De l'importance de l'exemplarité

Auteur(s)
Xavier Azalbert, France-Soir
Publié le 23 avril 2024 - 15:15
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De l'importance de l'exemplarité
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De l'importance de l'exemplarité
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De donner l'exemple.

« Le mauvais exemple est contagieux. » (Sophocle)

Donner l'exemple - le bon ! exemple - est fondamental si l'on veut pouvoir imposer une obligation ou une interdiction, à quelqu'un ou à tel groupe de personnes, Si tant est, évidemment, qu'on veuille pouvoir le faire légitimement, et avec un tant soit peu de crédibilité. C'est-à-dire sans choquer la morale, et sans passer sinon à coup sûr, et à juste titre, pour un guignol, une truffe, voire, carrément, un escroc ou pire.

En tout cas, normalement, c'est ce qui devrait être respecté par tous les donneurs de leçons, notamment les politiciens créateurs de normes que sont (en France) le président de la République, les membres du Gouvernement et les parlementaires. Tout particulièrement en droit pénal.

En effet, en tant que créateurs de normes, les obligations et interdictions que ces messieurs et dames décident dans l'exercice de leurs fonctions en droit pénal, premièrement, ils les imposent à un peuple français « tout entier » (ainsi qu'aux citoyens étrangers) dont, en théorie, ils sont les représentants, et deuxièmement, ils assortissent le non-respect de ces obligations et interdictions de sanctions lourdes de conséquences. Diantre ! Ces sanctions consistent, soit en des amendes d'un montant pouvant atteindre 1.500 euros (contraventions), soit en des amendes d'un montant pouvant atteindre 150.000 euros et une privation de liberté jusqu'à 10 ans d'emprisonnement (délits), soit des peines privatives de liberté allant de 15 ans de réclusion criminelle, à la réclusion criminelle à perpétuité (crimes). Et à ces peines privatives de liberté et amendes pour délits ou crimes, il peut être ajouté des peines complémentaires de moult natures : privation des droits civiques, retrait de l'autorité parentale, interdiction d'exercer telle profession, etc.

C'est grave. C'est très grave !

Malheureusement, en matière d'infractions pénales, ces messieurs-ci et dames-là sont loin, très loin d'être exemplaires. Notamment depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron, lui dont un clou du spectacle fut les sifflements qu’il a reçus devant des millions de téléspectateurs au Stade de France le 8 septembre 2023. J’en avais d’ailleurs fait un édito : « Dessine-moi un président qui ne se fait pas siffler au Stade de France ».

Mais soyons honnêtes, ce triste constat est effectif depuis très longtemps, nettement avant.

Précisément depuis que Tonton a fait montre en « institutionnalisant officieusement » la « Ripoublique » des copains. Ensuite, c'est allé de mal en pis.

Et si ce manque d'exemplarité nous paraît avoir une substantialité beaucoup plus importante sous l'ère Macron, c'est pour deux raisons. Premièrement, contemporains que nous sommes de celle-ci, nous sommes en plein dedans. Et deuxièmement, c'est vrai aussi que, vu le nombre astronomique de membres de la majorité présidentielle actuelle qui se sont retrouvés mêlés à des affaires pénales, c'est logique, quelque part, que « les Françaises et les Français » finissent par se dire, que le slogan que Coluche a sorti en 1981 à l'occasion de l'élection présidentielle, et qu'il soutenait être la devise de tous les politiciens français, ce slogan s'applique pleinement aux membres des gouvernements sous l’ère Macron :

« Un pour tous, tous pourris ! »

Diable !

Non seulement la liste des membres de la macronie mêlés à des affaires pénales est longue, mais, de plus, beaucoup de ses affaires sont pour le moins sordides, puisqu'elles concernent des faits qui sont qualifiés « crime » par la loi. Tilt !, ai-je récemment écrit.

En cela, les agissements de ses personnes sont désastreux pour l'éthique qu'on est en droit d'espérer patente chez les hommes et les femmes qui nous dirigent, l'illustration regrettable de ce proverbe « en un distique » (deux alexandrins) dont je vous ai déjà fait état dans cette rubrique :

« Les pires criminels, croyez-moi, souvent sont, les récriminateurs, les donneurs de leçons. »

Toutefois, en cette matière, y aurait-il une personnalité politique qui pourrait prétendre faire jeu égal avec Emmanuel Macron, ou qui même lui damner le pion et le faire passer pour un excellent exemple de l'exemplarité qu'on est en droit d'exiger en politique ? Après tout, un ancien président français est aussi empêtré dans des infractions pénales multiples et variées, de nature criminelle, entraînant ainsi un questionnement sur les actes qu'il a accomplis dans l'exercice de ses fonctions présidentielles. Je vous en reparlerai une autre fois, si ça vous intéresse. (1)

Mais revenons à nos dirigeants présents. Prenons par exemple Gabriel Attal.

À l'école, question respect de l'institution et de ses professeurs, il est très loin d'avoir montré le bon exemple. En atteste ce courrier qui a été adressé à ce sujet à ses parents tandis qu'il était lycéen.


