« Hold-Up », une œuvre de sédition
Terrifiés à l’idée de perdre le monopole du récit de la pandémie de Covid-19, le pouvoir et ses organes de propagande ont violemment réagi à la sortie du documentaire polémique « Hold-Up ». Quelques heures après sa mise en ligne sur Internet, les actes de censure sur les plateformes de diffusion et les articles à charge se sont multipliés, trahissant un sentiment de panique des autorités.
Et si c’était leur monde qui s’écroulait ?
« Quand le pouvoir économise l’usage de ses armes, c’est au langage qu’il confie le soin de garder l’ordre opprimant » écrivait Mustapha Kayhati en 1966, dans le dixième numéro de la revue « Internationale Situationniste ». Cinquante-quatre ans plus tard, en écho à l’ordre policier mis en place depuis le printemps au nom d’une épidémie virale, les médias menottent le langage. Comment garder le contrôle narratif d’un évènement qu’ils ne comprennent pas ? Simple : à coups de mot-valise (« deuxième vague », « rassuriste », « antivax »…) moulinés jusqu’à l’écœurement. Des mots de pure novlangue, absents de la littérature scientifique rigoureuse, dont ils assurent sur tous les supports, la viralité.
Ce 11 novembre, date de sortie du documentaire de Pierre Barnérias, les moutons de l’intelligentsia n’en avaient choisi qu’un seul : conspirationnisme (ou théorie du complot). Un mot répété en boucle, sur tous les tons, dont ils n’ignoraient pas la charge symbolique. Dans l’imaginaire collectif de la société moderne, le conspirationnisme est en effet associé aux « Protocoles des Sages de Sion », ce faux document qui a servi d’alibi, entre autres, aux délires antisémites des nazis. Il n’a d’ailleurs pas fallu longtemps pour qu’un journaliste crache le morceau en faisant l’amalgame. Ce fut Jean-Luc Mano, ressorti des cartons pour l’occasion, qui lâcha l’insulte suprême. En quelques heures, le point Godwin était atteint. Tout le reste fut à l’avenant. Jouant les arbitres des élégances, d’obscurs spécialistes du « complotisme » vinrent livrer leurs avis péremptoires sur les plateaux ou dans les colonnes des journaux. Reconvertis en commissaires politiques, les instances politico-médiatiques avaient déjà oublié la liberté d’expression qu’elles célébraient quelques jours avant. Comme quoi, le naturel revient vite au galop.
Le premier visionnage de « Hold Up » éclaire aisément leur dégoupillage. Pulvérisant le storytelling officiel, le documentaire dresse un constat implacable des mensonges, contradictions et scandales qui ont émaillé l’épisode pandémique depuis le mois de mars : l’interdiction de l’hydroxychloroquine sur la base d’une étude mondiale frauduleuse, la promotion du remdesivir (nouvelle molécule coûteuse, inefficace et néphrotoxique) portée par un efficace lobbying du laboratoire Gilead et de médecins médiatiques, le décret ministériel autorisant l’injection de Rivotril, la politique incohérente et inefficace de testing, le sketch des masques (inutiles… puis obligatoires), la remise en cause de la liberté de prescription des médecins généralistes et les pressions subies pour rester dans la ligne du parti…
Loin du catéchisme officiel, les intervenants (médecins, soignants, chercheurs, sociologues, politiques, experts…) offrent un regard critique sur la conduite de crise et réinjectent un point de vue hétérodoxe dans un débat scientifique soigneusement cadenassé depuis le début de l’épidémie. Les mesures coercitives, appliquées sous contrôle policier (confinement, couvre-feu, masques obligatoires…), trop souvent présentées comme des évidences sont ramenées ici à ce qu’elles sont véritablement : des arbitrages expérimentaux et aventureux, sans grande justification scientifique, à l’efficacité contestable et aux effets négatifs (économiques, sanitaires, psychologiques) jamais évalués et potentiellement colossaux.
« Hold-Up » identifie un point de bascule dans le déroulé du récit médiatique : l’affaire du Lancet sur laquelle la presse française s’est fracassée. Obsédée par la figure du Professeur Raoult, microbiologiste réputé mondialement qu’elle s’est acharnée à délégitimer tout au long de l’épidémie, elle a médiatisé à outrance, au mépris de toute prudence déontologique et de toute analyse sérieuse des faits, une étude scientifique contre l’hydroxychloroquine qui s'est rapidement montrée intégralement falsifiée. Comme l’affirmait le fameux aphorisme debordien : « Dans le monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux ». En confondant journalisme et règlement de comptes, en mêlant dangereusement faits scientifiques et dogmes idéologiques, la presse s’est fourvoyée dans un scandale planétaire et ses officines de fact-checking furent prises au piège de leur propre désinformation. Morale de ce naufrage historique : on ne remplace pas le journalisme de qualité par le Ministère de la Vérité.
