Confinement acte II : quels (nouveaux) effets psychosociaux sur nos enfants ?
Pleurs, irritabilité, régression,... Au lendemain du premier confinement, la Toile s’est étoffée de quantité d’articles sur les effets psychosociaux du confinement chez les enfants. Quid des conséquences du second ?
“Maman, est-ce que le Père Noël va pouvoir passer cette année ?”, se soucie Benjamin au lendemain du second confinement. Du haut de ses 4 ans et demi, ce petit garçon en deuxième année de maternelle a des préoccupations de son âge ; ce qui ne l’empêche pas de trouver injuste la fermeture des bars au nom de tous “ceux qui ont envie de prendre un café” ! A l’ère des chaînes d’info en continu, les enfants des générations Z (1995-2010) et Alpha (naissances depuis 2010), ont un avis sur tout, y compris sur les sujets les plus anxiogènes. “Depuis la rentrée de septembre, je ne compte plus les élèves qui débutent la journée en comptabilisant les nouveaux décès consécutifs au covid. Ces conversations ne sont ni normales, ni anodines pour des enfants de 10 ans ! Elles ont forcément un impact délétère sur leur moral”, déplore Laëtitia, professeur des écoles en CM2, à Paris. Mais à l’entendre, la principale source d’inquiétude de ces jeunes pousses reposerait sur la perspective d’un durcissement qui les renverrait dans leurs pénates. “Beaucoup d’élèves angoissent car ils ont souffert de se retrouver sans leurs copains, et plus encore, de perdre leurs repères, explique-t-elle. Que l’on aime ou pas l’école, c’est structurant car la journée est fractionnée en moments qui se répètent chaque jour. Pour les enfants, c’est très rassurant”. Enfin ça, c’était avant l’obligation de porter un masque dès l’âge de 6 ans dans l’enceinte scolaire. Ce qui chiffonne le plus cette maîtresse, ce n’est pas juste ce bout de tissu plaqué sur ces petites bouches ; ce sont les incohérences des messages gouvernementaux qui brouillent les jeunes esprits. “Un jour on leur explique qu’ils ne peuvent pas contaminer les adultes et le lendemain on leur impose de se masquer au motif qu’ils pourraient être contagieux ! ça les perturbe d’autant plus que nous n’avons pas de réponses claires à leur offrir, regrette-t-elle. A terme, les enfants risquent de voir l’autre comme un danger et de se refermer.”
“Ce second confinement est très différent du premier car il y a école. Sauf revirement, il n'entraînera donc ni régression, ni angoisse de la séparation”, tente de rassurer le pédopsychiatre Michaël Larrar. Le fondateur du site de téléconsultation weePsee est en revanche davantage préoccupé par les “conséquences indirectes” de cette situation. “Beaucoup de parents ont de grosses inquiétudes financières qui les rendent irascibles. S’ajoute à cela la fin des activités extraprofessionnelles, des apéros entre amis,... Bref, de tout ce qui fait le sel de la vie”, détaille-t-il. Or la loi du “cercle vicieux” est formelle : des parents stressés ont un seuil de patience proche de zéro. Leur irritabilité génère du stress chez les enfants qui y répondent par de l’excitation pour se soulager. Et ainsi de suite... “Cette fois-ci, les enfants risquent de vivre un confinement nettement moins agréable”, résume Michaël Larrar avant de suggérer aux parents de prendre soin d’eux en priorité. Le bien-être des grands rejaillira par ricochet sur les petits. Ce spécialiste invite également à ne pas trop mettre la pression sur la scolarité. “Des parents à la maison sous tension, des inquiétudes nouvelles et une exigence scolaire forte constituent tous les ingrédients pour miner le moral des jeunes !”, justifie-t-il. Pour traverser cette période dans les meilleures conditions, le pédopsychiatre n’envisage guère qu’une possibilité : aménager l’espace spatio-temporel. “L’idée, c’est de ne pas rester trop collés ensemble. Il faut déterminer des moments en tête à tête avec chacun de ses enfants (½ heure avec l’un puis ½ heure avec l’autre plutôt qu’une heure avec les deux par exemple) puis renvoyer tout le monde dans sa chambre à intervalle régulier. C’est beaucoup plus apaisant et nourrissant pour la famille”, conclut-il.
Sandra Franrenet est journaliste pour FranceSoir
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