La mystérieuse T2A du docteur Castex ou la chaine de démontage de l'hôpital ?
La T2A (Tarification A l’Activité) ? Quid ? Si Mr Castex, le nouveau premier ministre, était un inconnu de beaucoup de citoyens, les hospitaliers du public et privé le connaissaient bien et son arrivée n’était pas de bon augure pour abolir le concept d’hôpital- entreprise qu’il avait mis en musique (avec beaucoup de dissonances) en 2006.
J-C Delavigne en parlait ainsi sur son blog :: « La rentabilité ou la fermeture.
La Tarification à l’activité, la « T2A », a fait de l’Hôpital une « entreprise de production de soins ». Avec elle, l’établissement ne reçoit plus un budget destiné à répondre aux besoins de la population, mais est rémunéré d’après sa « production ». Et comme dans toute entreprise, celle-ci doit être suffisante et rentable.
La conséquence est inéluctable. Les Hôpitaux sont incités financièrement à sélectionner les pathologies les mieux rémunérées et les patients n’entrainant pas de « surcoûts », comme par exemple les personnes âgées ayant de multiples pathologies. La « T2A » pousse à la fermeture des services de soins ou les maternités de proximité n’atteignant pas le « seuil de rentabilité ». Pour être rentable un séjour doit être court, mieux vaut donc renvoyer au plus vite (et parfois trop vite) le malade chez lui… quitte à le réadmettre quelques jours plus tard, en générant un nouvel acte à nouveau « rentable ».
Les missions de service public, la nécessité de disposer de lits disponibles pour faire face à des événements exceptionnels (épidémie) n’ont guère de place dans un tel système. »[1]
« Monsieur T2A
Castex, en tant que Directeur de l’Hospitalisation et de l’Offre de Soins au ministère de la Santé fut l’homme qui défendit et mit en place cette réforme. Il déclarait au Monde en 2006 : « ce système nécessite un gros travail de pédagogie. Il a le mérite, d’obliger tous les établissements à se regarder avec lucidité. »
L’abolition de la T2A, un financement fondé sur les besoins, est avec l’exigence de recrutements massifs pour l’hôpital l’une des revendications principales des personnels et médecins hospitaliers, qu’ils ont portée dans toutes leur lutte depuis un an ».
La revendication majeure des grèves et manifestations soignantes de 2019 : la suppression de la T2A
Et le président appelle celui qui l’a mis en place comme premier ministre. Le message était fort. La politique sanitaire en place depuis plus de 20 ans et la réforme Thatcher-Mitterrand se poursuit : fermetures-fusions, suppression de lits et de personnels exactement comme pour les usines de voiture ou d’acier.
Le ségur de juillet ne fut qu'un conte trompeur.[2]
Certains naïfs se sont laissés à penser que l’épisode de surcharge des services de réanimation en mars-avril allaient entrainer un changement de politique sanitaire. C’était oublier que la surcharge fut savamment mise en scène en interdisant, via les ARS, les transferts vers les lits privés VIDES et interdits de travail habituel par le plan blanc décidé par Edouard Philippe.
Certes, incroyable de penser pour ceux qui furent soumis des mois durant à la propagande « sauvez des vies » avec séances d’applaudissements obligatoires des soignants à 20H, que des personnels soignants furent mis au chômage, faute d’autorisation d’opérer les malades en attente, (mais étiquetés non urgents par l’ARS locale), et faute de recevoir les patients pour lesquels lits et personnel médical et paramédical avaient été libérés. Quel journaliste enquêtera pour savoir combien de chômage partiel déclaré pendant cette période de surchauffe hospitalière dont on nous brandit le spectre actuellement pour justifier le couvre-feu (de plus totalement inefficace[3]) ?
L’arrivée très symbolique de Jean Castex à Matignon renforce la T2A et poursuit les fermetures de lits prévues.
Le désespoir des soignants ne fit qu’amplifier cet été, avec à la clef de nombreuses démissions ou arrêts de travail[4]. Nous ne manquons pas de lits de réanimation, mais de personnels pour soigner les malades. Pour cela il faut embaucher, rémunérer les personnels correctement à l’image des collègues étrangers[5], les laisser travailler en les respectant, en ne les balançant pas d’un jour à l’autre, voire d’une heure à l’autre d’un service de réanimation à une unité d’urologie etc. en supprimant rapidement le joug des cadres de santé sélectionnés sur leur soumission à l’engrenage du management purement financier, qui pratique un véritable HARCELEMENT au travail pour de trop nombreux d’entre eux.