Pour saisir le fonctionnement de la machine médiatique, « Hold-Up » s’attache à souligner le rôle crucial de son cœur nucléaire : l’AFP (Agence France Presse). Le 3 juin, lorsque le Lancet publie un « Expression of Concerns » à propos de cette étude dont l’intégrité scientifique semble désespérément battre de l’aile, l’AFP ne trouve rien de mieux que de tweeter un publi-reportage faisant la promotion du Remdesivir. Après l’incompétence journalistique authentifiée, la corruption ? Il faut dire que le système d’information en France ressemble à un étrange mélange entre la mafia soviétique et une coulisse de transmission des puissances d’argent. Et l’épidémie du virus SARS-COV-2 fut l’occasion de l’admirer dans sa splendeur réalisée. Le matériau : une pensée unique matraquée en mode endoctrinement, ne relayant rien d’autre que le point de vue du pouvoir et des laboratoires pharmaceutiques. Le matériel : de jeunes journalistes aux dents longues, branchés et opportunistes, ultra-actifs sur les réseaux sociaux et copinant sans gêne avec leurs alter-ego du monde scientifique, réunis sous la bannière des « NoFakeMed » (la plupart de ses membres n’étant même pas médecins). Selon la formule consacrée : qui se ressemble s’assemble. L’uniformité sociologique et idéologique des médias n’est pas la moindre explication dans son incapacité à comprendre les phénomènes sociaux. On vit ainsi France Culture convoquer un doctorant pour faire l’apologie de l’étude foireuse du Lancet, lequel s’illustrera quelques mois plus tard en publiant une méta-analyse bidon sur le même sujet. Un journalisme de complaisance, arrogant et médiocre, mais façon hipster.
Dans « The Big Short », beau film sur la crise financière de 2007, l’un des héros réalise l’imminence du krach immobilier américain en se confrontant violemment au réel : il rencontre une strip-teaseuse qui accumule avec nonchalance les crédits puis fait du porte-à-porte auprès de ménages endettés qui avouent ne plus arriver à rembourser leurs échéances. La planète finance, des traders aux agences de notation, sûre de ses modèles mathématiques, ne voit rien arriver. On connait la suite : l’effondrement. La médecine, comme l’économie, est victime d’une maladie très contemporaine : sa mathématisation. Quand Didier Raoult, interrogé à l’Assemblée Nationale, critique vertement les méthodologistes, son discours est inaudible à l’heure du tout-virtuel, des algorithmes et des modélisations. Il est pourtant fondamental puisqu’il rappelle que la médecine, contrairement aux mathématiques, n’étudie pas des objets abstraits mais du vivant. En cela, une étude observationnelle bien menée vaut bien mieux qu’une étude randomisée mal dessinée. Ainsi, lorsque le journaliste scientifique de France Culture, Nicolas Martin, affirme que « la randomisation est la seule méthode qu’on connaisse qui permette d’attester l’efficacité d’une molécule », il confond utilité et vérité. Mathématiser une science du vivant selon des concepts mal définis ne rapproche pas de la vérité scientifique. Ou pour le dire plus trivialement : repeindre en rouge sa Renault Twingo n’en fait pas une Ferrari Testarossa.
Cette faillite de la pensée critique au sein des élites (politiques, journalistes, experts…) a parfaitement été étudiée par l’historien et démographe Emmanuel Todd sous le prisme du système éducatif contemporain qui conduit à « une suraccumulation de conformisme et de crétinisme par obéissance aux consignes reçues depuis la petite enfance ». D’où la production d’une pensée unique, recouvert du vernis de « progressisme » dont ces élites n’interrogent ni les enjeux ni les implications. A ce stade, il est probablement utile de convoquer l’enseignement que nous prodiguait George Orwell au siècle dernier : « L’homme a besoin de chaleur, de vie sociale, de loisirs, de confort et de sécurité : il a aussi besoin de solitude, de travail créatif et du sens du merveilleux. S’il en prenait conscience, il pourrait utiliser avec discernement les produits de la science et de l’industrie, en leur appliquant à tous le même critère : cela me rend-il plus humain ou moins humain ? ».
