L’absence de surveillance des patients covid-19 : une faute qui aura tué. Un procès à venir ?

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Le Collectif Citoyen, pour FranceSoir
Publié le 19 décembre 2022 - 18:50
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Patient atteint du Covid-19.
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AFP
"Le doliprane à la maison d’un côté, les traitements précoces de la maladie de l’autre."
AFP

TRIBUNE - L’épidémie de Covid-19 aura été celle de toutes les controverses, opposant en premier lieu les partisans de dogmes médicaux qui relèvent de la croyance plutôt que de la science (confinement, vaccin, tests PCR, masques…), à ceux qui privilégient la raison, les faits, le doute, le bon sens et qui placent avant tout l’Homme au centre de leur réflexion. Schématiquement, le doliprane à la maison d’un côté, les traitements précoces de la maladie de l’autre. 

Ne nous faisons pas d’illusion : la controverse autour de ces sujets qui suscite des débats passionnés, durera encore plusieurs années avant que toute la lumière puisse être faite sur les traitements précoces, la vaccination, les conditions précises de l’utilisation du Rivotril, l’utilité des masques et l’efficacité des confinements.

Pour l’heure, l’objet de la présente réflexion se porte sur un scandale indéniable qui devrait normalement faire consensus et provisoirement réconcilier les deux « camps » : le renvoi chez eux des patients infectés à la Covid-19 sans autre « traitement » que du Doliprane (paracétamol) dont les effets chez ces malades sont potentiellement néfastes. Avertis sans ménagement « d’appeler le 15 » en cas de difficultés respiratoires, ces patients restaient confinés chez eux sans surveillance. De cette politique, découle de notre avis l’essentiel des morts. 

Pourquoi cette absence de surveillance des patients atteints par le Covid-19 a-t-elle été à la fois si préjudiciable et si impardonnable ? 

  • Rappelons tout d’abord que dans le cadre de l’ancien concours de l’internat en médecine, l’oubli de la surveillance d’un malade se soldait par un zéro automatique
  • Mettre en place un système de surveillance des patients à leur domicile aurait pourtant été très simple et peu onéreux.
  • Et plus spécifiquement, dans le cadre de la Covid-19, l’oubli de surveillance pourrait être constitutif d’une faute lourde.

Il est pourtant capital de surveiller le taux d’oxygénation des malades infectés à la Covid-19. Bien que systémique, la Covid-19 est une maladie en premier lieu respiratoire. À un premier stade de réplication virale, peut succéder une seconde phase inflammatoire (cytokin storm ou orage de cytokines), où le virus n’est plus détecté, et au cours de laquelle apparaissent des lésions pulmonaires pouvant mener à un syndrome de détresse respiratoire aigu (SDRA) puis au décès. Le problème est le suivant : l’hypoxie heureuse, qui a été documenté dans trois articles scientifiques (1, 2 et 3). 

Très simplement, le patient ne ressent pas la baisse d’oxygène dans le sang et pense aller bien. Quand il ressent finalement la baisse d’oxygène et présente des difficultés respiratoires, il peut souvent trop tard : le patient est proche de la réanimation et de la mort. Cette hypoxie heureuse s’explique notamment par un effet « shunt » pulmonaire qui fait que le taux de dioxyde de carbone ne s’élève pas comme il devrait logiquement le faire lors de l’apparition des lésions pulmonaires. Or, le dioxyde de carbone est le principal stimulus respiratoire (quand son taux s’élève). Ajoutons que cette hypoxie heureuse serait grevée d’un mauvais pronostic (4, 5).  Elle doit être détectée précocement (6). 

Tout ceci ne porterait évidemment pas à conséquence s’il n’y avait pas de traitement de cette phase inflammatoire. Or il y a des traitements qui doivent être mis en œuvre le plus tôt possible  ! 

  • Hospitalisation 
  • Oxygénothérapie non invasive ou invasive 
  • Corticothérapie 

Il est établi que le traitement par cortisone améliore le pronostic et diminue morbidité, taux d’intubation et mortalité (7, 8, 9, 10). 