Or, avant d'être bombardé Premier Ministre, fonction dans l'exercice de laquelle il affirme prôner « la tolérance zéro » (ça ne vous rappelle pas quelqu'un ?), Gabriel Attal a été ministre de l'Éducation nationale.

Bon, vous me direz, et vous avez raison, ce n'est pas au sein de l'Éducation nationale qu'il a montré ce mauvais exemple, c'est dans une école privée, où il a effectué toute sa scolarité.

Et en cela, à savoir en préférant le privé, il a donné le bon exemple à suivre, en France, si on veut que ses enfants échappent à l'usine à fabriquer des « mougeons » : il faut les mettre dans le privé.

C'est d'ailleurs ce qu'a fait celle qui lui a succédé à l'éducation nationale : Amélie Ouéda-Castéra. Pardi !

Faut pas déconner quand même. Lorsqu'on est payé cinq cent mille euros par an avec l'argent des gueux, si on met ses enfants à l'école des gueux, il y a outrage. Détournement d'abus de biens sociaux !

Et puis ils sont légion les anciens lycéens qui étaient des cancres à l'école, mais qui une fois adultes ont montré le bon exemple : Georges Brassens, Pierre Desproges, Léo Ferré, Claude Nougaro, Sim ou encore Carlos.
Le chanteur, attention, pas le terroriste !
Quelle preuve avons-nous que Gabriel Attal n'est pas de cette trempe-là ?
Non. S'il vous plaît, ne répondez pas tout de suite à cette question. Attendez que j'aie terminé.
Et puis, hé ! Et la présomption d'innocence ? Gabriel Attal y a droit tout autant que Benjamin Griveaux.
Oui. C'est un de ses prédécesseurs illustres, dans la fonction de porte-parole du Gouvernement, sous l'ère Macron. Celui qu'on a vilement accusé, lui, de faire partie d’un « gouvernement de branleurs », au prétexte inique qu'il a été le collaborateur de Dominique Strauss-Kahn, alors que lui a eu la décence de se retirer, quand il a été secoué par des attaques publiques odieuses.

Je dis « odieuses », car ces attaques ont été opérées « en dessous de la ceinture. » Après tout, c'est la vie privée. Donc « personne n'en a rien à foutre », eût pu dire Nassifatou Diallo, si elle n'avait pas eu la présence d'esprit, elle, de s'abstenir. De ne pas en rajouter une couche.

Et puis surtout Gabriel Attal vient d'avoir une idée merveilleuse. Si-si.

Afin de lutter contre ce fléau à tous les niveaux qu'est le trafic de stupéfiants, tout spécialement auprès des jeunes, il a annoncé que son Gouvernement allait déposer, très prochainement, un projet de loi visant à autoriser les forces de l'ordre (policiers et gendarmes) à effectuer des prélèvements salivaires sur la voie publique, afin de contrôler si les personnes testées sont positives au cannabis.

Des contrôles inopinés, à savoir au hasard ou selon le faciès, les vêtements, la couleur de peau, etc., et non pas, comme actuellement, cas unique prévu par la loi en l'état, si la personne est soupçonnée d'avoir commis une infraction sous l'emprise d'un produit stupéfiant.

Pour l'instant, on n'en sait pas plus. Néanmoins, l'initiative mérite d'être soulignée.

Diable !

Ce serait là une occasion fabuleuse pour nos parlementaires d'imposer, lors de l'examen de ce projet de loi, que l'exemplarité politique soit inscrite noir sur blanc dans la norme. À savoir en insérant dans le texte de loi que le Gouvernement déposera, un amendement édictant que tous les politiciens concourant à la création de la norme (loi, décret, ordonnance, arrêté), doivent se soumettre au moins une fois par an, à un test salivaire permettant de déterminer s'ils ont consommé un ou plusieurs produits stupéfiants dont la consommation est prohibée.

Et pareillement les magistrats, policiers, gendarmes et Cie : toutes les personnes qui, dans l'exercice de leurs fonctions ou détentrices de l’autorité publique, doivent montrer le bon exemple, puisque dans cet exercice, ils appliquent la loi.

Pas d'immunité en cette matière, ni présidentielle, ni parlementaire (nationale ou européenne).

Si je dis ça, c'est parce que, sous l'ère Macron, les politiciens qui concourent à l'édiction de la norme ont une fâcheuse tendance à s'exclure parfois du domaine ou du champ d'application des obligations et interdictions qu'ils imposent au peuple en droit pénal.

D'où, rappelez-vous, les guillemets, que  j'ai mis à « tout entier » au début de cet édito, dans cette phrase : 

« En tant que créateurs de normes, les obligations et interdictions que ces messieurs et dames décident dans l'exercice de leurs fonctions en droit pénal, premièrement, ils les imposent à un peuple français « tout entier » … /... » 

Tel fut le cas singulièrement durant la crise covid. Singulièrement, mais au pluriel, à savoir au sens qu'ils ont récidivé plusieurs fois. Les plus notables de ces fois-ci, les voilà. 