Non, Mrs les ministres, nous ne manquons pas de personnel formé, mais de conditions de travail humaines et respectueuses qui permettraient de les faire revenir à l’hôpital. Former des aides-soignantes en 15 jours (au lieu de leur année normale) relève une nouvelle fois du mépris de la fonction qui ne saurait améliorer les relations entre pouvoir et monde de la santé.
Le professeur Perronne ne décrit que la triste réalité
Nombre d’internautes se sont scandalisés des propos pourtant modérés du Pr Perronne qui a suggéré dans une interview sur Sud radio[6] (entre autres) que des séjours pour diverses pathologies étaient volontiers codées « Covid » afin d’optimiser les ressources financières de l’hôpital. On peut aussi hospitaliser en réanimation (séjour mieux rémunéré) un malade qui en mars se serait retrouvé en médecine puisque la demande de grosse réanimation est moins forte. Le malade y sera, de plus, mieux entouré par un peu plus de personnels. Tout cela relève de notre tambouille hospitalière habituelle, pour faire le moins mal possible, s’adapter au mieux à la T2A. Insulter un simple donneur d’alerte comme le Pr Perronne est indigne.
Une évidence pour les hospitaliers rompus à l’optimisation des séjours pour une meilleure rémunération de l’hôpital.
Une évidence aussi car déjà démontrée dans plusieurs articles des derniers mois [7] [8]. La démonstration de ce trucage international était déjà faite en mai 2020 pour les USA, par exemple, mais aussi en Italie, en Allemagne. Tous ces faits n’ont jamais été démentis, mais corroborés par de nouveaux témoignages.
« Déclarer Covid-19 sur un certificat de décès comme « probable » ou « présumé » constitue un intérêt statistique pour le pouvoir qui souhaite manipuler la peur populaire et à terme imposer (selon le rêve doré de Bill Gates et ses amis de l’OMS) un vaccin mondial doublé d’une puce qui vous suivra de près tout au long de votre vie.
– intérêt financier pour l’établissement médical privé ou public.
Pour stimuler la manipulation, une incitation financière importante. « Une disposition du Coronavirus Aid, Relief, and Economic Security Act de mars 2020, connue sous le nom de CARES Act, incite fortement les hôpitaux américains, pour la plupart privés et à but lucratif, à considérer les patients nouvellement admis comme « présumés Covid-19 ». Par cette simple méthode, l’hôpital peut alors prétendre à un paiement nettement plus élevé de la part de l’assurance maladie publique, l’assurance nationale pour les personnes de plus de 65 ans.
Selon un médecin du Minnesota, Scott Jensen, sénateur de l’État, ce propos rapporté dans Réseau International : « en ce moment, l’assurance maladie détermine que si vous êtes admis à l’hôpital avec Covid-19, vous recevez 13 000 $. Si ce patient Covid-19 est placé sous respirateur, vous recevez 39 000 $, soit trois fois plus ».
Les internautes pensent-ils que la France est un paradis de l’honnêteté dans lequel l’optimisation fiscale par exemple n’existe pas ? Et encore moins l’optimisation des séjours hospitaliers, tant par le codage que par la répartition des malades en fonction des possibilités ?
Les calomnies qui suivent l’intervention du Pr Perronne sur Sud radio montrent que les internautes et trop de médecins ignorent le fonctionnement de l’hôpital et singulièrement celui de la T2A, un des outils bureaucratiques qui a détruit l’hôpital. Ils oublient de plus le minimum de respect dû à sa personne toujours à l’écoute des autres et à sa grande compétence dans le domaine sur lequel il s’exprime.
Le codage comme chaine de montage de l’hôpital
Les cris d’orfraie de certains twittos contre le Pr Perronne montrent que les Français n’ont pas compris un des facteurs de destruction majeure de l’hôpital public en quinze ans, la rentabilité organisée sur le mode industriel [9]. Le Professeur Molinier décrit ce codage des actes de chaque patient hospitalisé en « chaine de montage ». L’expression en dit long :
« « Chaîne de montage : deux organisations sont possibles : l’une, centralisée (les TIM[10] sont réunis au sein d’un département d’information médicale, DIM) ; l’autre, déconcentrée (les TIM relèvent d’un DIM[11] mais exercent au sein des pôles hospitaliers). A Cochin (PARIS), par exemple, Jérôme Frenkiel a mis en place un système centralisé, en s’inspirant de la démarche qualité menée dans le secteur industriel et à laquelle il s’est formé.
