Les mutilations de la théorie du genre  : les cas Keira Bell et Oli London

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Pierre-Antoine Pontoizeau pour France-Soir
Publié le 20 mars 2024 - 13:30
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La théorie du genre conduit à pratiquer d’affreuses mutilations définitives sur des mineurs.
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TRIBUNE - Dans le prolongement de notre premier article sur les mutilations sexuelles réalisées au nom de l’idéologie du genre, deux cas de personnes ayant voulu détransitionner attestent du caractère sectaire et doctrinaire de ce mouvement et de leur haine contre les victimes qui témoignent de leurs souffrances.

Le cas Keira Bell

Elle a subi les traitements prévus à Tavistock : bloqueurs de puberté, hormones et opérations chirurgicales. Elle a souffert de cette nouvelle situation et a poursuivi la clinique. Le jugement de la Haute Cour de justice lui a donné raison, estimant que l’adolescent ne peut consentir en raison, en mesurant les conséquences d’une telle décision, dont d’ailleurs l’ensemble des effets ne lui est pas exposé. En septembre 2021, sur appel des avocats de la clinique, la décision fut contredite au motif qu’elle était incompatible avec la jurisprudence en matière de contraception, qui autorise un médecin et un mineur à décider conjointement en la matière. Les médecins sont donc bien en position d’abuser de leur autorité et de leur savoir sur des jeunes influençables, les isolant de leurs parents, pour devenir les seuls interlocuteurs compétents et légitimes, alors qu’ils sont juges et parties, puisqu’ils tirent un profit économique de ces transitions. Or Keira Bell a bien indiqué que ce dont elle souffrait le plus, c’était le fait définitif de sa stérilisation, qu’une adolescente pouvait difficilement évaluer face aux désirs de changement d’apparence, aux fantasmes et jeux du travestissement, jusqu’à sacrifier son corps et ses potentialités, peu appréciables par un adolescent. La substitution de l’autorité parentale par un tiers réputé expert est ici problématique, puisque l’expert est intéressé : juge et partie.

Son histoire n’est pas isolée. Elle témoigne d’une emprise intentionnelle d’une nouvelle parentalité médicale qui se substitue aux parents, et qui en revanche fuit toute sorte de responsabilité quant aux actes commis. Dans son cas, la subversion idéologique falsifie les identités sexuelles, mais aussi les faits dont on dénie l’identification et la factualité. Or, tout scientifique qui dénie la souffrance de la chair et la plainte de son patient, est apte à cautionner les expérimentations sur des humains. Là est le scandale de cette idéologie. Sa violence dans l’usage de la propagande de guerre et son déni, largement similaire aux révisionnismes de ceux qui n’ont pas le courage d’affronter leur crime à la face de l’humanité tout entière. 

Le cas Oli London

Cet influenceur suivi par environ un million de personnes sur les réseaux sociaux a un parcours très intéressant concernant les identités et transitions. Anglais d’origine, passionné de K.culture : les modes, les chanteurs et les codes promus par la Corée du Sud, il s’identifie à la Corée et aux coréens jusqu’à désirer une transition « raciale » qui n’est pas sans rappeler celle du célèbre chanteur Michael Jackson rêvant de devenir moins noir, plus métisse, voire blanc. Il veut devenir “facialement” un coréen. Il nomme cela sa transition raciale. Il vit en Corée, apprend le coréen. Il en est de même de son identité sexuelle, aspirant à devenir androgyne, entre deux sexes. Il se dit alors non-binaire, juste au milieu dit-il.

S’en est suivi une guerre entre son apologie de la transition raciale et sexuelle et des militants du genre, l’accusant de racisme en accomplissant une telle transition, causant du tort, selon eux, aux authentiques et pures transitions de genre : pureté du nationalisme symbolique à l’œuvre ici. Un traître en vertu du principe 10 de Morelli. Le plus intéressant dans son aventure personnelle, qui n’est pas sans conséquence sur sa physiologie, il annonce le 15 octobre 2022 qu’il va “détransitionner” pour redevenir un homme biologique. Il annonce peu de temps après sa conversion au catholicisme, puis s’exprime sur ce qu’il ressent comme des traumatismes de son enfance et de ses opérations. Il s’exprime sur la vacuité de ses apparences, ayant découvert par sa conversion religieuse, et non thérapeutique, que le plus important est à l’intérieur, selon ses mots.

Son cas permet de mesurer à quel point la théorie du genre agit selon l’ambition de ses initiateurs, constructeurs de normes agressifs, qui veulent imposer leur stéréotype sur le sexe et les manières de vivre sa sexualité, se conduisant en normatifs identitaires, en nationalistes symboliques guerriers, excluant les étrangers de leur monde : les femmes en particulier et les hétérosexuels. Son témoignage met en exergue la pression des médias sociaux sur les jeunes, les manœuvres de propagande et de déstabilisation, dignes des approches sectaires : isolement, déni du réel, manipulation, prise de contrôle, automutilation, rites d’appartenances, comme dans une tribu ou une secte avec ses sacrifices, ses scarifications, etc. Rappelons, par exemple, l’automutilation des Scoptes (Skoptzy) qui atteste d’une croyance en son émancipation ou sa libération spirituelle. Cette secte prétendait que les apôtres s’étaient châtrés pour se purifier, ils pratiquaient l’émasculation totale des garçons et l’ablation des seins des filles. Les Russes luttèrent contre cette secte dont les membres se réfugièrent en Roumanie à la fin du 19e siècle. Les motivations changent, mais le fait de la mutilation rituelle pour une transformation salvatrice demeure, et ce, pour se libérer à chaque fois de souffrances réelles ou supposées, du spirituel au narcissique aujourd’hui.

Oli London raconte son histoire dans son livre : Gender Madness. Il dénonce ce qui lui apparaît comme une propagande orientée vers la création d’une industrie des transitions de genre qui, selon lui, vise des milliards de chiffre d’affaires.

Il est devenu un adversaire des théoriciens du genre et milite en faveur du droit des enfants et des femmes, dont nous allons développer qu’elles sont les victimes de cette économie des transitions sexuelles. Les pseudo-libérateurs, comme souvent, sont de bons bourreaux, des terroristes, des agresseurs qui s’arrogent le droit d’agir sur des victimes dont ils nieront qu’elles en sont. Là aussi, point commun du nationalisme symbolique avec le nationaliste identitaire. Voilà pourquoi, nous pensons pouvoir conclure ici par le syndrome de Mengele qui est à l’œuvre chez Butler, ses militants et ses médecins. Ici, l’écrit manipule les mots et l’auteur nie que les mots conduisent à des actes et qu’il y aurait des comptes à rendre sur ces actes inspirés des mots. Butler est cet auteur qui omet de décrire les effets de sa littérature, comme si l’emprise des mots sur le monde était une subversion cachée, le réel n’existant pas. Il y a bien derrière cette secte violente qui fait taire les victimes, un projet politique, ce sera notre troisième et dernier article.

Pierre-Antoine Pontoizeau est essayiste, chercheur et fondateur de l'Institut de Recherches de Philosophie Contemporaine, il a notamment publié des ouvrages sur la théorie de la communication, la théorie des organisations, la théorie du langage politique et la philosophie des mathématiques.

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