L’oxygène agirait contre l’orage de cytokines et doit être précocement instaurée (11). 

Ces traitements doivent être très précisément instaurés en cas de baisse significative du taux de saturation du sang en oxygène. 

Or, du fait de l’hypoxie heureuse, on ne peut absolument pas se fier au ressenti du patient ni parfois à l’examen clinique ! Il faut disposer d’une mesure du taux d’oxygène sanguin, à l’aide d’un saturomètre de pouls, pour déterminer le moment du début du traitement et ne pas avoir de retard (12). 

Les patients n’ayant pas bénéficié de surveillance à domicile et présentant une hypoxie heureuse se sont donc aggravés : 

  • Sans s’en rendre compte, 
  • Privés d’un traitement d’efficacité prouvée et faisant consensus (oxygène et cortisone).

Au total en France, il y aura eu 35,9 millions de positifs et 154 000 décès rapportés. Il y aurait selon les études de 4,8 à 65 % (globalement 6%) des patients présentant une hypoxie heureuse avec une mortalité de 1 à 45 % (globalement 2 %). 

Cette absence de surveillance par oxymétrie, a plus que probablement contribué à une mortalité accrue, alors que c’était évitable. 

La surveillance de la saturation est pourtant aisée. Il suffit d’enfiler une sorte de bague au bout du doigt, et de lire le résultat… l’appareil est disponible en pharmacie. Le prix est faible (de 20 à 30 euros), surtout au regard de ce qu’a coûté le « quoiqu'il en coûte » qui aura ruiné une économie déjà en ruine ; de plus, on imagine qu’un système de location aurait pu être vite instauré. La stratégie de surveillance par oxymètre a d’ailleurs fait l’objet de publications. 

En définitive, avoir organisé l’abandon des patients, seuls, chez eux, dans l’angoisse, au mépris de la valeur fraternité, de toute empathie, aura constitué, au-delà de la bêtise et l’incompétence, un nouveau déni de soin potentiellement constitutif d'un crime, celui d’inhumanité. Un nouveau procès pourrait se tenir. 

Contactée par FranceSoir, l'association BonSens.org indique « qu'elle devrait porter plainte contre X afin de déterminer les responsables : les décideurs du « protocole » et ceux qui, ayant les connaissances et le pouvoir, auront « laissé faire ». 

Références :

