"Tout peut changer" : manifeste féministe à Hollywood (vidéo)

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France-Soir
Publié le 19 février 2020 - 12:30
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Geena Davis Film Tout Peut Changer
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©Alba Films
Intervenante dans le film, l'actrice Geena Davis en est aussi la coproductrice.
©Alba Films

SORTIE CINÉ – Le sous-titre du film pose la question: "Et si les femmes comptaient à Hollywood?". Le documentaire Tout peut changer, qui sort ce mercredi 19 février sur les écrans, est un manifeste qui dénonce la sous-représentation des femmes dans le cinéma américain, à tous les niveaux.

Le film, 5e documentaire du réalisateur Tom Donahue, alterne les extraits de films, les panneaux explicatifs avec chiffres et graphiques, et les témoignages de dizaines de personnalités d'Hollywood, notamment les actrices Meryl Streep, Cate Blanchett, Natalie Portman, Reese Witherspoon, Sharon Stone, Jessica Chastain ou Chloë Grace Moretz.

Un réalisateur masculin

Le fait que ce documentaire soit réalisé par un homme plutôt qu'une femme n'est paradoxal qu'en apparence. "En tant qu’homme réalisateur, j’étais totalement conscient de ma responsabilité en m’attelant à ce projet du fait qu’il y a beaucoup trop peu d’hommes qui s’expriment publiquement sur ce sujet", explique Tom Donahue, 51 ans.

Et d'ajouter: "Cela n’a fait que renforcer ma conviction que de vrais changements ne peuvent se produire que si les hommes prennent position en la matière. Comme le dit Meryl Streep dans le film, «le progrès se fera quand les hommes prendront position». (…) À mes yeux, ce film ne se veut pas uniquement une enquête sur la discrimination dans les rapports professionnels à Hollywood, mais une main tendue aux hommes pour qu’ils puissent, eux aussi, proposer des solutions".

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L'une des intervenantes du documentaire est l'actrice Geena Davis, qui a partagé avec Susan Sarandon en 1991 l'affiche de Thelma & Louise, le film très féministe de Ridley Scott. C'est en regardant la télévision avec sa fille de deux ans que Geena Davis s'est rendue compte de la faible présence de personnages féminins dans les dessins animés et émissions pour enfants, et qu'elle a décidé de créer en 2004 son Institute on Gender in Media (Institut Geena Davis sur les rapports entre les sexes dans les médias). De nombreux chiffres et statistiques mis en avant dans le documentaire, dont elle est coproductrice, viennent de son institut.

Les chiffres défilent, parfois effarants. Cette sous-représentation féminine a des conséquences dès l'enfance et l'adolescence. Et dans les deux sens: après la série des films Hunger Games et le dessin animé Rebelle, de nombreuses fillettes et adolescentes américaines se sont mises à l'arc, souligne le film. Et les personnages féminins dans les séries policières ont multiplié les vocations féminines dans le domaine de la médecine légale.

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Le documentaire emploie cependant quelques procédés faciles, comme d'opposer des extraits de films stérotypés "masculins" (guerre, westerns, violence) à des extraits de films stéréotypés "féminins" (lingerie, striptease, charme). Et il n'est pas nécessaire d'être un mâle hétérosexuel quinquagénaire sympathisant d'Harvey Weinstein et défenseur de Woody Allen et de Roman Polanski pour trouver au film d'autres défauts.

Cela vire en effet à une litanie de plaintes féminines, légitimes mais répétitives, comme un monologue à voix multiples qui ne va que dans un seul sens, sans contradicteurs ni débat –les patrons des grands studios ont refusé de répondre. Et à cette dénonciation de l'inégalité hommes/femmes se greffent d'autres causes militantes: la discrimination raciale et les stéréotypes dont sont victimes les actrices noires (on dit "afro-américaines" dans le langage politiquement correct), asiatiques ou latino-américaines; le traitement réservé aux handicapés et aux minorités sexuelles; les méfaits de la politique de Donald Trump; et bien sûr le mouvement #MeToo.

Un seule femme réalisatrice a obtenu l'Oscar du meilleur film

Mais si cela part un peu dans tous les sens –tout en restant monocorde–, il n'en reste pas moins vrai que les faits et les chiffres sont là, certains connus (un seul film réalisé par une femme a reçu l'Oscar du meilleur film dans l'histoire d'Hollywood: en 2010, Les Démineurs, de Kathryn Bigelow –qui bizarrement brille par son absence dans ce documentaire), d'autres moins connus et tout aussi édifiants.

On apprend beaucoup de choses dans Tout peut changer, notamment que le passage du cinéma muet au cinéma parlant, dans les années 1930, a été le moment charnière où les hommes ont pris le pouvoir à Hollywood et ont relégué les femmes à un rôle secondaire. Près d'un siècle plus tard, celles-ci prennent –vraiment– la parole, dans l'industrie du 7e art comme dans l'ensemble de la société, pour revendiquer leur vraie place. Avec la conclusion énoncée par Geena Davis: "Ce qui est bon pour les femmes l'est pour tout le monde".

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