"Il était nécessaire de maintenir les écoles et université ouvertes"
Mutu K. IKAPI-IKAPI est enseignant en anglais LANSAD (IECI et Sciences Sociales) à l'Université de Versailles - Saint-Quentin.
Nous avons vécu une année scolaire entière sous la crise sanitaire. De près ou de loin, êtes-vous parvenu à suivre l’évolution de vos étudiants ?
La crise sanitaire a radicalement changé tous nos modes de fonctionnement et bien évidemment notre façon d’enseigner. Il a été donc difficile de suivre l’évolution de mes étudiants comme je l’aurais souhaité. Par ailleurs, à la différence des cours en présentiel pendant lesquels les étudiants qui ont des difficultés viennent souvent vers vous à la fin du cours, avec les cours à distance, lesdits étudiants avaient du mal à rester après le cours pour vous demander de revenir sur tel ou tel point. Ceci est dû, en partie, au fait qu’ils avaient parfois un cours virtuel qui s’enchaînait tout de suite après le vôtre. Une étudiante m’avait dit qu’elle avait du mal à suivre avec le nouveau mode d’enseignement (« cours en ligne ») et ne pensait pas avoir progressé malgré sa bonne volonté. Elle préférait largement les cours en présentiel.
Au grand dam de certains enseignants qui s’estiment mis en danger, le gouvernement a essayé tant bien que mal de maintenir les écoles et les universités ouvertes. Qu’en pensez-vous ?
Sans être en porte-à-faux avec certains de mes collègues, je pense qu’il était nécessaire de maintenir les écoles et universités ouvertes en prenant toutes les dispositions nécessaires pour que personne ne soit mis en danger. En effet, la fermeture des écoles peut avoir des effets négatifs sur l’apprentissage et le bien-être des apprenants. De plus, l’école à distance est un amplificateur des inégalités scolaires.
Quelles seraient selon vous les leçons à tirer de cette crise, sur le plan de l’enseignement ?
Cette situation nous a appris plusieurs choses et cela à tout point de vue. Sur le plan de l’enseignement, les écoles et universités n’ont pas souvent été prêtes au niveau de l’organisation des cours. Peut-être qu’à l’avenir, elles sauront mieux s’organiser, principalement au niveau des outils utilisés (plateformes collaboratives, etc.) par les enseignants. Cette crise nous a également enseigné l’importance de la socialisation des humains car, comme disait Aristote, l’homme est animal social. En effet, lorsque la sociabilité qui régit le rapport aux autres n’existe plus, l’homme perd quelque part son humanité.
Finalement, alors qu’on parle déjà d’éducation entièrement à distance, et même de professeurs robotiques, comment imaginez-vous l’avenir de votre métier ?
Même si je ne peux présager de l’avenir de l’enseignement, j’imagine mal une éducation entièrement à distance en France même s’il y a des universités aujourd’hui, principalement aux États-Unis, qui ont tous leurs cours en ligne et délivrent des diplômes. Quant aux professeurs robotiques, je ne pense pas que l’enseignant sera un jour totalement remplacé par un robot. Même si on a de plus en plus recours aux nouvelles technologies pour faire nos cours, il me semble qu’on aura toujours besoin du professeur-humain. Je ne crois pas à une robotisation totale de la société.
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