Loi Travail : trois mesures qui cristallisent la contestation

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 03 mai 2016 - 14:30
Image
Un code du travail.
Crédits
©Gile Michel/Sipa
Trois mesures du projet de loi Travail suscitent toujours de vifs débats dans la majorité et parmi les syndicats. >
©Gile Michel/Sipa
Le projet de réforme du code du Travail porté par Myriam El Khomri arrive à l'Assemblée nationale ce mardi avec près de 5.000 amendements. Trois dmesures suscitent beaucoup de réactions et de contestations.

Licenciements économiques, primauté de l'accord d'entreprise, accords "offensifs" pour l'emploi: trois mesures du projet de loi Travail, qui arrive mardi devant les députés, suscitent toujours de vifs débats dans la majorité et parmi les syndicats.

> Clarification des règles de licenciement économique

Les critères des licenciements économiques seront précisés et différenciés selon la taille des entreprises. Par exemple, un licenciement pourra être justifié par une baisse du chiffre d'affaires d'au moins un trimestre pour une TPE (moins de 11 salariés), deux trimestres consécutifs pour une entreprise de 11 à 49 salariés, trois trimestres pour une entreprise de 50 à 299, quatre trimestres pour une entreprise de 300 et plus.

En l'état actuel du texte, les difficultés économiques d'un groupe seront évaluées sur ses seules filiales françaises.

Les détracteurs dénoncent une facilitation des licenciements. Selon eux, la mesure permettrait aux grandes entreprises d'organiser leurs déficits pour licencier en France, même si le juge devra vérifier que les difficultés ne sont pas "artificielles".

L'article ne devrait pas rester en l'état, notamment sur le périmètre d'appréciation des difficultés économiques. "Je ne suis pas en accord avec le périmètre France, et nous allons bouger", a assuré le rapporteur du texte, Christophe Sirugue.

Les députés socialistes veulent qu'il soit fixé "au niveau européen ou international", selon leur président Bruno Le Roux. De son côté, la ministre du Travail, Myriam El Khomri, "ne ferme pas la porte à des évolutions".

> Primauté de l'accord d'entreprise

Les accords d'entreprises primeront, dans la plupart des cas, en matière d'aménagement du temps de travail. Par exemple, la branche ne pourra plus empêcher les entreprises de son secteur de passer sous le taux de 25% de majoration des heures supplémentaires (10% minimum).

Il s'agit d'une "ligne rouge" pour les syndicats opposés au texte (CGT, FO, Solidaires, FSU, Unef, UNL et Fidl), qui dénoncent une "inversion de la hiérarchie des normes". Selon l'intersyndicale, il s'agit d'une "remise en cause des conventions collectives", qui "ruine les garanties collectives". Force ouvrière y voit le risque de "balkaniser" les droits, avec "un Code du travail par entreprise".

Christophe Sirugue espère répondre à ces craintes en renforçant le rôle des branches, qui doivent selon lui garder "un oeil" sur les accords pour éviter le dumping social. Il a déposé une amendement "prévoyant une sorte de comité de surveillance".

> Accords "offensifs" pour l'emploi

Les entreprises pourront signer des accords pour "préserver ou développer l'emploi" qui s'imposeront aux contrats de travail, mais ne pourront pas diminuer la rémunération mensuelle des salariés. Ceux qui refuseront de tels accords feront l'objet d'un licenciement individuel pour motif économique.

Des accords comparables - les accords de maintien de l'emploi - existent déjà pour les entreprises en difficulté. Ils pourront désormais être conclus dans des entreprises en bonne santé. Cette évolution est "extrêmement dangereuse", selon le député socialiste "frondeur" Gérard Sebaoun.

Les députés ont toutefois atténué les conséquences de ces accords sur les salariés réfractaires, en leur donnant accès aux mesures de reclassement des licenciements économiques. M. Sirugue a admis que cette correction restait "incomplète" et serait enrichie en séance d'un "dispositif spécifique d'accompagnement des salariés licenciés".

À LIRE AUSSI

Image
Manifestation contre la loi Travail à Paris.
Loi Travail : les syndicats contestataires appellent les députés à rejeter le texte
Alors que le projet de réforme du code du Trvail est présenté ce mardi à l'Assemblée nationale, lundi soir, les syndicats de salariés, de lycéens et d'étudiants ont ap...
03 mai 2016 - 13:36
Politique
Image
Pierre Gattaz, président du Medef.
Loi Travail : en l'état, le texte "fait très peur" à Pierre Gattaz
Selon Pierre Gattaz, le patron du Medef, la loi Travail, en l'état, provoque "l'inquiétude" des patrons. Lui-même "vraiment des députés qu'ils reviennent à l'esprit in...
03 mai 2016 - 12:47
Politique
Image
Valls-Sérieux-ministre
Loi Travail : pour Valls, le 49-3 "n'est pas un choix que nous privilégions"
Alors que le projet de loi Travail arrive ce mardi à l'Assemblée nationale pour examen, Manuel Valls a écarter pour l'instant tout recours au 49-3 pour faire passer le...
03 mai 2016 - 11:16
Politique

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
ARA
Décès de ARA, Alain Renaudin, dessinateur de France-Soir
Il était avant toute chose notre ami… avant même d’être ce joyeux gribouilleur comme je l’appelais, qui avec ce talent magnifique croquait à la demande l’actualité, ou...
07 novembre 2024 - 22:25
Portraits
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.