Le Rassemblement National en général et Marine Le Pen en particulier : un avis sur la justice à géométrie variable et à ajustements constants

Auteur(s)
Xavier Azalbert, France-Soir
Publié le 20 novembre 2024 - 09:00
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Le RN
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France-Soir, Pixabay, AFP
Le Rassemblement National en général et Marine Le Pen en particulier : un avis sur la justice à géométrie variable et à ajustements constants
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Et, cela, bien sûr, toujours dans l’optique de servir les intérêts privés des responsables du parti (Marine Le Pen en tête) et la ligne partisane du RN. Une propagande qui est aussi à géométrie variable et à ajustements constants. On l’a observé lors des deux dernières élections présidentielles, des législatives et es européennes, notamment concernant la sortie de l'Europe et de l'euro. Le divorce pour faute est passé subitement de « nécessité absolue » à simplement « envisageable ». Puis la séparation de corps à l'amiable a lentement glissé vers le « difficilement envisageable », pour passer à « inenvisageable ». Elle est aujourd'hui « totalement exclue », et carrément. Pourquoi ? Parce que les 23 députés européens que le RN avait à Strasbourg en 2019, sont devenus 30 en 2024. Et en bonus d'avoir raflé la mise au niveau comptable par le nombre de voix obtenues lors des élections européennes, ils sont  arrivés en troisième position en quantité d'argent acquise, coté financement des partis politiques officiel octroyé avec nos impôts, après l'élection présidentielle (première position) puis les élections législatives.

Ah ça ! Comme Alain Bashung l'a chanté s'agissant de la sienne : le RN est une « petite » entreprise qui ne connaît pas la crise (enfin depuis que Marine Le Pen en a pris le pouvoir. Et certains pourraient dire que les dettes étaient importantes au moment où le FN vendit le paquebot à Saint-Cloud). C'est une entreprise familiale qui s'en nourrit. (1)

Pardi ! Plus la crise est grave, plus les Français sont nombreux à voter le RN. Pourquoi ? Parce que le RN est unanimement désigné par les médias mainstream, comme étant le seul parti politique qui peut opérer la rupture avec le système, rupture nécessaire pour s'extraire de la crise. « Fallacieusement », ajoute un observateur politique qui n’en finit plus avec les déconvenues dans les médias français, surtout lorsque ceux-ci , « accusent Kennedy d’être antivax ! ou crient que Kamala Harris sera élue ».

Mais pourquoi les médias mainstream font ils cela, alors qu’ils sont aux mains du système ? Parce qu'en échange de cette désignation qui assure au RN une manne financière assez considérable (une grosse dizaine de millions d'euros par an, voire beaucoup plus si l’on prend la totalité des sommes versées aux élus), le RN assure, lui, au système, de pouvoir continuer à entretenir la crise. Cette crise économique entretenue artificiellement depuis 50 ans (2), grâce à laquelle les ultra-riches qui dirigent le système, accumulent des milliards sur le dos des Français. Une petite centaine de milliards chaque année depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron à l’Élysée.

Comment le RN procède-t-il pour assurer cela au système ?

En « se sabordant délibérément », déclare un des anciens du RN, (le pléonasme lui aussi est délibéré) à chaque élection présidentielle. (3) Ceci de trois façons opérées cumulativement.

Tout d'abord, justement par ces changements de positionnement aussi soudains que radicaux concernant les points principaux de son projet qu'étaient, jusqu'au premier tour de l'élection présidentielle de 2022, la sortie de l'Europe et la sortie de l'euro. Ces changements ont énormément fait fuir les Français mécontents du système, qui sans cela auraient voté pour Marine Le Pen lors de cette échéance cruciale.

Ensuite, lors du débat télévisé de l'entre-deux-tours, Marine Le Pen, candidate indéboulonnable du RN à la présidence de la République (car elle incarne cette pratique manifeste du sabordage), s'est efforcée de se montrer 100 % non crédible en chef d'État, « frolant le ridicule » n’hésitent pas à dire certains au sein du parti, et d'autre part, ne pas attaquer son adversaire sur les points qui l'auraient mis en porte-à-faux, à savoir ses liens avec le cabinet McKinsey, la gestion de la crise sanitaire, ainsi que les diverses affaires judiciaires qui ont marqué la macronie, affaire Brigitte Macron comprise qui fait de la France la risée à l’étranger, et facilite un motif de chantage éventuel.

Enfin, en dépit de la stratégie de « dédiabolisation » menée officiellement par le RN, depuis l'éviction de son fondateur emblématique, Jean-Marie Le Pen, intervenue pour en attester, des ténors du parti se chargent toujours, au moment opportun, de sortir la petite phrase « choc. » Une tirade certes moins politiquement incorrecte que les « Durafour crématoire », « On refera une fournée » et « Les chambres à gaz sont un détail de l'Histoire » du vieux menhir, mais qui suffit également à faire fuir des électeurs qui sans cela auraient voté pour la candidate du parti.

