Violences sexuelles : en France, 81% des victimes sont mineures (VIDEO)

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RT
Publié le 01 mars 2015 - 16:25
Mis à jour le 02 mars 2015 - 13:14
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Violences sexuels Stop au déni
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©Capture décran/Stop au déni
Le clip "Et pourtant c'est un viol" cherche à sensibiliser les pouvoirs publiques sur les traumatismes des victimes d'agressions sexuelles.
©Capture décran/Stop au déni
Selon l’enquête "Impact des violences sexuelles de l'enfance à l'âge adulte" réalisée par l’association Mémoire traumatique et victimologie, avec le soutien de l’Unicef dans le cadre de la campagne "Stop au déni", 81% des victimes d'abus sexuels en France sont mineures.

En France, une femme sur cinq et un homme sur quatorze déclarent avoir déjà subi des violences sexuelles. Et selon l'enquête Impact des violences sexuelles de l'enfance à l'âge adulte réalisée par l’association Mémoire traumatique et victimologie avec le soutien de l’Unicef dans le cadre de la campagne Stop au déni, les mineurs sont les principales victimes de ces abus. En effet, d’après les témoignages de 1.210 victimes de violences sexuelles âgées de 15 à 72 ans, dont 95% de femmes, 81% des d’entre elles ont été agressées avant l’âge de 18 ans, dont 51% avant 11 ans et 21% avant 6 ans.

Dans l'ensemble, les agressions sexuelles sont le plus souvent commises par un proche (94%), de sexe masculin (96%). Les violences subies à l’âge adulte sont surtout le fait d’un viol conjugal (un cas sur deux). Seuls 18% des viols sur majeurs seraient causés par un inconnu. La tendance est la même pour les violences sur mineurs. Une fois sur deux, ces derniers sont agressés par un membre de leur famille. Quand la victime a moins de 6 ans, l'agression est de nature incestueuse dans 70% des cas. 

Evidemment, l'âge de la victime a un impact sur la manière dont elle va gérer les conséquences de son agression. "Plus la victime est jeune au moment des faits, plus l'agresseur est proche de la victime, plus il a d'autorité sur elle, et plus l'impact sur sa qualité de vie et le risque qu'elle tente de de suicider sont importants", précise le rapport dont l'objectif est d'"évaluer l'impact des violences sur leur vie (des victimes, NLDR) et leur parcours de prise en charge". 

Après avoir subi des violences sexuelles, "les victimes vont par exemple se scarifier, multiplier les relations sexuelles, consommer de l’alcool ou se droguer, ou encore s’asseoir sur le rebord d’une fenêtre pour tenter de s’anesthésier émotionnellement", explique le Docteur Muriel Salmona, présidente de l’association Mémoire traumatique et victimologie. A terme, de tels comportements peuvent entraîner la survenue de cancers, de maladies auto-immunes, de problèmes pulmonaires ou de problèmes cardio-vasculaires. "Et l’état de stress extrême peut générer des problèmes de tension, des douleurs chroniques, des troubles musculosquelettiques, des troubles alimentaires et des pathologies psychiatriques", poursuit Muriel Salmona, qui pointe du doigt le manque de soutien proposé aux victimes.

Elle dénonce notamment "un véritable scandale de santé publique", représenté par "l'absence de prise en charge adaptée, de protection et de reconnaissance des victimes, surtout les plus vulnérables, alors même que les conséquences sur la santé et la vie affective, familiale et professionnelle apparaissent extrêmement importantes"

Car l'étude met aussi en lumière la responsabilité des structures de prises en charge -policières ou pénales- des victimes. Plus les violences sont accompagnées de circonstances aggravantes (viol, inceste), moins les victimes sont protégées par la police ou leurs proches. En effet, selon ce rapport, seules 4% des victimes ayant été agressées au cours de leur enfance déclarent avoir été prises en charge par l’Aide sociale. Et parmi celles qui ont porté plainte, 66% de celles qui avaient moins de 6 ans au moment des faits disent "n'avoir jamais été protégées". Il en est de même pour 70% de celles entre 6 et 10 ans et 71% de celles entre 11 et 14 ans. 

Cette enquête sera présentée dans son intégralité lundi 2 mars à Paris lors d'un colloque. L’association et l'Unicef espèrent qu’elle aidra les pouvoirs publics à prendre conscience de "l'enfer que (les victimes) vivent, ainsi que de la solitude et la souffrance dans lesquelles le déni ambiant les emmure".

(Voir ci-dessous le clip "Et pourtant c'est un viol" de la campagne de sensibilisation "Stop au déni"):
 

 

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