Sportifs et vaccins : l'important, c'est de participer ?

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FranceSoir
Publié le 17 septembre 2021 - 18:36
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Sportifs et vaccins
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Quelques heures après la prise de position courageuse de l’icône du judo français Teddy Riner qui refuse de se prononcer sur la campagne de vaccination ou d’en devenir un ambassadeur auprès de ses compatriotes d’outre-mer, il est intéressant de se pencher sur les diverses péripéties rencontrées par les athlètes de haut niveau, après qu’on leur a administré l'injection anti-SARS COV 2.

Si la vaccination est massive et les remontées d’effets secondaires sont suivies par divers organismes assermentés, signalons... qu’un effet indésirable pour une personne lambda n’est pas comparable à celui qui frappe un athlète de haut niveau. En effet, il paraît farfelu que l’ANSM par exemple remonte un problème de « perte de vitesse » ou de « difficulté à répéter les efforts à haute intensité » dans son listing. Un zoom particulier sur les athlètes de haut niveau et la façon dont ils ont choisi, subi, ou fui la vaccination, est donc nécessaire.

Christophe Lemaitre, le coup d'arrêt

En France, le cas le plus connu est celui du sprinter d’Aix-les-Bains âgé de 31 ans, médaillé olympique et recordman de France du 200 mètres, Christophe Lemaitre. Après un hiver compliqué où ses performances n’étaient pas au niveau des attentes de son entraineur (testé positif à la covid en octobre 2020), ses performances s’amélioraient et il avait bon espoir de réussir les "minima" (chronos qualificatifs) aux championnats de France de fin juin. Même si ses prestations officielles étaient encore en deçà, ses performances à l’entraînement étaient plus qu’encourageantes. « Les tests du mois d’avril nous indiquaient que Christophe était revenu à son tout meilleur niveau », selon l’un de ses entraineurs Thierry Tribondeau. Seulement, sa progression connaît un énorme coup d’arrêt en mai, peu après son unique injection vaccinale. Des symptômes d’une fatigue prolongée chronique couplés à des temps de performance revenus au niveau hivernal. Comme le souligne son autre entraîneur Pierre Carraz, « il y a eu une période où ses tests étaient excellents, au même niveau qu’avant, puis il s’est fait vacciner ».

Conséquences pour l’athlète français : incapacité à défendre ses chances aux championnats de France fin juin, incapacité donc à faire les minima requis pour Tokyo. Il n'a donc pas pu participer à ce qui devaient être ses derniers Jeux olympiques (vu son âge avancé pour ce sport, il est loin d’être certain de sa présence aux JO de 2024) : dramatique psychologiquement pour un athlète de sa trempe après un tel investissement.

Ce qui est arrivé à Lemaitre doit mettre en évidence l’individualisation de la balance bénéfices/risques. On remarque qu’elle ne peut être comparée à une balance pour la population générale. Même si myocardites ou thromboses ne sont pas évoquées, le risque a été mal évalué, et les effets secondaires de baisse de performances n’ont pas été pris en compte. Pire, on s’aperçoit avec ce cas du manque criant de bénéfice à vacciner un athlète préalablement infecté et qui avait donc des anticorps dans son organisme. Il ne serait guère étonnant qu’il n’ait pas effectué de sérologie au préalable.

Cyclisme : l'échappée vaccinale

D’autres sportifs se sont plaints de leur baisse de niveau post-vaccination, et c’est arrivé à plusieurs reprises dans le cyclisme. Plusieurs témoignages vont dans ce sens.

On pense tout d’abord au cycliste danois ancien vainqueur du Critérium du Dauphiné Jakob Fuglsang, qui avait fait des Jeux olympiques de Tokyo l’objectif principal de sa saison. En vue de cet objectif, il s’aligne sur le Tour de France. Une Grande boucle qu’il subit sans jamais réussir à tirer son épingle du jeu, et qu’il finit par abandonner. « Depuis ma deuxième dose de vaccin faite juste avant le départ du Tour, je n’avance plus ». Il finit finalement 12ème de la course olympique, à près de trois minutes du vainqueur, bien loin de sa médaille d’argent de Rio. On notera le parallèle avec les effets secondaires après la deuxième dose en population générale, qui arrivent, supposent certains scientifiques, en raison du fait que l’organisme est déjà doté d’anticorps suffisants.