« Nous avons organisé la production de l’information comme une chaîne de montage et un logiciel nous permet de suivre chaque dossier », illustre-t-il. Le protocole de production de l’information se déroule en trois étapes : le médecin transmet l’information relative à la prise en charge des patients dans les CRH (compte-rendu d’hospitalisation) les TIM collectent ces données et les traduisent ; enfin, le codage est consolidé par différentes techniques de contrôle pour corriger les éventuelles erreurs ».
Des postes médicaux et paramédicaux(nombreux) ont même été créés dans cette optique, regroupés au sein de départements, les fameux DIM, départements d’information médicale, le chef de ce département parfois professeur ayant un aéropage de TIM techniciens d’information médicale qui codent les dossiers avec l’aide d’un médecin référent dans chaque unité, ou bien d’un interne souvent moins motivé. Ce dernier a choisi la médecine et se retrouve sous-secrétaire de codage pour « optimiser les rentrées d’argent ». Ces TIM sont formés à ce codage, anciens secrétaires par exemple, et augmentent encore la part de personnel « hospitalier » non voué aux soins.
L’hôpital mute en entreprise
« C’est en 2004 que la tarification à l’activité (T2A) a été introduite par le ministre de la Santé Jean-François Mattei. Cette réforme a bénéficié à l’époque d’un étonnant consensus droite-gauche avec l’influente Fédération hospitalière de France dans un rôle de "go between" et démontrant une nouvelle fois que ces politiques font, de fait, la même politique néolibérale au service de la finance sous des étiquettes variables.
Cette réforme était pourtant « aux antipodes de l’éthique médicale et des valeurs pluriséculaires de l’hôpital public ».
« On a voulu imposer une logique de marché à un service public et faire de l’allocation des moyens un levier de restructuration de l’offre de soins. Il faut désormais travailler plus pour gagner plus[12]! Il faut faire de l’activité à tout prix. Les médecins transformés en chefs de pôles gestionnaires[13] doivent désormais soigner les yeux rivés sur leur compte de résultat[14] ! Quinze ans après, l’hôpital public est à terre et les hospitaliers dans la rue ».et les malades menacés d’absence de soins
Traduisez : travailler plus à l’hôpital veut dire rentabiliser les lits en raccourcissant au maximum les durées de séjour et donc en tenant plus compte de ce que le malade rapporte que de ses besoins physiques et psychologiques. Non seulement il faut faire vite, car les séjours sont rémunérés en fonction des durées d’hospitalisation cotées avec bornes basses et hautes. Pour une chimiothérapie de base par exemple, il faut rester plus de 48 h et moins de 6 jours (environ 5000 €). Toute prolongation ne rapportera que 100 ou 200 € par jour supplémentaire, alors que si vous occupez le lit par un nouveau malade sur cinq jours, vous gagnez à nouveau vos 5000 € (et si le malade est infecté, jackpot ce sera plutôt 12000 €).
D’où l’insupportable pression des « cadres infirmiers »[15] formés à ces ingrates tâches, sur les médecins pour qu’ils fassent sortir les patients, quitte à les reprendre après une sortie car alors on repart à zéro. Vous voyez la perversité du système ?
Durée de séjour « optimisée »
En réalisant pendant ces quelques jours un maximum d’actes cotés dans la T2A. Les actes sont cotés en plus de la rémunération de base. D’où l’inflation de scanners, IRM ou mieux pet scan (de l’ordre de 1200 €), (ou les trois, il faut bien vérifier, comparer etc..), échographies, bilans sanguins répétitifs sans justification clinique réelle, actes sous anesthésie locale au lit du patient etc., mais aussi de pose de cathéters centraux y compris chez de pauvres patients en fin de vie qui n’en profiteront pas, mais auront souffert de la mise sur le brancard, ascenseur, tentative de pose parfois répétitive et ratée…[16]
Bref un principe qui pervertit la réflexion et la relation médecin malade, car il faut bien avoir des crédits pour avoir du matériel, des postes infirmiers etc. Le médecin est déchiré entre sa vocation, tant qu’il n’est pas complètement robotisé, et son obéissance indispensable au système représenté par ses supérieurs et en particulier le chef de pôle devenu plus administratif que médecin.