Le premier confinement : dans la loi qu'ils ont adoptée à la demande du Gouvernement portant là une décision du président de la République, les parlementaires ont fait préciser que les obligations et interdictions édictées par cette loi, ne s'appliquent pas au président de la République, aux membres du Gouvernement et aux parlementaires. 

Le second confinement : idem. Les deux couvre-feux : idem. Et la vaccination et le passe vaccinal : idem. 

Pour toutes ces décisions le « fais ce que je dis pas ce que je fais » primait. 

D'ailleurs cela s'applique à tous les parlementaires ou détenteurs de l'autorité publique qui prônent la transparence à qui veut l'entendre mais quand il s'agit de voter en faveur de la publication des contrats des vaccins ou de demander les échanges SMS entre Ursula von der Leyen et Albert Bourla, ils sont aux abonnés absents. On soumet donc la population à de nombreuses obligations déclaratives de transparence, mais ces dernières ne s'appliquent pas aux contrats dont le prix a été payé par les contribuables !

Ainsi, c'est à fort juste titre que deux Français, respectueux, eux, visiblement, du principe constitutionnel de l'égalité des citoyens devant la loi, ont posté sur X une vidéo dans laquelle, premièrement, ils félicitent chaleureusement Gabriel Attal pour cette initiative des tests salivaires inopinés, et deuxièmement ils lui suggèrent que tous les membres du Gouvernement s'y soumettent publiquement. 

Bravo à eux ! 

Car dans un cas comme dans l'autre, ça aurait du bon. Quels deux cas ? 

Ces deux cas-là. 

Premier cas : aucun membre du Gouvernement n'est positif au cannabis, et dès lors, on ne pourra que saluer leur probité ainsi établie en cette matière. 

Et deuxième cas : un ou plusieurs membres du Gouvernement sont positifs au cannabis, et dès lors, certes leur probité en cette matière sera mise à mal, mais Emmanuel Macron pourra ainsi opposer valablement à ceux qui affirment qu'il n'y a rien de bon à tirer du Gouvernement de Gabriel Attal, qu'ils se trompent. Que pour une fois, il y a du positif. 

Par contre, selon plusieurs de mes sources, sources qu'en tant que journaliste, je m'interdis de révéler, si c'est pour la consommation d’autres substances illicites (cocaïne, ecstasy,...) que ces fameux tests salivaires sont effectués, et que ceux qui sont positifs soient obligés de démissionner, il pourrait y avoir du vide dans les rangs des cabinets ministériels, à l'Assemblée Nationale, et au Sénat. Le Sénateur Guerriau s’en souvient

L’exemplarité du chef de l’Etat est reconnue. Il l’a d’ailleurs publiquement prouvé en rendant sa vaccination covid publique. Il n’y a donc aucun doute qu’il se soumettrait volontairement à ces tests pour montrer l’exemple. Cela permettrait d'éteindre les rumeurs. Toutes les rumeurs. 



(1) ces infractions découlent de la violation d'un texte de loi qui d'accord date de la Révolution (« loi du 6 Fructidor An II »), mais dont le caractère normatif appelé justement « avec force de loi » (c'est-à-dire qui s'impose en France avec la force d'une loi votée par le Parlement actuel ou adoptée par référendum), a été maintes fois confirmé, tant par le Conseil d'Etat que par la Cour de cassation. 

Mais bizarrement le Conseil constitutionnel a loupé de tenir compte de cette violation. Pourtant, cette violation est on ne peut davantage manifeste en l'occurrence. 

La preuve. Voici ce texte de loi : 

« Art. 1er. Aucun citoyen ne pourra porter de nom ni de prénom autres que ceux exprimés dans son acte de naissance : ceux qui les auraient quittés seront tenus de les reprendre. Il est expressément défendu à tous fonctionnaires publics de désigner les citoyens dans les actes autrement que par le nom de famille, les prénoms portés en l’acte de naissance, ou les surnoms maintenus par l’article II, ni d’en exprimer d’autres dans les expéditions et extraits qu’ils délivreront à l’avenir. » 

Or, le nom exprimé dans l'acte de naissance du Nicolas dont le dossier de candidature a été validé par le Conseil constitutionnel, ce n'est pas « Sarkozy », c'est « Sarközy de Naguy-Bocsa. » 

Et à l'inverse, c'est en application de cette loi du 6 Fructidor An II que ces deux fois-là ce n'est pas Nicolas « Sarkozy » mais Nicolas « Sarközy de Naguy-Bocsa » qui figure inscrit dans son diplôme d'admission au Baccalauréat, et dans son diplôme d'admission au Barreau de Paris en tant qu'avocat, deux actes officiels dans lesquels les fonctionnaires publics qui les ont rédigés ont désigné comme requis Nicolas par son véritable nom, son non véritable nom, et non pas avec un autre nom, ce faux nom qu'est « Sarkozy », dépourvu qu'il est du tréma sur le « o », et amputé aussi qu'il est de « de Naguy-Bosca », à savoir raccourci à Nicolas Sarkozy.

 Or, désolé, mais en droit français, ne serait-ce pas un faux ? Faux et usage de faux ?

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