Un autre coureur cycliste de renom a évoqué la vaccination comme raison à ses contre-performances. Il s’agit du Belge champion olympique à Rio et ancien vainqueur de Paris-Roubaix, Greg Van Avermaet. Une saison en demi-teinte, avec seulement quelques places d’honneur comme cette troisième place au Tour des Flandres. En méforme depuis le Tour de France, il remet même en cause sa participation aux prochains Mondiaux qui est son objectif ultime en 2021. "Le problème vient du vaccin Pfizer. Je vais voir des médecins dans les prochains jours et suivre leurs conseils. Si je ne dois plus courir d'ici la fin de saison, je le ferai ». La sélection belge est tombée il y a quelques jours. Ces Mondiaux qui auront lieu à la fin du mois se feront sans lui. Une bien terne saison, qui doit sans doute décontenancer son nouvel employeur, l’équipe française AG2R-Citroën qui a beaucoup investi sur le champion belge.

Toujours en Belgique, des complications cardiaques ont été constatées en août dernier sur trois jeunes cyclistes récemment vaccinés, âgés de 15 à 17 ans, au sein de l’équipe Acrog Tormans Balen. Il est ici à remarquer que les complications cardiaques (fortes douleurs à la poitrine) n’ont pas eu lieu au repos, mais durant une compétition ou un entrainement poussé. Ces complications sont assimilables à des myocardites, selon le docteur Van Mieren de la Fédération belge de cyclisme. Ce qui est en parfaite corrélation avec les risques détectés en population générale concernant ces dernières, et particulièrement sur les jeunes garçons en bonne santé. Il apparaît ici que le risque est augmenté si on y rajoute un exercice sportif intensif. S’en est suivi la recommandation de certains médecins belges du sport de ne pas pratiquer d’activités physiques intensives pendant au moins une semaine après l’injection ARNm.

Refus d'athlètes et précautions d'entraîneurs

On soulignera également qu’en juin dernier, douze athlètes belges ont refusé la deuxième dose du vaccin ARNm, invoquant légitimement la peur de perte de performance alors que l’échéance olympique approche.

Dans le même registre, il est également à noter que la moitié des joueurs de l’équipe des Diables Rouges (équipe nationale belge de football) a refusé de se faire vacciner avant le début de l’Euro. En plus des raisons de performances sportives évoquées, certains ont relevé le fait que c’était avant tout un choix personnel, d’autres, comme le gardien de but Mignolet, sont allés jusqu’à remettre en cause la doxa et le supposé « consensus scientifique » en expliquant le non-sens de la démarche : « Je n’ai pas fait le vaccin car j’ai déjà été testé positif à deux reprises ».

Le sélectionneur français Didier Deschamps avait quant à lui demandé expressément de ne pratiquer aucune vaccination durant le stage de préparation et la compétition, évoquant le risque d’effets secondaires. Lui a-t-on rapporté des cas spécifiques dans certains clubs ? Petit tacle au passage à peine voilé envers Kylian Mbappé, qui s’était fait vacciner devant les caméras peu avant le début du stage, certainement à la demande du président de la république. Il serait d’ailleurs très intéressant d’effectuer une analyse approfondie de ses performances durant l’Euro. S'il n’a échappé à personne qu’il n’était pas dans les meilleures dispositions durant ce tournoi, une analyse comparative à sa saison parisienne, et plus précisément de ses courses à haute intensité, serait pour le moins pertinente afin d’évaluer les effets vaccinaux sur son organisme.

Face à l'obligation, renoncement ou crispation

Il devient cependant très compliqué de refuser la vaccination, y compris pour les athlètes de haut niveau. En effet, l’Olympique lyonnais ira jouer à Glasgow sans son ailier suisse d’origine albanaise Shaquiri, qui n’a pas son schéma vaccinal complété. On peut y voir une réticence de ce joueur à subir l’injection, mais qui a fini par s’y résoudre en raison des contraintes de déplacement sur le continent. L’entraîneur d’Arsenal Mikel Arteta a quant à lui demandé à tous ses joueurs de se vacciner, car il était excédé de devoir se passer de certains joueurs en raison de tests positifs. Cocasse comme demande, lorsque l’on sait que la vaccination n’empêche pas la contamination ou la transmission.

Si le tennis n’a pas rapporté de cas particuliers connus post-vaccination, les deux stars que sont Novak Djokovic (numéro 1 mondial) et Stepanos Tsitsipas (numéro 3) se sont clairement positionnées contre. Le Grec allant jusqu’à avouer qu’il ne se ferait injecter que si l’ATP rend l’injection obligatoire.

