pour gagner une meilleure immunité à long terme.
Selon le choix que vous faites vous allez favoriser certains et handicaper d’autres. Il faudrait alors calculer la valeur de chaque vie pour savoir lesquelles sauver et lesquelles sacrifier.
Ma vie vaut-elle plus cher que la vôtre ?
Mais une vie mon cher lecteur, ça vaut combien d’euros ou de dollars ?
La mienne vaut-elle plus ou moins cher que la vôtre ?
C’est une question dégueulasse.
Elle n’a pas de bonne réponse. La poser est déjà scandaleux !
Face à un tel dilemme la science n’est d’aucune aide, le chiffre d’aucun secours quand bien même serait-il juste.
La vie humaine est sacrée et la réponse est pourtant toute simple, chacun fait du mieux qu’il peut pour se protéger et protéger ses proches, ceux qui l’entourent. Ce n’est pas facile, ce n’est pas parfait, mais au moins nous payons le prix de nos actions tandis qu’à Paris, ils peuvent en accumuler des aberrations, ils n’en paieront jamais le prix.
En nous ôtant notre responsabilité, ils nous ôtent également notre capacité à choisir, à mettre en branle cette intelligence collective, sans commune mesure avec la froide dictature des chiffres et l’on ne détourne pas impunément cette intelligence sociale si lentement cristallisée mais si rapide à détruire.
« La tyrannie abjecte du Nombre est une infection lente qui n’a jamais provoqué de fièvre. Le Nombre crée une société à son image, une société d’êtres non pas égaux, mais pareils, seulement reconnaissables à leurs empreintes digitales. » La France contre les robots, George Bernanos, 1945
Guy de la Fortelle est éditeur et fondateur de la newsletter L'investisseur sans costume.
La vidéo explicative de cette tribune est sur Odysee :
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