Le malade est complètement réifié. Son avis importe peu et s’il a le malheur de vouloir exister, il n’est pas à l’abri de menaces[17]. Devenu un objet, plus il est silencieux, mieux c’est. Pas le temps ! c’est qu’on ne fait plus que courir après un matériel prêté au service d’à côté, une prescription, une réunion briefing debriefing et rebelote. Alors parler au malade, un luxe de l’ancien temps. On aimerait bien, on a choisi ce métier pour cela. Erreur fatale ! Dieu informatique passé par là. Il y a de l’argent pour des ordinateurs, d’énormes programmes qui ne verront jamais le jour, mais pas pour des couches de rechange, des seringues et encore moins des embauches. Ne parlons pas des masques ou surblouses, vous connaissez la chanson.
Au passage, l’acte médical proprement dit n’est pas côté, l’examen clinique, l’interrogatoire, le temps d’écoute, ne sont pas valorisés en termes de T2A, malgré les réclamations des cliniciens, des psychologues etc. Tout ce qui se conte, comme l’Histoire du patient son vécu, ne compte pas. Nouveau monde des chiffres, mais pas du conte. D’ailleurs on a quasiment supprimé l’étude de la philosophie dans le secondaire, car la réflexion peut être contestataire, et peu de médias s’en sont émue[18].
Mais c’est bien antérieurement que la médecine clinique a disparu des esprits, l’étude et la publication sur la membrane de la drosophile étant bien plus valorisée dans votre épreuve de titres pour votre carrière que des publications sur vos malades humains… Le mythe de la technologie passée de simple d’outil à but unique permanent.
Pour un avenir hospitalier apprendre à coder est plus important qu'apprendre à soigner
Les internes arrivés plein d’enthousiasme à l’hôpital déchantent vite et subissent rapidement le harcèlement des ainés prompts à leur déléguer ces tâches administratives et à les sermonner s’ils n’obéissent pas au doigt et à l’œil. Le désespoir, voire les suicides de trop de jeunes médecins cassés ont défrayé la chronique ces dernières années, mais trop peu de temps, et vite oubliés. Et la transformation de l’hôpital en usine à fric, a été trop rarement et peu explicitée, alors qu’elle constitue la base du désenchantement et de l’abandon parfois de la vie même (après tant d’efforts pour le concours d’entrée ).[19]
« Bien recueillir l’information pour bien la coder et bien facturer l’activité de l’hôpital : tels sont les enjeux de la professionnalisation du codage des actes, dans le cadre de la tarification à l’activité (T2A). Que signifie « coder » ? Il s’agit de traduire en code, grâce à la nomenclature CIM-10[20], les diagnostics médicaux, principal et associés, qui décrivent la ou les pathologies pour lesquelles le patient a été hospitalisé. [21]
L’établissement reçoit ensuite un financement en fonction d’un « panier moyen d’actes » correspondant à la prise en charge. Les enjeux sont vitaux : si le codage est optimal, l’hôpital obtiendra des ressources conformes à son activité ; en cas d’erreur, il enregistrera une perte nette. »
Les erreurs liées à l’absence d’information donnée aux codeurs coûtent chers à l’hôpital et vous imaginez la pression de la direction. Le temps passé à cette tâche est important. Dans notre unité de cancérologie pédiatrique, entre 2010-2014, nous passions un long après-midi hebdomadaire à revoir les dossiers avec la TIM, heureusement adorable, pour tenter d’oublier le moins possible d’informations. Nous étions deux à trois médecins selon notre disponibilité, tentions d’utiliser ce temps pour revoir d’un point de vue médical l’observation, mais clairement nous n’étions pas auprès des patients pour parler avec eux, entendre leurs angoisses, les réexaminer pour suivre l’évolution, etc.
Exemple d’erreur donné par le Pr Moulinier : « opacité para-hilaire droite » (tâche sur le poumon), la facturation peut varier entre 3 583,05 euros et 13 916,26 euros, selon les codes retenus. A l’échelle d’un hôpital de 1 700 lits, le manque à gagner peut atteindre 6 à 12 milliards d’euros. La professionnalisation du codage s’avère donc fondamentale, avant tout d’un point de vue financier ». En oncologie, il ne fallait pas oublier une infection urinaire, un trouble du rythme ou une boiterie…
Mais surtout l’usage de certaines nouvelles drogues était valorisé et l’information retrouvée par la pharmacie de l’hôpital interrogé par les techniciens du codage.