Dans le monde de la boxe, un cas a suscité la consternation. L’ancien champion olympique d’Atlanta, l’Américain d’origine mexicaine Oscar de La Hoya, âgé de 48 ans, devait effectuer son retour sur les rings le 11 septembre dernier. Il déclare forfait une dizaine de jours avant le combat, alors qu’il était en grande forme et avait retrouvé une grande partie de son physique d’antan, avec un poids optimal. Touché par le variant delta, il poste une vidéo en soins à l’hôpital, vraiment très fatigué. Cette dernière est devenue virale, commençant par la phrase : « Despite being fully vaccinated… » (bien qu'étant pleinement vacciné...).

Ce cas met en exergue la relative efficacité des vaccins sur ce variant. On nous parle de symptômes graves évités, même s'ils sont peu efficaces sur la contamination. À quel niveau met-on le curseur ? Un athlète de haut niveau qui termine à l’hôpital peut-il décemment se dire qu’il a évité une forme grave ? Il invite aussi à se pencher sur la durée de l'efficacité des anticorps vaccinaux, dont il apparaît qu'elle serait assez courte. Les États-Unis ont commencé leur campagne vaccinale bien avant la France (deux gros mois d’intervalle) : on retrouve ce décalage. Peut-être aurons-nous cet automne d'autres mésaventures de sportifs permettant d'affiner cette perspective.

Le boxeur Tyson Fury, KO Covid

Un autre boxeur de renom a lui aussi connu des mésaventures suite à la vaccination. L’anglais champion du monde des poids lourds WBC Tyson Fury qui devait combattre le 24 juillet dernier face à son challenger officiel Deontay Wilder a dû renoncer au combat pour un cluster qui a éclaté dans son camp d’entrainement. Celui-ci est vraiment un cas d’école. En mai, Fury reçoit sa première injection, s’ensuivent alors une forte fièvre et fatigue durant plusieurs jours qui le clouent au lit et l’empêchent de s’entraîner. Il refuse alors de subir la deuxième injection, redoutant logiquement une forte réaction secondaire, ce qui serait très problématique, si peu de temps avant son combat. Le camp adverse lui reproche alors son refus de compléter son schéma vaccinal, lui impute la contraction de la covid un mois avant le combat. Le combat est finalement repoussé au 9 octobre. D’après les échos du milieu, Fury a des difficultés à récupérer. Il a repris l’entraînement il y a une quinzaine de jours seulement. Pour l’anecdote, Tyson Fury a posté sur ses réseaux sociaux, il y a quelques jours, une boîte de vitamine D3, ainsi qu’une boîte de carnitine, laissant supposer qu’il prend un traitement prophylactique afin d’éviter une éventuelle réinfection.

Enfin, pour conclure avec le noble art, le boxeur Teofimo Lopez a été forcé par son nouveau promoteur « Thriller » à se faire vacciner, malgré une infection en 2021. Cela va faire un an qu’il n’a plus remis les gants depuis son exploit contre Lomachenko. Entre problèmes de promotion, de covid et vaccination, son combat a été une nouvelle fois reporté à octobre, ce qui constitue le troisième report.

Simone Biles et Kimi Raïkkönen : simple concomitance ?

Dans la rubrique rumeurs, il est intéressant de se pencher sur le cas de la star américaine de gymnastique Simone Biles qui n’a finalement pas pu participer à l’épreuve olympique individuelle. Complètement vaccinée à la date du 28 juillet dernier, alors que sa saison était l’une des plus réussies de sa carrière, elle renonce finalement à l’épreuve olympique début août, invoquant des problèmes personnels, psychologiques, soulignant particulièrement sa lutte interne contre « ses démons ». Il est difficile de ne pas faire un lien avec la date de complétion de son schéma vaccinal, même si à l'évidence elle était également en grande difficulté mentale, sur laquelle elle s'est d'ailleurs exprimée courageusement, avant d'arracher une médaille de bronze lors de la dernière épreuve à laquelle elle a finalement participé.

Dans la catégorie sport automobile, le cas du pilote finlandais de Formule 1 et ex-pilote de rallye Kimi Räikkönen est à souligner. D’après le diffuseur suisse SRF, le champion finlandais a effectué son schéma vaccinal complet durant les mois de mars et avril dernier, avec deux injections de vaccins ARNm Pfizer. On se souvient de sa prise de parole à l’époque, justifiant la prise de sa première dose à Bahrein durant des essais sur sa voiture par sa volonté de ne pas attendre d’être de retour chez lui, mettant en avant le fait que son métier le pousse à voyager beaucoup, et qu’il se devait avant tout de "protéger les autres".

Malheureusement pour lui, le 5 septembre dernier, il ne participe pas au Grand Prix des Pays-Bas, en raison de tests positifs à la Covid19. Le cas Räikkönen fait une nouvelle fois réfléchir sur la capacité de ce vaccin ARNm à agir contre la contagion et la transmission, et sur la durée de cette capacité.