Et bien que niveau des petites phrases, ils aient réduit la voilure, c'est pour servir cette volonté manifeste de ne pas arriver au pouvoir, que Jordan Bardella aurait été intronisé président du parti. Hormis son sourire, excellent atout, son inexpérience professionnelle, son « extrême » jeunesse et son « adroite » façon de réciter, en guise de discours réfléchis et maîtrisés, des leçons visiblement apprises par cœur, font qu'il n'a aucune (ou alors pas encore) des qualités requises pour briguer l’Élysée, avec un tant soit peu de crédibilité aux yeux des Français. Jordan Bardella entretient ainsi idéalement la flamme tant de la non-crédibilité du RN à exercer le pouvoir que la non-crédibilité du candidat du RN à la fonction suprême. Et pour assurer le coup, il a ajouté les derniers changements radicaux de positionnement du RN que j'ai évoqués plus haut (ceux des élections européennes et législatives de 2024).

Mais revenons à l'essentiel du sujet du jour : le revirement à 180 degrés du RN concernant son point de vue sur la justice pénale française.

Voici ce qu'en disaient Marine Le Pen et Jordan Bardella avant que ne tombassent les réquisitions que le parquet a prises contre Marine Le Pen, et contre un RN qui désormais a pour Président « Jordy » (4) : une amende de quatre millions d'euros dont deux millions avec sursis contre le parti, et outre les condamnations à de l'emprisonnement requis contre d'autres responsables du parti, quatre ans d'emprisonnement dont deux ans ferme contre Marine Le Pen, et cinq ans d'inéligibilité.

Je commence par Marine Le Pen :

« La justice a reçu des instructions d'un laxisme absolu, qui fait que des délinquants, et parfois même des gens qui devraient être traduits devant la cour d'assises, font l'objet d'aménagements de peine. » (JT de France 2 le 3 avril 2017) : 

 « Le laxisme est une des plaies qui expliquent le déclin français. » (7 mars 2022)

« Il faut être beaucoup plus dur sur les peines. Il faut la certitude de la peine. Il faut arrêter avec les aménagements de peine. » (JT de TF1 20 avril 2022)

« Chaque délit, chaque crime, doit entraîner une peine. Chaque peine doit être sûre et exécutée. Exécutée. Ce qui n'est évidemment pas le cas. On ne peut pas multiplier les sursis. Le sursis, c'est une fois, et pas plusieurs fois. » (20 octobre 2023)

Et maintenant Jordan Bardella :

« Vous considérez, votre gouvernement considère que la fermeté en matière pénale, ça doit être une exception. Et bien, nous, nous considérons que ça doit être une norme. Ah oui-oui-oui ! Bien sûr. » (JT de LCI 6 juin 2021)

« Il y a aujourd'hui un sentiment de laxisme dans les décisions de justice. » (27 avril 2023 sur RMC)

Oui. Exactement l'inverse, donc, de la sévérité de la justice pénale française contre laquelle s'insurgent avec véhémence tous les ténors actuels du parti, Marine en tête, depuis ces réquisitions.

 

Et, n'oublions pas le plus important : les conséquences pénales qu'il y a lieu de tirer des faits reprochés au RN en général, et à Marine Le Pen en particulier, au regard de la loi pénale. Des textes de loi qui, pour la plupart, ont été votés par les parlementaires du RN.

Qu'importe que, comme elle le soutient, Marine Le Pen n'a tiré « aucun enrichissement personnel » du détournement de fonds publics (utilisation des émoluments des assistants parlementaires européens du parti pour financer le parti), ce détournement de fonds publics est « LA » réalité incontestable de ce dossier ! En cela, les conséquences pénales (amendes, peines d'emprisonnement et peines d'inéligibilité) doivent être assumées tant par le RN (personne morale coupable de ce délit) que par son responsable légal, pénalement, au moment des faits : Marine Le Pen.

C'est en tout cas la position du procureur de la République en l'espèce. Et, effectivement, s'il est patent que Marine Le Pen et Cie ont « piqué dans la caisse », les réquisitions prises sont 100 % raccords avec la loi pénale, compte tenu de la gravité des faits et du préjudice causé au corps social.

Présomption d'innocence dont ils bénéficieront jusqu'au prononcé du jugement que le Tribunal correctionnel va rendre, ainsi qu'en appel et en cassation (recours qu'ils exerceront s'ils ne sont pas relaxés), c'est exclusivement en référence aux propos tenus il y a quelques années dans cette vidéo, que j'ai employé ci-dessus le mots « piqué dans la caisse. » Une Marine Le Pen qui à l'époque était encore toute « neuve » en politique et qui pouvait encore invoquer vivement la « virginité » pénale de son parti (dénommé alors « Front National ») :

 

Oui. Oh, oui ! Heureusement pour les politiciens français (tous bords confondus) : les Français ont la mémoire courte.