Aucun service n’est épargné par cette perte de temps « médical ». Encore une pression indirecte pour forcer les cliniciens à prescrire les « molécules innovantes » beaucoup plus onéreuses pour la sécurité sociale, mais que les hôpitaux ne paient pas directement grâce à une autre invention perverse, la liste en sus qui permet de faire payer directement les labos par la sécurité sociale sans passer par l’hôpital.[22]
Le codage a commencé au début des années 80
Cette date est symbolique, car elle montre l’époque à laquelle la France a sombré dans l’économie de marché y compris pour les services publics et l’hôpital. Apparue en 1982, les premiers codages plus légers qu’actuellement relevaient du Programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI), déconnectée de toute notion de tarification. On nous rodait à la « gestion » ...
A partir de l’instauration de la T2A, en 2004, le codage a progressivement servi d’outil pour financer les hôpitaux sur la base de leur activité en médecine, chirurgie, obstétrique, odontologie (MCOO). Aujourd’hui, la T2A représente 75 % des recettes des hôpitaux.
« Nombre d’établissements croulent sous les déficits et ont du mal à investir en dépit de la qualité de leurs gestionnaires. Les médecins parmi les plus éminents désertent de plus en plus. Les carrières hospitalières autrefois si prestigieuses n’attirent plus. "Burn out" et démissions se succèdent chez les soignants. La course à l’échalote sans fin imposée par la T2A a fini par épuiser les meilleures bonnes volontés »[23].
Tout est dit dans « qualité des gestionnaires », inversement proportionnels aux yeux des médecins, des vrais, ceux qui n’ont pas changé leurs blouses pour le costume cravate du diplômé d’HEC ou d’un cabinet ministériel qui recase volontiers ses sortants dans les directions hospitalières dont l’inflation est vertigineuse.
Les cris et hurlements des manifestants qui se multiplient font promettre à chaque élection (2012, 2017) la suppression de la T2A sans jamais l’appliquer.
Les plans de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) du quinquennat socialiste mettra fin à l’irréaliste convergence tarifaire entre le public et le privé. Au fil des PLFSS qui suivront, plusieurs ajustements seront opérés pour mettre fin au "tout T2A".
Mais les gouvernements successifs ne veulent pas renoncer à cet outil comptable qui colle si bien avec leur mode de penser. Agnès Buzyn ne veut pas remettre en cause la T2A, mais en ramener la part à 50% du financement des hôpitaux en 2022 ! Impossible réforme avec ces politiques qui vont tous dans le sens de l’hôpital entreprise et du rendement maximal.
Il faudrait abandonner la T2A mais les bureaucrates y tiennent dur comme fer et même si E Macron l’a évoqué dans son discours du 12 mars, il ne faut pas rêver. Alors qu’il avait promis en avril 2020 d’améliorer les conditions de travail à l’hôpital, de nombreux lits et de postes de soignants ont été supprimés cet été et le prochain plan de financement promet encore 1.4 milliards € d’économies pour l’an prochain. Et cela est annoncé en même temps que le président décide un couvre-feu pour limiter, pense-t-il ou fait-il croire l’épidémie car les hôpitaux manquent de lits du fait de sa politique et de celle de ses prédécesseurs
Evidemment on n’embauche pas alors que 34 000 infirmiers auraient démissionné cet été. Ils seraient prêts à revenir à condition de respect par leur hiérarchie et de salaires alignés sur les salaires européens. Impossible ? Pas d’argent magique alors que le plan de relance dispose de 10 milliards €. Mais en tuant l’économie par des mesures soi-disant sanitaires (parfaitement inefficaces) on va en perdre beaucoup plus. Mais chacun ses objectifs.
