Polémique : pour repérer les pédophiles, la police gère elle-même et alimente un site d'images pédopornographiques

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La rédaction de FranceSoir.fr
Publié le 09 octobre 2017 - 14:41
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©Heinrich-Böll-Stiftung/Flickr
Les policiers australiens ont alimenté le site avec des images pédophiles issues d'agressions sexuelles.
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La police australienne a procédé à une opération d'infiltration contestée: pour démanteler un réseau pédophile, elle a géré un site pédopornographique en l'alimentant notamment avec des images d'agressions sexuelles sur des enfants. La presse britannique et norvégienne ont dévoilé l'information dimanche.

Le procédé est jugé douteux par certains organismes spécialisés dans la défense de l'enfant. Elle a cependant le mérite d'avoir été "radicale" sur le plan des résultats. La police australienne a lancé en effet une vaste opération de traque d'amateurs de photos et de vidéos pédophiles sur Internet, et a usé pour cela d'une méthode extrême: la gestion directe d'un site pédopornographique.

Tout commence en octobre 2016, comme le révèle le journal britannique The Guardian, et le norvégien Verdens Gang (VG) qui dévoilent l'affaire. Un ressortissant canadien, Benjamin Faulkner, est arrêté aux Etats-Unis pour le viol (avec un autre homme, Patrick Falte) d'une fillette de quatre ans. Le pédophile était également l'administrateur d'un site Internet baptisé "Childs Play" où les pervers consultaient et échangeaient des images interdites. Les autorités australiennes sont parvenues à se faire remettre les identifiants. Plutôt que de fermer immédiatement le site, ou de relever le nom des personnes présentes, les autorités policières du pays ont décidé de le gérer purement et simpllement pour capter le maximum de profils.

Sur les 11 mois du stratagème (le site a fermé en septembre), les policiers australiens ont ainsi recueilli la bagatelle de 3.000 à 4.000 profils d'utilisateurs actifs (sachant que pas moins d'un million de profils utilisateurs ont été créés sur le site) et plusieurs arrestations ont été effectuées dans plusieurs pays grâce à la collaboration de policiers européens.

Mais la démarche suscite les critiques. Car pour "alimenter" le site, et donc donner l'illusion que le gestionnaire de la page n'était pas un policier mais bien un pédophile, les autorités ont mis à disposition des pervers consultant les pages des images d'agressions sexuelles. L'Unicef a notamment fait savoir qu'elle désapprouvait fortement ces méthodes expliquant qu'elles violaient la convention des Nations Unies sur les droits de l'enfant. "Il est totalement inacceptable de la part de la police de diffuser des images d'abus sur des enfants juste pour attraper des pédophiles" assure dans les pages de VG Patricia Kaatee, représentante d'une autre ONG, Amnesty International. 

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