Ce questionnement essentiel est précisément au cœur de « Hold-Up » qui n’hésite pas à opposer à la logique capitaliste des grands laboratoires pharmaceutiques une vision humaine et éthique de la santé. Comme l’explique Astrid Stuckelberger en ouverture du documentaire : « La politique sanitaire peut-être gouvernée par la logique de la maladie ou par la logique de la santé ». Le philosophe Ivan Illitch avait déjà averti que « l’entreprise médicale menaçait la santé » dans un ouvrage majeur paru en 1975 : « Némesis médicale ». Aujourd’hui, la situation est bien pire qu’à son époque. « Hold Up » s’attarde ainsi longuement sur la puissance de plus en plus considérable des Big Pharma, ces labos qui peuvent amasser des milliards de dollars par simples variations de cours de bourse et qui n’hésitent pas à pratiquer une intense activité de lobbying pour vendre à tout prix leurs nouvelles molécules. Le dévoiement d’une organisation internationale comme l’OMS est aussi abordée sous l’angle de ses fonds privés (comme ceux de la fondation Bill & Melinda Gates) qui ont acquis un poids énorme en son sein et influencent, de fait, les recommandations internationales sur les politiques de santé. Les intérêts personnels de Bill Gates et la priorité absolue qu’il donne à la politique de vaccination dans le monde entier avec tous les effets collatéraux que cela peut provoquer, sont ainsi sévèrement questionnés.
Et puisque la simple mention de l’influence de Bill Gates semble déclencher l’alarme incendie dans le cerveau des anti-complotistes de salon, il n’est pas étonnant qu’ils aient littéralement fondu les circuits lorsque furent abordés dans le documentaire le sujet brûlant du « Great Reset », le plan de déploiement de la 5G ou la recherche sur les nanoparticules. On imagine comment aurait été reçu aujourd’hui un essai comme « The Shock Doctrine » de Naomi Klein qui analysait en 2007 le lien entre les « désastres » (catastrophes naturelles, attentats…) et les violentes politiques néo-libérales qui en découlaient. Peut-être imaginent-ils encore qu’au forum de Davos, on chante l’Internationale ? Quelles que soient les maladresses de cette fin de documentaire, les procès d’intention envers son auteur ne pourront dissimuler longtemps son vrai projet, bien éloigné du complot : celui de décrire un monde qui se déshumanise à petit feu. Un constat qui rejoint celui de Michel Houellebecq qu’il exprimait déjà lors du premier confinement, lorsque les ravis de la crèche nous vendaient un idyllique « monde d’après » :
« Le coronavirus, au contraire, devrait avoir pour principal résultat d’accélérer certaines mutations en cours. Depuis pas mal d’années, l’ensemble des évolutions technologiques, qu’elles soient mineures (la vidéo à la demande, le paiement sans contact) ou majeures (le télétravail, les achats par Internet, les réseaux sociaux) ont eu pour principale conséquence (pour principal objectif ?) de diminuer les contacts matériels, et surtout humains. L’épidémie de coronavirus offre une magnifique raison d’être à cette tendance lourde : une certaine obsolescence qui semble frapper les relations humaines ».
N’en déplaise à ses détracteurs dont le gonflement des chevilles semble inversement proportionnel à celui de leur courage, le documentaire de Pierre Barnérias restera le premier qui aura eu l’audace d’affronter, seul contre tous, l’absurdité totalitaire qui se déploie sans résistance depuis mars 2020. L’Histoire se chargera de faire les comptes. Dans « La Société du Spectacle », son chef-d’œuvre de 1967, le stratège Guy Debord écrivait : « La critique qui atteint la vérité du spectacle le découvre comme la négation visible de la vie ; comme une négation de la vie qui est devenue visible ». Négation de la vie comme ce délire sadique de masquer 8 heures par jour des enfants de 6 ans pour masquer sa propre aliénation. Négation de la vie comme ces mesures autoritaires dignes d’un pays en guerre relevant davantage de la croyance religieuse que des bases élémentaires de la médecine. Face à ce « déferlement totalitaire de khmers blancs qui nous emmènent vers un monde invivable » comme le dénonçait récemment le Dr. Fouché, « Hold-Up » devient soudain une œuvre à la puissance séditieuse que la panique des autorités ne fait que trahir.
Et si la peur changeait de camp ?
Car nous étions nombreux à penser les simples mots que cette aide-soignante prononça un matin sur RMC, face à une Apolline de Malherbe éberluée : « Je n’ai plus envie d’obéir”.
Swank est un citoyen éclairé et non-aligné.
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