La rentrée avec le masque dans les entreprises. Décision basée sur une étude très contestable
Port du masque systématisé
La ministre du Travail Elisabeth Borne l’a annoncé ce mardi, selon l’avis du Haut Conseil de la Santé Publique qui recommande la généralisation du port du masque « dans tous les lieux clos publics et privés collectifs ». Une seule exception sera accordée à cette règle, pour les personnes qui travaillent dans des bureaux individuels – lorsqu’elles restent à leur poste.
« Il est nécessaire de systématiser le port du masque dans tous les espaces de travail qui sont clos et partagés »
Et ce sera les employeurs qui devront fournir les masques à leurs collaborateurs. Un coût non négligeable.
Différentes études concluent au manque d’efficacité des masques
Au moins deux méta-analyses (des recensions de plusieurs études différentes) concluent au manque d'efficacité des masques « chirurgicaux » pour se protéger des infections à virus respiratoires (Tom Jefferson Mai 2020 ; CDC, mai 2020). Le même avis est donné par deux études récentes (Isaacs D. et al, 2020 ; Tirupathi R. et al ., 2020).
La décision du port du masque obligatoire basée sur une étude tirée par les cheveux
- Le Haut Conseil s’est lui-même appuyé sur différentes publications faisant état de contaminations au coronavirus dans des espaces et dans certains milieux professionnels. Alors que beaucoup de salariés sont encore en vacances, 24% des clusters actuellement identifiés en France le sont dans des entreprises.
- D'après Libération du 14 août 2020, un collectif de professionnels de santé demande au gouvernement de rendre le port du masque obligatoire dans tous les espaces clos, y compris les bureaux et lieux de travail et de réunion. Ce collectif s'appuie sur une publication en preprint, c'est-à-dire non soumise à comité de lecture (Lednicky J.A 2020).
Les auteurs de cette publication citée par le collectif de médecins ont recueilli et concentré pendant 3 heures l'air d'une chambre de malades atteints de Covid sévère (donc excrétant de grandes quantités de virus).
Résultats :
- Ils ont trouvé d'infimes quantités de virus (à la limite des faux positifs en PCR, Cq =36 au minimum, Bullard J. et al., 2020, n'ont pas retrouvé d'infectivité pour une Ct supérieure à 24 ; pour Liu R. et al, le seuil se situe à 37 cycles, pour l'IMEA il se situe à 35).
- Il a donc fallu concentrer les échantillons d'air recueillis pendant 3 heures pour obtenir au maximum 74 particules virales infectantes (c'est-à-dire ici capables d'infecter des cellules en culture, in vitro, donc bien loin du milieu naturel d'un nez humain : ces cellules sont des lignées obtenues à partir de rein de singe).
- Il est bien évident que des personnes atteintes de Covid sévère ne se trouvent pas en général sur leur lieu de travail !
- Donc dans les espaces clos renfermant des personnes asymptomatiques, on peut en déduire que les quantités de virus présentes dans les aérosols sont ridiculement faibles et certainement incapables d'infecter qui que ce soit !
Donc en se fondant sur cette étude de peu de valeur, plusieurs millions de personnes ne pourront pas respirer correctement sous leurs masques (qui, rappelons-le ne protègent justement pas contre les aérosols de virus!)
Il n'a pas été non plus précisé les conséquences médicales au long terme des problèmes respiratoires que cela pourrait entrainer, un problème qui pourrait devenir plus important
Source :
Bullard J. et al., 2020,https://covidaba.com/wp-content/uploads/2020/05/Predicting-infectious-SARS-CoV-2-from-diagnostic-samples.pdf
CDC, mai 2020, https://wwwnc.cdc.gov/eid/article/26/5/19-0994_article
IMEA, 2020, http://imea.fr/les-test-de-depistage-des-infections-par-sars-cov-2
Isaacs et al. 2020, https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7323223/pdf/JPC-56-976.pdf
Jefferson T. et al. Mai 2020, https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.03.30.20047217v2.full.pdf
Lednicky J.A. Et al., 2020, https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.08.03.20167395v1.full.pdf
Liberation, 14 août 2020, https://www.liberation.fr/debats/2020/08/14/covid-19-le-risque-existe-dans-tous-les-lieux-clos-dans-les-classes-comme-dans-les-bureaux_1796745 Liu R. et al., https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7094385/
Liu R. et al., 2020, https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7094385/
Tirupathi R. et al ., 2020, https://www.infezmed.it/media/journal/Vol_28_suppl1_2020_10.pdf
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