Emmanuel Macron, la 5G et les Amish
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FranceSoir
Publié le 15 septembre 2020 - 12:29
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© Lionel BONAVENTURE / AFP/Archives
De nombreux voix se sont élevées pour demander d'attendre l'évaluation de l'ANSES sur la 5G
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Le discours d’Emmanuel Macron lundi devant des chefs d’entreprise du numérique et ses affirmations sur la 5G enflamme le débat et pose question : quelle importance est réellement accordée à la Convention citoyenne pour le climat ?
Avec le sens de la formule (parfois maladroite) qu’on lui connaît le président de la République s’est fait applaudir par la « French Tech » lundi soir, tout en déclenchant la colère des défenseurs de l’environnement (notamment), mardi matin.
Sa formule choc pour expliquer que « évidemment » la France va passer à la 5G :
« J’entends beaucoup de voix qui s’élèvent pour nous expliquer qu’il faudrait relever la complexité des problèmes contemporains en revenant à la lampe à huile. Je ne crois pas au modèle Amish »
La Convention citoyenne désavouée
Cette sortie intervient au lendemain de la tribune publiée dans le JDD publiée par soixante élus, maires et députés, dénonçant l’attribution des fréquences 5G aux opérateurs téléphoniques d’ici la fin du mois, « sans étude d’impact climatique et environnementale ni aucune concertation publique préalable ».
Elle balaie surtout d’un revers de main la proposition de la Convention citoyenne pour le climat, qui, faisant remarquer que « le passage de la 4G vers la 5G générerait plus de 30% de consommation d’énergie carbonée en plus, sans réelle utilité », réclame un moratoire en attendant les résultats de l’évaluation de la 5G sur la santé et le climat.
L’évaluation en question doit être menée par l’ANSES, avec un rapport attendu fin 2020/début 2021. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail avait précisé en janvier 2020 que l’on « manque de données scientifiques ».
Lundi soir, Emmanuel Macron a poursuivi son discours : « Je ne crois pas que le modèle Amish permette de relever les défis de l’écologie contemporaine ». Ce qui lui vaut une réponse cinglante de l’écrivain et réalisateur Cyril Dion, par ailleurs garant de la Convention citoyenne pour le climat, ce mardi matin sur Twitter :
Le « quatrième joker » selon des sénateurs
Pourtant, ce moratoire sur la 5G ne faisait pas partie des « jokers » sortis par le président de la République lorsqu’il a été question de répondre favorablement aux 149 propositions de la Convention. Quoique…
Lors d’une table ronde qui s’est tenue début juillet au Sénat sur « les impacts sanitaires et environnementaux de la 5G », le président de la commission de l’Aménagement du territoire et du développement durable, le centriste Hervé Maurey avait prévenu :
« Il s’agit en quelque sorte du quatrième joker brandi par l’exécutif aux propositions de la Convention citoyenne pour le climat »
Les doutes sur les conséquences sanitaires et environnementales de la 5G ne se cantonnent donc pas, quand bien même d'aucuns voudraient le faire croire, à la sphère écologiste. Loin de là même. En mars, le président LR du Sénat Gérard Larcher a saisi le Haut conseil pour le climat pour avis sur l’empreinte carbone du déploiement de cette technologie.
Et fin juin ce sont Olivier Véran, ministre de la Santé, et Elisabeth Borne, alors ministre de la Transition écologique, qui avaient écrit au Premier ministre (alors Edouard Philippe), pour lui demander « d’attendre l’évaluation sanitaire de la 5G par l’ANSES pour finaliser l’attribution des fréquences et lancer les déploiements ».
Voilà qui commence à faire beaucoup d'Amish...
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