L’armée israélienne accentue ses opérations dans le nord de Gaza, le Hezbollah affirme pouvoir “tenir bon”
L’armée israélienne poursuit son offensive au nord de Gaza, lancée depuis plus d’un mois. Mercredi, au moins 22 personnes ont été tuées dans cette zone de l'enclave palestinienne, qui a subi cette semaine une intensification des bombardements aériens. Tsahal poursuit ses opérations à Jabaliya et Beit Lahia au moment où l’OMS achève la seconde vague de vaccination contre la polio. Les espoirs de trêve de la semaine dernière ont vite été étouffés dans l'œuf, après le refus du Hamas d’un cessez-le-feu temporaire tel que souhaité par Tel Aviv et Washington.
Selon des médecins gazaouis à Reuters, au moins 16 Palestiniens ont été tués dans des bombardements dans la ville de Beit Lahia (Nord de Gaza). Ce bilan remonte à lundi dernier, le début d’une semaine meurtrière pour la population civile. Le ministère de la Santé du Hamas a accusé Tsahal de “bombarder et détruire” le seul hôpital en fonction dans le nord, l’établissement Kamal Adwan, cible d’une attaque qui a fait “de nombreux blessés parmi le personnel médical et les patients”. L’armée israélienne s’est justifiée en indiquant “opérer contre l’infrastructure et les agents terroristes dans le nord et le centre”.
Plus de 43 391 morts, l’UNRWA “vit son heure la plus sombre”
Mercredi, des médecins ont révélé à la chaine Al Jazeera la mort d’au moins 22 personnes dans des bombardements à Gaza, dont 14 au nord. Les frappes aériennes se concentrent surtout sur Jabalia, Beit Lahia et Nousseirat (Centre) dans la zone centrale de l'enclave. Dans la première localité le weekend dernier, L’UNICEF a déploré la mort de plus de 50 enfants en 48 heures. Tsahal a révélé mercredi avoir “éliminé environ 50 terroristes en 24 heures”, annonçant le début d’une opération à Beit Lahia.
Mardi, le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas a annoncé un bilan de 43.391 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec Israël il y a plus d'un an, ajoutant que 102.347 personnes avaient été blessées.
L’OMS a de son côté achevé la campagne de rappel de vaccination contre la polio, qui a touché plus de 500 000 enfants de moins de dix ans malgré la poursuite des combats. “Le rappel de la campagne de vaccination contre la polio dans la bande de Gaza s’est achevé hier, avec un total de 556 774 enfants de moins de dix ans ayant reçu une seconde dose de vaccin contre la polio”, a déclaré l’OMS dans un communiqué commun. Néanmoins, entre 7 000 et 10 000 enfants restent encore “vulnérables au virus de la polio”.
Le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus avait déploré samedi dernier une attaque contre un centre de vaccination, qui a fait six blessés, dont quatre enfants.
La situation sanitaire et humanitaire dans l’enclave palestinienne est d’autant plus inquiétante que l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), qu’Israël a décidé d’interdire, vit "son heure la plus sombre", selon son chef mercredi. “Sans intervention des Etats membres, l’Unrwa va s’effondrer, plongeant des millions de Palestiniens dans le chaos", a déclaré Philippe Lazzarini, demandant aux Etats membres de l’Assemblée [générale de l’ONU], qui a créé l’Unrwa en 1949, à "empêcher la mise en œuvre de la loi contre l’Unrwa" votée par le parlement israélien.
Tel Aviv a notifié lundi dernier à l’ONU "l’annulation" de son accord avec l’agence datant de 1967, année du début de l’occupation par Israël des territoires palestiniens de Cisjordanie et de Gaza, ainsi que Jérusalem-Est. L’Unrwa, accusée par Tel Aviv d’entretenir des liens avec le Hamas, a fourni pendant des décennies une aide essentielle aux réfugiés palestiniens aussi bien en matière d’éducation, de santé, de services sociaux que d’aide alimentaire.
"Aujourd’hui, je demande aux Etats membres d’agir pour défendre les réfugiés palestiniens et l’Unrwa", a insisté Philippe Lazzarini. Alors que l’agence a été créée par une résolution de l’Assemblée générale de l’ONU en 1949, "les changements du mandat de l’Unrwa sont du ressort de l’Assemblée générale, pas d’un seul Etat membre", a-t-il estimé.
Toujours aucun accord à l’horizon
Aucun accord de trêve ne se profile à l’horizon pour mettre fin à cette guerre et les derniers efforts des médiateurs, qui ont émis une proposition fin octobre, sont restés vains avant même la tenue d’un round. Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a déploré lundi dernier le refus du Hamas d’accepter une trêve temporaire dans la bande de Gaza, le mouvement palestinien estimant qu’Israël reprendra “son agression” une fois la trêve terminée.
Un pareil cessez-le-feu pourrait permettre à Tel Aviv de concentrer ses opérations contre le Hezbollah au Liban et ailleurs, à l’image de la Syrie. Les échanges de frappes aériennes et de lancers de roquettes se poursuivent toujours. Au moins 40 personnes ont été tuées mercredi 6 novembre par des frappes israéliennes sur l'est du Liban, notamment la ville de Baalbek. 53 autres personnes ont été blessées.
Selon le bilan de la veille, 3 050 Libanais ont été tués et 13 658 blessés depuis le début de la guerre à Gaza, cela fait 13 mois. Le 5 novembre, les autorités sanitaires ont fait état de 37 nouveaux morts et 105 blessés. Tout comme le Hamas, le Hezbollah ne se montre pas enclin à accepter une trêve à tout prix. Le nouveau chef du mouvement, Naïm Qassem, a déclaré mercredi avoir des dizaines de milliers de combattants “prêts” à affronter l'armée israélienne. Il a averti qu'aucun endroit en Israël “n'était à l'abri des missiles et drones” du mouvement.
"Nous avons des dizaines de milliers de combattants de la résistance entraînés qui peuvent affronter et tenir bon" face à Israël, a affirmé cheikh Naïm Qassem.
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