La plage de Deauville aux couleurs de milliers d'enfants défavorisés
Avec leurs casquettes de couleur, leur joie de vivre, voire leur doudou, Mamoudou, Ahmed, Sarah et les autres ont déferlé mercredi sur la plage la plus huppée de Normandie, Deauville, pour une journée de vacances offerte à 5.000 enfants défavorisés d'Ile-de-France par le Secours populaire.
"Ouah, ça c'est de la mer. J'espère qu'elle est pas glacée. Ah non, c'est vrai, elle est jamais glacée la mer", lance Ayoum, 9 ans, en découvrant l'immense plage encore quasi déserte de Deauville, où certains de ses camarades se dandinent déjà avec enthousiasme en maillot de bain malgré la fraîcheur matinale. Il est à peine 10h30. Selon le Secours populaire, ils sont près de 5.000 à descendre des bus venus d'Ile-de-France pour leur seule journée de vacances de l'été, à quelques centaines de mètres des luxueux hôtels du front de mer et non loin des célèbres planches où défilent tous les mois de septembre les stars du festival du cinéma américain.
"Regarde le bateau, regarde la falaise. On dirait qu'ils sont dans le ciel, qu'ils volent" à l'horizon, lance Sarah, 11 ans à sa camarade. "C'est magnifique. On voit la mer de partout. Ca va être une journée de folie. J'étais partie en 2016 avec le Secours populaire. J'avais adoré. J'espérais revenir. Même si il pleut je voudrais revenir", explique à l'AFP la future collégienne. Elle vit avec sa mère qui ne travaille pas "mais s'occupe de ses enfants, et c'est déjà dur".
Le Secours populaire organise du 15 au 31 août 50 "journées des oubliés des vacances" (JOV) pour 50.000 enfants. "En France ce sont encore des centaines de milliers d'enfants qui ne partent pas en vacances, un sur trois" alors que la pauvreté "s'aggrave" de façon "extrêmement préoccupante", incluant désormais des chefs de petites entreprises, des retraités, signale à l'AFP la secrétaire générale du Secours populaire Henriette Steinberg.
"En Ile-de-France, nous avons eu 10.000 visites de jeunes supplémentaires" en un an, a détaillé Jean-Louis Durand-Drouhin, responsable du Secours populaire d'Ile-de-France, lors d'une conférence de presse à Deauville. "On est dans une situation qui est très grave" et "on manque de moyens".
Selon Mme Steinberg, 43% des bénéficiaires du Secours populaires sont des enfants. "Cette journée est très importante pour la dignité des enfants, l'estime d'eux mêmes. Il s'agit de leur donner le goût du bonheur, de l'espoir. Ils auront quelque chose à raconter à la rentrée", poursuit la numéro un du Secours populaire.
Le prix de la journée est nettement plus modique que celui du cheval acheté dimanche à Deauville par l'émir du Dubaï (1,6 million d'euros): 50 euros par enfant et la disponibilité des bénévoles (1.500 mercredi).
-"ça change de la piscine"-
"Deauville, c'est une fierté pour les enfants, une ville qu'ils n'ont vu qu'à la télé", ajoute Mme Steinberg.
Le bonheur est de fait une évidence sur cette plage de bambins colorés sautillant au soleil derrière les balles, ballons et autres bulles de savon au son des tambours. La température de l'air dépasse nettement les 20 degrés à la mi journée. L'eau est à 19.
"Cet été, jusqu'à aujourd'hui, j'étais resté chez moi. Aujourd'hui, j'ai l'air libre, je peux me balader, jouer avec d'autres gens alors que, chez moi, je suis enfermé", explique Mohamed, 11 ans, venu pour "faire du frisbee, me baigner, jouer avec les bulles de savon, courir, faire des jeux de sables et surtout, manger les glaces".
Pour Akram, 11 ans, "c'est bien, ça change de la piscine". Mais "il fait plus chaud chez moi. Ce serait bien si il y avait la mer à Paris", explique au sortir de l'eau cet enfant dont la famille est originaire des Comores. Derrière lui, des batailles d'eau vont bon train, rigoureusement encadrées par les lignes d'eau du Secours populaire.
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