Le règne sans partage de la bureaucratie qui tue notre système de santé
Afin que vous touchiez du doigt la complexité de notre mille-feuilles (mais les feuilles sont très entremêlées …), voici les informations recueillies sur le site AMELI de la sécurité sociale :
« Lors de la mise en place du contrôle externe de la tarification à l'activité (T2A), un guide afférent à cette activité a été diffusé aux établissements de santé, aux agences régionales de l'hospitalisation (ARH) et aux médecins contrôleurs. Il a été mis en ligne sur les sites de l'Agence technique de l'information et de l'hospitalisation (Atih) et de l'Assurance Maladie. Il a été actualisé au fur et à mesure des évolutions réglementaires. Une refonte du guide a été engagée à la suite de la publication de la loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009, puis du décret n° 2011-1209 du 29 septembre 2011 modifiant les dispositions relatives au contrôle de la tarification à l'activité.
Ce guide est élaboré par le groupe national de suivi du contrôle externe de la tarification formé de la Direction générale de l'offre de soins (DGOS), de la Direction de la Sécurité sociale (DSS), de l'Agence technique de l'information sur l'hospitalisation (Atih) et l'Union nationale des caisses d'assurance maladie (Uncam) dans le cadre d'une concertation avec la Fédération hospitalière de France, la Fédération de l'hospitalisation privée, médecine, chirurgie, obstétrique, Unicancer, la Fédération des établissements hospitaliers et d'aide à la personne et des médecins contrôleurs.
Il s'adresse aux membres de la commission de contrôle des agences régionales de santé (ARS), aux unités de coordination régionale, aux directeurs d'établissements, aux caisses d'assurance maladie, aux médecins contrôleurs et à toute personne désireuse d'obtenir des informations sur la procédure du contrôle externe de la tarification à l'activité. »
Mais il apparait encore une structure « Ce guide a fait l'objet d'une validation par le directeur général de la Cnam, en concertation avec les fédérations hospitalières, lors de la réunion de l'Observatoire économique des établissements de santé qui s'est tenue le 11 avril 2018. » Honnêtement comment s’en sortent-ils dans cet enchevêtrement d’organismes et combien de réunions inutiles et chronophages ? Pas étonnant que les synthèses qui en sortent à utiliser pour le codage de base soit complexe. Combien de personnels utilisés à ces tâches purement administratives pour tenter d’économiser trois sous puisque finalement la tarification à l’activité avait pour ambition de remplacer le « budget global » attribué à chaque hôpital annuellement et qui ne marchait pas si mal.
En tout cas vu le cout de la T2A, il n’y a pas photo.
NE PAS REDUIRE LE CODAGE HOSPITALIER AU FINANCEMENT
Le codage PMSI[24] qui permet la tarification à l’activité permet aussi de faire des statistiques intéressantes. Vu le contexte actuel nous vous rapporterons ici les conclusions d’une étude publiée en septembre 2020[25] à propos de la grippe.
Etude des grippes en France entre 2010 et 2018 ET LE FARDEAU HOSPITALIER selon les termes de l’article
« Les virus grippaux sont responsables d’épidémies saisonnières affectant 2 à 6 millions de personnes chaque année en France. Par suite de la grippe, les personnes vulnérables sont particulièrement à risque de complications, rendant difficile l’estimation de l’impact global de la grippe au niveau hospitalier. L’objectif de l’étude est d’estimer le fardeau hospitalier de la grippe en France entre 2010 et 2018, par deux approches complémentaires : fardeau direct, par dénombrement des séjours avec un code diagnostique de grippe ; et fardeau attribuable, par quantification de l’excès d’hospitalisation en période épidémique de grippe.
Le nombre d’hospitalisations pour grippe, leur coût et les caractéristiques des patients ont été décrits de 2010 à 2018 à partir de la base de données des hôpitaux français (données PMSI). Cette analyse a été complétée par une approche écologique pour estimer l’excès d’hospitalisation attribuable à la grippe. Des modèles de régression cyclique ont été développés intégrant différents paramètres (tendance, saison, incidence de syndromes grippaux [donnée du réseau Sentinelles]).
Résultats : Le nombre moyen d’hospitalisations pour grippe était de 19 280 par saison [min : 8 627 ; max : 44,024] avec une durée moyenne de séjour de 8 jours. Les patients âgés de 65 ans et plus ayant fait face à des séjours plus longs (11 jours) représentaient le plus grand volume d’hospitalisations : 57 % des journées d’hospitalisation en moyenne (de 17 % pour la saison pandémique 2009/10 à 80 % pour la saison 2016/17) avec un taux de ré hospitalisation de 29 % à 90 jours après la sortie.
