COUVRE-FEU : une décision politique risquée sans fondement sanitaire avéré
De régime d'exception en régime d'exception (8 semaines d'"enfermement" des Français au printemps, 4 à 6 semaines de couvre-feu pour 20 millions de nos compatriotes maintenant), le pouvoir met les libertés publiques et individuelles entre parenthèses, porte une atteinte grave, sinon irrémédiable, à des pans entiers de l'économie nationale, tandis que le "quoi qu'il en coûte" continue à inspirer une gestion des deniers publics à la dérive.
Et tout cela, pourquoi ?
Au printemps, le confinement est intervenu parce que le pouvoir, empêtré en début d'année dans les marécages de la politique politicienne, avait été incapable de faire preuve de la moindre vision, de la moindre anticipation, alors même que l'épidémie était à nos portes. Il s'est trouvé ensuite contraint de recourir à un mensonge d'Etat indiscutable, en expliquant sans vergogne que le port du masque n'avait aucune utilité "en population générale", pour reprendre la formule répétée à l'envi. Et, contrairement à ce qui s'est passé en Allemagne, où les tests ont été préparés dès le mois de janvier, la France n'a pas été en mesure de procéder à des tests en nombre significatif lorsque le coronavirus a déferlé sur notre pays.
En cet automne, pour montrer qu'il prenait le plus grand soin de la population, le pouvoir s'est lancé dans une opération de tests sans limites, sans prescription médicale, sans bourse délier (mais entrainant tout de même quelques milliards de déficit supplémentaire pour la Sécurité Sociale !). Il importe peu au gouvernement que le résultat se fasse attendre 8 à 10 jours parfois ! L'essentiel, c'est de prouver que la France teste massivement. Sans être contredits, des infectiologues n'hésitent pas à qualifier l'opération de "délire total", et à parler de millions de tests "complètement bidons" fabriquant "une 2ème vague de faux positifs, de gens qui sont parfaitement bien portants".
Une simple comparaison des chiffres de la pandémie conforte cette analyse. Au 17 octobre, on relevait 68 entrées en réanimation, au lieu de 255 le 11 avril ; et les 89 décès du 17 octobre sont à rapprocher des 635 décès du 11 avril. Quatre fois moins d'entrées en réanimation, sept fois moins de décès. Certes, le virus continue à circuler, mais sans comparaison possible avec la vague du printemps.
Dans l'ambiance du moment, dans notre monde de surinformation qui produit tant de désinformation, ces témoignages échappent naturellement au plus grand nombre. Car ces scientifiques, qui ont le courage de leurs opinions, ne sont pas invités au journal de 20 heures ...
Il est grave, il est même totalement invraisemblable, que ce soit sur une base aussi fragile, et contestable, que le Président de la République -dans la main de son Conseil scientifique ? - ait pu décider un nouveau régime d'exception avec ce couvre-feu. "La raison a déserté la table de décision", commente, désabusé, un Professeur de médecine.
Monsieur Macron peut bien parler, et il parle beaucoup ! Ses Ministres peuvent bien occuper les écrans et les ondes pour faire entendre la voix du Journal Officiel de la République Française. La parole publique est discréditée, parce que la défiance est là. Alors que c'est sur la confiance entre le pays et le Chef de l'Etat que reposent les institutions de la Vème République. Une confiance qui ne peut se construire que sur un discours de vérité.
Signe de temps crépusculaires, à peine les éditorialistes avaient-ils commenté l'intervention télévisée du Président de la République qu'à l'heure du laitier, le lendemain, des perquisitions étaient réalisées aux domiciles et dans les bureaux des principaux protagonistes de la gestion calamiteuse de la pandémie du coronavirus.
Les Françaises et les Français ont mieux compris pourquoi, à l'Hôtel Matignon, Jean Castex avait succédé à Edouard Philippe, ce Premier Ministre qui "gérait son risque pénal", comme l'avait dit avec autant de délicatesse, d'élégance et ... d'imprudence, Emmanuel Macron à Philippe de Villiers.
Que le pouvoir prenne garde ! De la défiance à la colère, il n'y a souvent qu'un pas, et bien malin serait celui qui pourrait prédire la couleur des prochains gilets de la révolte des Gaulois réfractaires.
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