  1. Tobin MJ, Laghi F, Jubran A. Why COVID-19 Silent Hypoxemia Is Baffling to Physicians. Am J Respir Crit Care Med. 2020 Aug 1;202(3):356-360. doi: 10.1164/rccm.202006-2157CP. PMID: 32539537; PMCID: PMC7397783.
  2. Haryalchi K, Heidarzadeh A, Abedinzade M, Olangian-Tehrani S, Ghazanfar Tehran S. The Importance of Happy Hypoxemia in COVID-19. Anesth Pain Med. 2021 Feb 14;11(1):e111872. doi: 10.5812/aapm.111872. PMID: 34221943; PMCID: PMC8239260.
  3. Dhont S, Derom E, Van Braeckel E, Depuydt P, Lambrecht BN. The pathophysiology of 'happy' hypoxemia in COVID-19. Respir Res. 2020 Jul 28;21(1):198. doi: 10.1186/s12931-020-01462-5. PMID: 32723327; PMCID: PMC7385717.
  4. Brouqui P, Amrane S, Million M, Cortaredona S, Parola P, Lagier JC, Raoult D. Asymptomatic hypoxia in COVID-19 is associated with poor outcome. Int J Infect Dis. 2021 Jan;102:233-238. doi: 10.1016/j.ijid.2020.10.067. Epub 2020 Oct 31. PMID: 33130200; PMCID: PMC7604151.
  1. B, Odio O, Mayasi N, Longokolo M, Mangala D, Mandina M, Mbula M, Kayembe JM, Situakibanza H. Prevalence and Outcomes of COVID -19 Patients with Happy Hypoxia: A Systematic Review. Infect Drug Resist. 2022 Sep 22;15:5619-5628. doi: 10.2147/IDR.S378060. PMID: 36172621; PMCID: PMC9512283.
  2. Sirohiya P, Elavarasi A, Sagiraju HKR, Baruah M, Gupta N, Garg RK, Paul SS, Ratre BK, Singh R, Kumar B, Vig S, Pandit A, Kumar A, Garg R, Meena VP, Mittal S, Pahuja S, Das N, Dwivedi T, Gupta R, Kumar S, Pandey M, Mishra A, Matharoo KS, Mohan A, Guleria R, Bhatnagar S. Silent Hypoxia in Coronavirus disease-2019: Is it more dangerous? -A retrospective cohort study. Lung India. 2022 May-Jun;39(3):247-253. doi: 10.4103/lungindia.lungindia_601_21. PMID: 35488682; PMCID: PMC9200195.
  3. Chaudhuri D, Sasaki K, Karkar A, Sharif S, Lewis K, Mammen MJ, Alexander P, Ye Z, Lozano LEC, Munch MW, Perner A, Du B, Mbuagbaw L, Alhazzani W, Pastores SM, Marshall J, Lamontagne F, Annane D, Meduri GU, Rochwerg B. Corticosteroids in COVID-19 and non-COVID-19 ARDS: a systematic review and meta-analysis. Intensive Care Med. 2021 May;47(5):521-537. doi: 10.1007/s00134-021-06394-2. Epub 2021 Apr 19. PMID: 33876268; PMCID: PMC8054852.
  4. van Paassen J, Vos JS, Hoekstra EM, Neumann KMI, Boot PC, Arbous SM. Corticosteroid use in COVID-19 patients: a systematic review and meta-analysis on clinical outcomes. Crit Care. 2020 Dec 14;24(1):696. doi: 10.1186/s13054-020-03400-9. PMID: 33317589; PMCID: PMC7735177.
  5. Wagner C, Griesel M, Mikolajewska A, Mueller A, Nothacker M, Kley K, Metzendorf MI, Fischer AL, Kopp M, Stegemann M, Skoetz N, Fichtner F. Systemic corticosteroids for the treatment of COVID-19. Cochrane Database Syst Rev. 2021 Aug 16;8(8):CD014963. doi: 10.1002/14651858.CD014963. PMID: 34396514; PMCID: PMC8406706.
  6. Bani-Sadr F, Hentzien M, Pascard M, N'Guyen Y, Servettaz A, Andreoletti L, Kanagaratnam L, Jolly D. Corticosteroid therapy for patients with COVID-19 pneumonia: a before-after study. Int J Antimicrob Agents. 2020 Aug;56(2):106077. doi: 10.1016/j.ijantimicag.2020.106077. Epub 2020 Jul 4. PMID: 32634602; PMCID: PMC7342082.
  7. Chauhan A, Kaur R, Chakrbarti P, Pal A. "Silent Hypoxemia" Leads to Vicious Cycle of Infection, Coagulopathy and Cytokine Storm in COVID-19: Can Prophylactic Oxygen Therapy Prevent It? Indian J Clin Biochem. 2021 Oct;36(4):468-472. doi: 10.1007/s12291-021-00967-0. Epub 2021 Mar 15. Erratum in: Indian J Clin Biochem. 2021 Apr 29;:1. PMID: 33746377; PMCID: PMC7958103.
  8. Michard F, Shelley K, L'Her E. COVID-19: Pulse oximeters in the spotlight. J Clin Monit Comput. 2021 Feb;35(1):11-14. doi: 10.1007/s10877-020-00550-7. Epub 2020 Jun 23. Erratum in: J Clin Monit Comput. 2020 Oct 21;: PMID: 32578070; PMCID: PMC7308445.

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