Concernant l’impact attribuable à la grippe, en moyenne, 32 424 hospitalisations respiratoires en excès étaient attribuables à la grippe par saison [min : 13 075 ; max : 48 672]. Les patients âgés de 65 ans et plus représentaient 68 % de ces hospitalisations. Le coût moyen des hospitalisations pour grippe était de 79M€ par saison [min : 26M€ ; max : 209M€], le coût moyen d’une hospitalisation pour grippe étant de 4084€.
Le coût moyen des hospitalisations respiratoires en excès attribuables à la grippe était de 140M€ par saison [min : 52M€ ; max : 217M€], les patients âgés de 65 ans et plus représentant 78 % de ces coûts.
Conclusion : La combinaison de deux approches complémentaires a permis d’estimer le fardeau hospitalier attribuable à la grippe en France. Ces résultats rappellent que la grippe représente un véritable enjeu de santé publique et économique avec un impact majeur à l’hôpital, particulièrement marqué dans la population âgée de 65 ans et plus. »
La grippe en France entre 2010 et 2018
Dans le contexte de dramatisation des syndromes respiratoires attribués au coronavirus, il nous a paru important de rapporter ces statistiques sur la grippe dans notre pays. Il est frappant de noter que 2 à 6 millions de citoyens sont atteints par cette grippe annuelle dans la dernière décennie. Il parait d’autant plus étonnant qu’en 2020 il y ait si peu de grippes notifiées faisant évoquer une confusion possible de nombreux cas avec des affections respiratoires liées au coronavirus.
La deuxième remarque concerne le nombre d’hospitalisations de près de 20000 et concerne en priorité de plus de 65 ans. Il sera difficile de démêler les hospitalisations liées à la grippe ou au coronavirus et à la complexité d’infections conjointes.
Les compensations financières pour les médecins
Etant donné les commentaires calomnieux contre les paroles du Professeur Perronne, nous donnons ici les éléments trouvés sur le site de la sécurité sociale AMELI[26] qui expose simplement les mesures tarifaires mises en place en faveur des médecins libéraux. Nous ne les condamnons pas, mais prétendre qu’elles n’existent pas est mensonger. Le risque de dérives est par ailleurs évident.
« Des mesures tarifaires spécifiques sont mises en place pour accompagner et reconnaître l’engagement des médecins dans ce dispositif. La consultation ou téléconsultation d’un patient testé positif pourra donner lieu à la facturation de la majoration « pour consultation initiale d’information du patient et de mise en place d’une stratégie thérapeutique » (MIS) d’une valeur de 30 euros.
Cette majoration valorise l’annonce du test positif, la prescription des tests pour les cas contact proches (personnes résidant au domicile du patient), l’information donnée au patient sur les mesures barrières, l’enregistrement sur amelipro dans l’outil « Contact Covid » du patient et des cas contact proches (personnes partageant le même domicile que le patient). »
« Si le test est positif, au moment de la seconde consultation, au cours de laquelle est annoncé le résultat du test, le médecin peut facturer la majoration MIS. Cette seconde consultation est prise en charge à 100 % par l’assurance maladie obligatoire. C’est à cette occasion qu’il convient de valider dans le téléservice « Contact Covid » la fiche du patient 0 et d’enclencher la démarche de contact tracing.
A noter : si le médecin renseigne dans l’outil « Contact Covid » les informations utiles permettant de recenser et de contacter les cas contact hors domicile, il peut facturer à ce titre une consultation. Cette consultation facturée (G, GS ou CS + MPC) doit être réalisée à tarif opposable et avec l’exonération div 3 renseignée.
Consulter la fiche précisant les modalités de facturation de la consultation en fonction de la spécialité (généraliste ou spécialiste) et du secteur conventionnel (secteur 1, 2 Optam ou hors Optam) ».
En ce qui concerne les hôpitaux et la T2A à la suite du Covid, la transparence ne règne pas.
Communiqué de l’ARS de la Réunion
« Les établissements de santé publics et privés sont financés par tarification à l’activité. La crise sanitaire actuelle ayant fortement impacté leur activité, le gouvernement a souhaité préserver les recettes de ces établissements par un mécanisme de garantie de financement (arrêté du 6 mai 2020). Cette garantie est en cours de mise en place pour l’ensemble des activités réalisées par tous établissements de santé publics et privés et sera opérationnelle d’ici fin juin 2020. »
A nos lecteurs d’alimenter l’information manquante.