Un effet indésirable bénin peut être grave pour un sportif de haut niveau

Tous ces cas cités doivent nous faire réfléchir sur cette vaccination massive. Particulièrement lorsque les sujets sont des athlètes de haut niveau. Ce sont en effet des mécaniques biologiques de haute précision, huilées et optimisées pour atteindre des objectifs de performance élevés, à des moments de l’année bien précis. Dans certains sports, la fenêtre de tir ne se présente que tous les quatre ans - les derniers Jeux dataient même d'il y a cinq ans (Rio 2016) en raison du report de ceux de Tokyo. La balance bénéfice-risque ne doit pas seulement s’évaluer de manière générale, mais au cas par cas en incluant les risques de performance, qui ne sont pas repris dans les recensements des instances (ANSM, FDA...). De plus, les athlètes, généralement jeunes, réunissent une très bonne santé, qui les prémunit a priori d'une forme grave, et paradoxalement une sensibilité parfois élevée aux virus, et aux réactions secondaires post-vaccins. Il est donc urgent de pratiquer la vaccination pour ces sportifs avec discernement, dans une vision individualisée, en évaluant leur âge, l’intensité des efforts que leur sport confère, et leurs échéances importantes : pour ceux qui souhaitent être vaccinés, il serait certainement plus prudent de privilégier une vaccination durant leur période « off », afin qu’ils puissent récupérer et ne pas faire subir à leur myocarde de trop fortes sollicitations.

Il est à cet égard véritablement scandaleux que la plupart des comités olympiques aient forcé leurs athlètes à la vaccination si peu de temps avant la compétition pour des besoins de santé publique, au risque de ruiner des années d’entraînement et d’investissement.

Gilles Simon fait le break

Le magazine "l'Equipe" s'intéressait le week-end dernier aux "antivax du sport", non sans raccourcis douteux, mais soulignant justement la différence entre les sports individuels et les sports collectifs. Le médecin de Roland-Garros y regrettait que les joueurs français n'aient pas été plus convaincus, et ajoutait : "imaginez qu'un joueur connu fasse une forme grave, ils vont tous se faire vacciner... C'est comme ça que ça va se passer !" Il est effectivement possible que dans un milieu aussi compétiteur, un tel exemple fasse boule de neige. En attendant, ce sont les désagréments réels ou supposés, plutôt mineurs pour leur santé dans l'immédiat mais potentiellement majeurs pour leur carrière sportive, qui l'emportent.

À Gilles Simon le mot de la fin : le tennisman français, apprécié pour son indépendance d'esprit et sa capacité d'analyse, intervient souvent sans langue de bois dans les débats qui agitent le petit monde du circuit professionnel. Cas contact et bloqué à son hôtel lors du dernier US Open, il confiait à "l'Equipe" ne pas être vacciné, "par choix au début, car je ne voulais pas. Après, vu les conditions, je m'étais dit que j'allais me faire vacciner. Mais je n'avais plus le temps de le faire pour l'US Open avec les délais pour le cycle de vaccination complet. Je suis rentré tard des Jeux olympiques, puis je ne voulais pas me faire vacciner pendant un cycle de tournois car il peut y avoir des jours de moins bien après le vaccin, comme avoir mal au bras, etc." Un choix qui lui a coûté cher : le protocole aurait pu lui permettre de jouer, même cas contact, s'il était vacciné. Simon parle ensuite d'obligation ressentie, explique que sa "philosophie de base" était : ''Si tu en as peur, tu te vaccines, sinon, non.'' "Pas contre au point de ne jamais être vacciné", il n'en "ressentait pas le besoin, ni l'envie." À la question du "rôle civique pour réduire la propagation", il répondait "On lit des avis un peu partout. On dit : ''Si tu attrapes le Covid, tu peux le donner aux autres.'' Oui, mais je le donnerai à des gens qui ont décidé de ne pas se vacciner non plus." Enfin, relevant qu'il s'agissait de son travail, ce qui est différent d'une vaccination pour accéder à des lieux de loisir, il concluait, fataliste : "C'est un sujet de société. Le fait est qu'on te force un peu partout à te vacciner. Moi je fais partie de ceux qui ont un peu traîné les pieds et qui finiront par le faire."

Si la donne est donc différente à maints égards pour les dieux du stade, force est de reconnaître que pour ce qui est du consentement libre et éclairé - Teddy Riner rappelait ne pas avoir eu "vraiment" le choix - l'équation n'est pas si différente de celle du commun des mortels.

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