Christian Perronne : la ferveur combative des manifestants, venus nombreux à Garches
Organisée par le personnel de son hôpital, la manifestation de soutien au professeur Perronne s'est déroulée dans une ambiance chaleureuse et combative. Récit et réactions sur place.
Il fait gris et pluvieux à Garches, à l'heure du déjeuner. Ils sont pourtant venus en nombre, en bus, à pied, en train de banlieue, en Jaguar ou tout simplement descendus de leur service de l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches pour soutenir le professeur Christian Perronne, démis de ses fonctions de chef de service par l'APHP la semaine dernière. Une décision qui suscite l'incompréhension et la colère de la foule bigarrée qui, bénéficiant d'une accalmie du ciel, se masse devant l'entrée de l'hôpital.
On se cherche, se retrouve, se découvre "en vrai" après avoir échangé via les réseaux sociaux, et dans l'attente de la manifestation, un frémissement d'enthousiasme parcourt les quelques centaines de personnes présentes : simple joie de se serrer les coudes, de retrouver un peu de chaleur humaine dans un espace public, de se sentir nombreux à partager, d'horizons très divers, un combat pour des principes fondamentaux qui ont été tant piétinés dans les discours officiels ? Sans aller jusqu'au ressentiment, une certaine amertume pointe dans les confidences des manifestants, et c'est dans une ambiance de "parole libérée" que la manifestation se met en place.
Du professeur honoraire, "grand ancien" de la maison, aux aides-soignantes, infirmières, médecins, brancardiers, représentants des Gilets jaunes, de syndicats, d'associations et de divers collectifs, ou simples anonymes se présentant comme "citoyens ordinaires", c'est un patchwork éclectique qui fait front contre une décision qu'ils jugent inique, un acharnement infondé perçu comme une nouvelle étape d'un raidissement autoritaire, voire totalitaire.
Jorge, syndiqué CGT, est le maître de cérémonie. Il parle fort et clair, scande ses mots d'ordre, donne les consignes pour que le mouvement reste apaisé et inattaquable - laisser l'accès libre à l'hôpital - et récuse les étiquettes disqualifiantes dont on peut affubler ceux qu'il rebaptise les "questionnistes". Il souligne que ce mouvement n'est ni partisan, ni politique, mais qu'il vient bien des personnels de l'hôpital avant tout. Christian Perronne apparaît, blouse blanche, lunettes fumées, sourire discret, acclamé par une foule ardente. Les interventions s'enchaînent au micro.
François Paraire, médecin honoraire des hôpitaux de Paris, figure de cet hôpital où il a exercé une bonne partie de sa carrière, prend la parole en tant que membre du bureau national du Syndicat National des Médecins Hospitaliers - FO, qui a apporté son soutien au désormais ex-chef de service.
Bénédicte, aide-soignante, se lance à son tour dans un plaidoyer qui "venait du coeur", confiera-t-elle, au nom des équipes du service de Christian Perronne. Leur soutien est sans faille et la foule est touchée par l'estime, la reconnaissance et l'authentique affection que portent ses équipes au professeur. Tous n'ont pu rester longtemps, mais beaucoup de blouses blanches, bleues, sont présentes, descendent écouter en profitant d'un moment de répit, avant de retourner au chevet de leurs patients.
D'autres intervenants prennent la parole, notamment Patrice Gibertie qui livre une diatribe enlevée sur le caractère "stalinien" de ces attaques envers la liberté d'expression de grands médecins. Un ancien patient témoigne aussi de sa reconnaissance. Christian Perronne lui-même, très attendu, martèle une nouvelle fois son message déjà délivré dans les médias, notamment sur le plateau de FranceSoir : il répète que personne n'a été capable d'étayer les chefs d'accusation qui pèsent sur lui, distribue quelques piques, mais sans s'abandonner à régler des comptes personnels. Les manifestants, attentifs, écoutent avec ferveur, sous la houlette de Jorge qui met toute son énergie à déplacer la sono, faire passer le micro, orchestrer les questions, sans oublier de lâcher quelques tacles bien sentis à Martin Hirsch, copieusement hué. Ce dernier est notamment invité à venir se faire vacciner à Garches, et c'est d'une voix de stentor que le représentant du personnel promet qu'il sera... le deuxième à se faire vacciner ici, si le patron de l'AP-HP accepte sa proposition d'être le premier.
Les sourires de la foule qui joue parfois des coudes pour arracher un selfie, une dédicace, une confidence au "grand Professeur", comme on l'appelle ici, ajoutent à l'ambiance bon enfant. Mais c'est malgré tout bien une atmosphère de combat qui l'emporte. Pour beaucoup, il ne fait que commencer.
La manifestation se disperse doucement, chacun devant vaquer à ses occupations. On s'échange des numéros, des anecdotes, on évoque des projets pour la suite, et on se quitte avec le sentiment du devoir accompli, tiraillé entre le coeur lourd d'une telle "persécution" qui oblige à de telles mobilisations, et "l'espérance qui se dégage de la réunion ces gens de bonne volonté", confie une participante, qui d'un regard malicieux désigne le rayon de soleil qui a fugacement percé les nuages...
Réaction Jorge :
Réaction de manifestants :
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