[1] https://blogs.mediapart.fr/jean-marc-b/blog/040720/castex-monsieur-t2a-casseur-de-l-hopital [2] http://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/les-contes-de-segur-revus-et-corrige par O. Veran [3] Une étude anglaise montre que les localités qui ont subi cette punition ont vu l’épidémie se propager sur leurs territoires sans ralentissement [4] Plus de 59% serait en Burn out [5] Nos infirmiers frontaliers passent chaque jour en suisse ou au Luxembourg pour travailler dans de meilleures conditions. [6] Le 15 octobre 2020 chez Andre Bercoff 12-14 H [7]Lire https://ripostelaique.com/bombe-aux-usa-seuls-6-des-morts-attribues-au-covid-seraient-decedes-du-covid.html [8] Nous l’évoquions déjà en mai https://ripostelaique.com/covid-19-comment-ils-ont-gonfle-les-chiffres-pour-mieux-terroriser-les-peuples.html [9] Lire en totalité le papier de FINANCES | 01/03/2013 Hôpital : le codage des actes se professionnalise Par Gazette Sante Social par Pr Laurent Molinier, directeur de l’information médicale au CHU de Toulouse [10] Technicien en informatique médicale [11] Directeur informatique médicale (vous savez bien que dans les hôpitaux publics, il y a des directeurs pour chaque sous-secteur …) [12] (En coutant plus à la sécurité sociale) [13] Chefs de pôle, qui tiennent sous la coupe en binôme avec le directeur de l’hôpital les autres chefs de service ou d’unités qui n’ont plus de cette fonction que le nom, tant le chef de pôle adoubé par l’administration récupère progressivement tous les pouvoirs, et se met au service de la bureaucratie. Ceux qui ont résisté ont dû rapidement abandonner ces fonctions, incompatibles avec la liberté médicale et le serment d’Hippocrate dans les faits, la vraie vie. Les textes fondateurs sont bien sûr plus softs. [14] Financiers [15] Devenus indépendants des médecins par la loi de 1991 dite loi Even qui instaure une double hiérarchie, médicale et paramédicale dont le but de fait est de mettre la branche paramédicale sous le joug bureaucratique qui s’installe depuis les années 80. Les soignants qui n’accepteront pas ce joug ne monteront pas dans la hiérarchie faute d’avoir le « profil ». [16] Ne relève pas de notre imagination mais tragiquement d’expériences personnelles [17] En cancérologie c’est par exemple : si vous refusez la chimio vous serez mort dans trois semaines ou bien vous serez sur liste rouge on vous appellera si on a le temps. Bien évidemment il y a des degrés dans la déshumanisation et les grandes structures sont les pires d’autant qu’ayant plus de personnel, le malade verra chaque fois un médecin différent qui n’aura pas le temps de « s’attacher ». Injonction moderne aux infirmières même proches des enfants, ne pas s’attacher, ce serait une faute professionnelle. Des robots d’un côté, des objets de l’autre, le rêve des bureaucrates qui ont pris le pouvoir dans la santé. [18] Lire René Chiche : la désinstruction nationale et ses posts sur la disparition silencieuse de l’enseignement de la philosophie dans le secondaire [19] Supprimé cette année sans que la suite ne soit très claire. Concours tous les trois ans ? [20] Etablie dans les bureaux des ministères au cours d’interminables réunions de professeurs éloignés des patients et des étudiants et résumée dans de gros bouquins de la taille de dictionnaires dans lesquels il faut retrouver votre patient…. [21] Par exemple : diagnostic principal cancer du poumon, diagnostics associés : hypertension, diabète, etc. [22] In SOIGNER OU OBEIR G et N Delépine fauves éditions 2016 [23] https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-le-virus-qui-acheva-la-t2a [24] PMSI : Programme de Médicalisation des Systèmes d’Information [25] Médecine et Maladies Infectieuses Volume 50, Issue 6, Supplément, September 2020, Page S164 RESP-10 Estimation du fardeau hospitalier direct et attribuable à la grippe en France à partir de la base PMSI F.Fouad1M.Lemaitre1F.Carrat2P.Crépey3J.Gaillat4O.Launay5A.Mosnier6G.Gavazzi7M.Levant8M.Uhart8 [26] https://www.ameli.fr/seine-saint-denis/medecin/actualites/patient-presentant-des-signes-du-covid-19-que-faire
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