Mais, gardons à l'esprit, la phrase de renom de Malcom X : 

« La presse a un pouvoir de l'image si puissant qu'elle peut faire passer un criminel pour une victime et montrer la victime comme un criminel. »

Alors rien n'est perdu ! 

Et par ailleurs avant que justice ne se fasse, le RN a bien indiqué avoir l'intention de voter une motion de censure sur le budget 2025 « si le pouvoir d'achat des Français est amputé ».  D'ici à ce que les médias ne fassent un amalgame et y voient une tentative de chantage du RN.... Il n'y a qu'un pas.

 

1) Un livre signé Anne Kling tend à cela de manière plutôt objective et ma foi très documentée : « Le RN : tout ça pour ça ! »

2) Quand une crise perdure sur des décennies, comme celle que la France connaît sans discontinuer depuis 50 ans, malgré tous les changements de gouvernement qu'il y a eu durant cette période, c'est qu'il ne s'agit pas d'une crise, en fait, mais d'un système politique. Le système politique grâce auquel, depuis 50 ans, les ultrariches qui l'ont mis en place à cet effet machiavélique ont accentué au possible l'emprise économique, juridique, policière et sociale qu'ils ont sur le peuple français.

3) Le RN s'est sabordé aussi lors des élections législatives de 2022 et de 2024, Marine le Pen et Jordan Bardella ne venant pas soutenir, en personne, des candidats du RN qui auraient été élus, si les deux têtes de gondole du RN étaient venues les soutenir sur le terrain, en participant à un de leurs meetings, ne serait-ce même qu'un bref instant. À savoir les candidats du RN qui ont été battus de très peu (moins de cinq points) lors du second tour de ces élections législatives.

4) « Jordy » Bardella: « Dur-dur d'être encensé !» Si-si. Même lorsqu'on est le protégé numéro un de Laurent Alexandre, chantre de la mondialisation par l'intelligence artificielle (comme Jordan Bardella ?), qui à ce titre est un autre farouche « anti-système », n'est-ce pas !?! « Lolo le cyborg » était présent à Paris, la semaine dernière, lors de la séance officielle de dédicaces de son fils spirituel. Un livre que de méchants conspirationnistes affirment éhontément avoir été écrit par son papa « humain amélioré ».

Laurent Alexandre

Comme dirait un grand ami, lui, du grand-père algérien de Jordan Bardella, « Hassan Céhef » (« Les Nuls ») : « C'est possible. » https://youtu.be/9En0JNrKYBO?si=IHGDMiUJiVJ6rkZ4 

On me souffle à ce sujet, mais peut-être est-ce une blague, que Laurent Alexandre est venu s'assurer à cette occasion, que Jordan Bardella ne disait pas trop de sottises durant la séance de dédicaces, tandis qu'il répondait aux questions des fans sur le contenu du livre, ce qui eût pu permettre de voir que ce n'est pas lui qui l'a écrit. Je vais enquêter.

NOTA : tout est parti d'une lettre anonyme. Aussi, comme Jordan Bardella se retrouverait de fait bombardé candidat du RN lors de la prochaine élection présidentielle, si Marine Le Pen est condamnée à une peine d'inéligibilité immédiatement exécutoire (à savoir nonobstant un appel qu'elle interjetterait en pareille occurrence), on pourrait légitimement penser que l'auteur de cette lettre anonyme est Jordan Bardella. Lui ou une personne qui a intérêt à ce que ce soit Jordan Bardella qui soit le candidat du RN lors de la prochaine élection présidentielle.

C'est en tout cas la réflexion qu'on a, si on s'emploie à répondre à la question que tout enquêteur chevronné se pose quand il y a eu malveillance : « à qui profite le crime ? ».

Un indice ? Jordan Bardella a été le premier à s'offusquer publiquement de ces réquisitions « assassines » contre Marine Le Pen (c'est elle qui l'a dit).

Or, au-delà d'une transposition en politique de la tradition qui, dans la mafia, veut que le successeur du parrain et qu'il l'a fait assassiner, soit présent en bonne place aux obsèques du défunt, on a là la somme toute une illustration hautement crédible, potentiellement, d'un élément de fait qui se révèle toujours avéré, lui, dans ce panier de crabes perpétuellement adeptes de l'inversion accusatoire quand ils sont pris la main dans le pot de confiture. La pertinence à chaque fois vérifiée de cet adage qui colle hélas parfaitement à tous ces bonimenteurs professionnels, lorsqu'ils s'offusquent publiquement contre tels faits (établis ou non) : « C'est la poule qui chante qui a fait l'œuf. »

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