Chômage : les chiffres de septembre attendus et déjà débattus

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 25 octobre 2016 - 10:09
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Une agence Pôle emploi à Nantes.
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©Salom-Gomis Sebastien/Sipa
Le plan de 500.000 formations ou le système de réinscription à Pôle emploi pourrait quelque peu fausser les chiffres du chômage de septembre.
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Les chiffres du chômage du mois de septembre doivent être dévoilés ce mardi. Une publication d'autant plus attendue que le mois d'août a été particulièrement mauvais, malgré la tendance générale à la baisse. Mais déjà se pose la question de l'interprétation de ces chiffres.

Le gouvernement dévoile ce mardi 25 le nombre de chômeurs à fin septembre, en espérant qu'après la douche froide d'août, l'indicateur de Pôle emploi renouera avec les bons chiffres du début d'année.

La publication d'août a fait l'effet d'un coup de massue. L'opérateur a vu affluer 50.200 chômeurs supplémentaires en métropole (+1,4%), pour un total de 3,56 millions. Il s'agissait de la plus forte hausse depuis janvier 2013 (hors "bug" SFR) et la dégradation a frappé toutes les classes d'âge. L'indicateur a, en outre, atteint un nouveau record en incluant les demandeurs d'emploi exerçant une activité, à 5,82 millions, outre-mer compris.

La ministre du Travail Myriam El Khomri a expliqué ce trou d'air par les "difficultés rencontrées dans certains secteurs d'activité particulièrement affectés par les attentats de juillet" à Nice et Saint-Etienne-du-Rouvray, son cabinet tablant, après une augmentation jugée "atypique", sur un retour à "une tendance normale les mois prochains". Le chômage reste tout de même en baisse depuis le début de l'année (-23.700 sans activité) et sur un an (-10.900), à la faveur d'un premier semestre 2016 dans le vert.

Qu'en sera-t-il en septembre? Pour l'heure, un seul indicateur a été publié pour le mois dernier. Selon l'Acoss, les embauches pour des contrats de plus d'un mois ont diminué de 1%. Mais l'indicateur n'est pas totalement négatif, car les embauches en CDI sont en légère hausse (+0,4%).

Mais d'autres facteurs, indépendants de la conjoncture, pourraient influer sur les chiffres du chômage de septembre. A commencer par les "cessations d'inscription pour défaut d'actualisation". Chaque mois, les demandeurs d'emploi doivent actualiser leur situation auprès de Pôle emploi, sous peine d'être désinscrits d'office. Généralement, une grande partie des chômeurs distraits se réinscrivent le mois suivant.

Avant 2016, ces désinscriptions et réinscriptions, quasiment stables d'un mois sur l'autre, se neutralisaient, et avaient rarement un impact sur la publication de Pôle emploi. Mais depuis janvier, une réforme de la période d'actualisation, devenue fixe sans tenir compte des jours fériés, rend le nombre de désinscriptions, et donc de réinscriptions le mois suivant, très fluctuant.

Pour août, la période d'actualisation comptait 14 jours ouvrés (lundi au vendredi, hors jours fériés), alors que pour juillet, elle n'en comptait que 12. Résultat: en août, seulement 172.400 personnes ont été désinscrites pour ce motif, soit 58.900 de moins qu'en juillet.

Ces aléas administratifs accentuent la volatilité de l'indicateur de Pôle emploi, sans que les variations soient forcément en lien avec l'état du marché du travail. Pour septembre, les désinscriptions devraient être plus nombreuses qu'en août, la période d'actualisation comptant 13 jours ouvrés. Cela pourrait jouer à la baisse sur les chiffres.

Un deuxième paramètre pourrait faire diminuer l'indicateur ce mois-ci : le plan 500.000. Le dispositif, lancé en début d'année par François Hollande, doit porter de 500.000 à un million le nombre de formations pour les demandeurs d'emploi en 2016. Il est en train d'atteindre son rythme de croisière, selon Pôle emploi : "depuis début septembre, le rythme hebdomadaire d'entrées en formation a doublé par rapport à la même période en 2015".

En entrant en formation, les demandeurs d'emploi, plus considérés comme des chômeurs car indisponibles pour travailler, quittent les catégories A, B ou C de Pôle emploi pour rejoindre la catégorie D, moins commentée. Le plan de formation est dénoncé par l'opposition comme une manière d'inverser artificiellement la courbe du chômage.

Le président François Hollande, qui a souvent promis d'inverser la courbe, a conditionné son éventuelle candidature à un second mandat à une baisse "crédible" du chômage en 2016.

Il n'a toutefois pas précisé s'il se baserait sur l'indicateur de Pôle emploi ou celui de l'Insee, qui est en baisse significative depuis un an. Entre mi-2015 et mi-2016, le taux de chômage de l'Institut de la statistique, le seul reconnu à l'international, est passé de 10,1% à 9,6% de la population activité en métropole. Le chef de l'État doit annoncer sa décision à la fin de l'année.

 

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