Le Conseil d'Etat suspend l'interdiction de la vente des fleurs de cannabis

Auteur:
 
Par AFP - Paris
Publié le 24 janvier 2022 - 21:28
Mis à jour le 25 janvier 2022 - 00:38
Image
Cannabis en fleur dans une serre de l'entreprise Phytocann près d'Ollon, dans l'ouest de la Suisse, le 19 mai 2021
Crédits
© Fabrice COFFRINI / AFP/Archives
Cannabis en fleur dans une serre de l'entreprise Phytocann près d'Ollon, dans l'ouest de la Suisse, le 19 mai 2021
© Fabrice COFFRINI / AFP/Archives

Le Conseil d'Etat a suspendu lundi l'arrêté du gouvernement interdisant la vente de la fleur et de la feuille de chanvre chargée en CBD, la molécule non-psychotrope du cannabis, un soulagement pour des acteurs de la filière.

La plus haute juridiction administrative avait été saisie par divers acteurs de la filière souhaitant obtenir la suspension en urgence d'un arrêté pris par le gouvernement le 30 décembre et qui proscrit la vente et la consommation de fleurs de chanvre contenant du cannabidiol (CBD).

Dans son ordonnance, le Conseil d'Etat a estimé qu'il "ne résulte pas de l'instruction(...) que les fleurs et feuilles de chanvre dont la teneur en THC n'est pas supérieure à 0,30% revêtiraient un degré de nocivité pour la santé justifiant une mesure d'interdiction générale et absolue de leur vente aux consommateurs et de leur consommation".

Le Conseil d'Etat a précisé dans un communiqué que la suspension s'applique "à titre provisoire" en attendant que l'instance "se prononce définitivement au fond sur la légalité de l'arrêté contesté".

L'Etat devra verser la somme totale de 13.000 euros aux treize sociétés requérantes.

"Pour nous, c'était une épine dans le pied, on était aux abois et ça remettait en cause toute la filière. L'horizon se dégage mais tout reste à faire", s'est réjoui Aurélien Delecroix, président du syndicat du chanvre, l'une des parties requérantes.

"Le ministère a essayé de défendre un argument de santé publique qui, de toute façon, ne tenait pas la route", a réagi Me Uzan-Sarano, conseil du syndicat du chanvre, sollicité par l'AFP.

Xavier Pizarro, avocat de l'Union des professionnels du CBD, a pour sa part salué une décision qui témoigne d'une "maîtrise du droit européen, là où le gouvernement veut faire un coup politique".

La Confédération des buralistes réitère pour sa part sa demande "que la vente des produits CBD soit encadrée par des règles claires, sécurisantes et pérennes", regrettant "un nouveau rebondissement" qui "replonge dans la confusion le marché du CBD" en attendant une décision sur le fond.

Contactée par l'AFP, la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les toxicomanies (Mildeca) a indiqué par l'intermédiaire de sa déléguée, Valérie Saintoyant, "prendre acte de la décision" du Conseil d'Etat sans souhaiter "commenter sur le fond".

Le candidat écologiste à l'élection présidentielle, Yannick Jadot, qui s'était déplacé pour soutenir les acteurs de la filière avant l'audience du 14 janvier, a salué la décision sur twitter: "une victoire historique ! Bravo à toutes les actrices et les acteurs impliqué·es".

En novembre 2020, la Cour de justice de l'Union européenne avait ainsi jugé illégale l'interdiction en France du CBD, autorisée dans plusieurs autres pays européens, au nom du principe de libre circulation des marchandises.

La justice européenne avait estimé qu'il n'avait "aucun effet nocif sur la santé" et ne pouvait être considéré comme un stupéfiant, à la différence de sa molécule jumelle, le THC, que l'on peut trouver sur le marché noir et qui est dotée d'effets psychotropes.

La Cour de cassation, plus haute juridiction de l'ordre judiciaire français, lui a emboîté le pas considérant en juin que tout CBD légalement produit dans l’UE pouvait être vendu en France.

La France comptait quelque 400 boutiques de CBD début 2021 selon le Syndicat professionnel du chanvre (SPC), il en existe désormais quasiment quatre fois plus. Le chiffre d’affaires du secteur est estimé par les syndicats à un milliard d’euros, les deux-tiers issus de la commercialisation des fleurs et feuilles brutes.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
26/04 à 18:30
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.