Déjà ciblé par une enquête de l’UE pour une fonctionnalité controversée, TikTok fait face à l’ultimatum de Washington : la Chine ou les USA

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France-Soir
Publié le 25 avril 2024 - 10:27
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En Europe comme aux États-Unis, TikTok est dans la tourmente. Le réseau social est menacé par une interdiction sur le sol américain, après l’adoption par le Congrès, mardi 23 avril, d’une loi exigeant une “coupure” de ses liens avec la Chine et sa maison-mère, ByteDance. 

Au lendemain du vote des représentants américains, dont le texte a été promulgué par le président Joe Biden, TikTok annonce la suspension “volontaire” d’une fonctionnalité très controversée de son application “Lite”, qui permettait aux utilisateurs de recevoir des récompenses en contrepartie du temps passé à regarder des vidéos. La manœuvre américaine intervient peu avant la visite du Secrétaire d’État, Antony Blinken, à Pékin, pour poursuivre les efforts de réconciliation, sur fond d’une guerre commerciale.

Cet ultimatum des Américains au réseau social chinois figurait parmi les textes déjà proposés au vote samedi dernier, concernant de très importantes aides pour l’Ukraine, Israël et Taïwan. Mardi, la loi qui exige de TikTok de couper tout lien avec sa maison-mère, ByteDance et la Chine, a été adoptée à son tour par le Sénat. Dans la foulée, le locataire de la Maison-Blanche, Joe Biden, qui a encore fait part récemment de son “inquiétude” lors d’un échange avec son homologue chinois, Xi Jinping, a exprimé son empressement à la promulguer. C’est désormais chose faite, mercredi 24 avril.

“Je t’aime, moi non plus”

Désormais en vigueur, le texte oblige la société chinoise ByteDance à vendre, sous un délai de 12 mois, son application phare, TikTok. A défaut, cette application de partage de courtes vidéos musicales serait exclue des stores Apple et Google sur le sol américain.

Une telle décision est bien contestable devant la justice et pour le réseau social, il s’agit d’une “violation de la liberté d’expression de 170 millions d’Américains”. Quant à Pékin, le porte-parole de sa diplomatie, Wang Wenbin, a juste rappelé, mercredi, “la position de principe de la Chine” sur cette question.

Son homologue au ministère chinois du Commerce, He Yadong, avait déjà exhorté Washington en mars à “respecter les règles de l’économie de marché”, affirmant que son pays “prendrait toutes les mesures nécessaires pour préserver ses droits et intérêts légitimes”.

Sous Donald Trump ou sous Joe Biden, Washington ne lâche pas TikTok, et ce, malgré les derniers efforts entre les États-Unis et la Chine pour la réconciliation. Celle-ci s’est traduite par les nombreux déplacements du chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, en Chine, suivie par celles de Xi Jinping à San Francisco, qui a débouché sur une reprise des contacts entre les deux armées et une coopération dans la lutte contre la fabrication du fentanyl, qui fait des ravages chez les toxicomanes aux États-Unis.

Ces déplacements ont été suivis par celle, en début d’avril, par celui de la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, qui n’a pas hésité à menacer Pékin de “conséquences importantes” si ses entreprises chinoises fournissent une aide à la Russie et son industrie de défense, notamment dans le conflit ukrainien.

Une question que le secrétaire d'État ne manquera pas d’évoquer avec les dirigeants chinois, auprès de qui il plaidera la retenue face à Taïwan, qui se prépare à investir son nouveau président. Washington entend également dénoncer les “pratiques commerciales anticoncurrentielles” de Pékin.

L’étau se resserre sur TikTok

La “réconciliation” entre les deux superpuissances se traduit bien plus par une guerre commerciale, que Joe Biden a attisé début avril en accusant les secteurs chinois de l’aluminium et de l’acier de “tricher” grâce à des subventions importantes, promettant de relever les droits de douane pour ces produits.

ByteDance peut-elle miser sur cette visite de Blinken en Chine pour éviter l’interdiction de TikTok par Washington ? Rien n’est moins sûr et le réseau social, cible de la Commission européenne également, n’est pas au bout de ses peines. Mercredi, l'application a annoncé avoir “volontairement” suspendu une fonctionnalité de son application “Lite”, qui récompense les utilisateurs pour le temps passé à regarder des vidéos ou pour réagir aux contenus. Il s’agit de jetons virtuels, convertibles en cartes-cadeau Amazon.

TikTok réagissait par cette suspension de Lite à l’ouverture d’une enquête par l'Union européenne. Bruxelles craint que ce système de récompense ne rende le réseau social trop addictif. L’application chinoise était sommée de répondre aux inquiétudes de l’UE avant jeudi mais ByteDance n’a pas satisfait cette demande d’une “évaluation des risques”, conformément à ses obligations dans le cadre du Digital Services Act (DSA).

"Nos enfants ne sont pas des cobayes pour les réseaux sociaux", a réagi le commissaire européen au Numérique, Thierry Breton, à l’annonce de TikTok, déjà visé par une autre enquête. Celle-ci reproche à l’application un manque de transparence en matière de protection des mineurs.

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