"Jungle" de Calais : des migrants défilent la bouche cousue, le démantèlement se poursuit

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 04 mars 2016 - 16:44
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Des policiers durant le démantèlement de la "jungle" de Calais.
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Le démantèlement devrait durer un mois, peut-être plus.
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Alors que le démantèlement de la partie sud de la "Jungle" de Calais se poursuivait ce vendredi avant la pause du week-end, des migrants iraniens ont défilé la bouche cousue, le visage souvent recouvert d'un bonnet transformé en cagoule. "Allez-vous nous entendre maintenant?", était-il écrit sur leur pancarte.

Pour la troisième fois, un groupe d'Iraniens est apparu en public la bouche cousue pour protester contre le sort des migrants, ce vendredi 4 mars dans la moitié sud de la "Jungle" de Calais, dont l'évacuation achève sa première semaine, avant la pause du week-end. Les jours précédents, certains de leurs compatriotes avaient déjà manifesté de la même manière. Ils étaient 5 mercredi 2 et 9 jeudi 3. Sur un baraquement voisin, une inscription prévient, en anglais: "Nous sommes en grève de la faim. Nous avons besoin de repos. Merci de le respecter".

En silence et le visage souvent couvert par un bonnet transformé en cagoule, les Iraniens se sont rendus au théâtre de la "Jungle", où de nombreux migrants et journalistes étaient présents, avant de s'arrêter devant les forces de l'ordre, non loin des pelleteuses qui poursuivaient le démantèlement de la partie sud du bidonville pour la cinquième journée consécutive. Certains ont défilé avec des pancartes sur lesquelles était écrit en français: "Allez-vous nous entendre maintenant?"

Dans la matinée, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, avait, sur BFM, fait part de son "sentiment d'immense compassion et de tristesse face à ces images parce que la volonté du gouvernement à Calais est de régler ce problème en faisant en sorte que chaque personne (...) en situation de vulnérabilité trouve une solution d'hébergement". Il a aussi dit son "indignation parce qu'il y a à Calais des acteurs, je pense notamment aux No border, qui sont depuis des semaines dans la manipulation de ces migrants". A l'inverse, Maya Konforti, de l'Auberge des migrants, a estimé que ces Iraniens étaient "très courageux de faire ça". "Je les admire", a-t-elle dit. Pendant ce temps, l'opération d'évacuation se poursuivait.

Le chiffrage exact est délicat compte-tenu de la nature du terrain et de la progression non linéaire des travaux, mais, selon le sous-préfet du Pas-de-Calais, Vincent Berton, un peu moins d'un quart de la surface concernée était évacuée ce vendredi matin, soit "environ deux hectares" sur 7,5 ha. L'ensemble du camp atteint 18 hectares. La préfète du Pas-de-Calais, Fabienne Buccio, avait estimé que ces opérations pouvaient durer "un mois, peut-être plus". "L'idée n est pas de précipiter les choses. On prendra le temps qu'il faut. Il y a des zones plus faciles que d'autres, certaines plus denses... Il faut agir de manière très pragmatique et très humaine, toujours dans le respect des personnes et en leur laissant le temps nécessaire", a réaffirmé vendredi M. Berton.

Les autorités gardent le même dispositif: retrait des abris de fortune et maraudes sociales tentant de convaincre les migrants de rejoindre le centre d'accueil provisoire (conteneurs chauffés), les tentes de la sécurité civile, ou l'un des 102 centres d’accueil et d'orientation (CAO) disséminés en France, solution adoptée par une centaine de migrants cette semaine.

Le tout sous haute protection policière: "Closed! Kaputt! Destruction!", disaient ainsi des policiers à des migrants qui tentaient de passer le cordon policier pour rejoindre des baraquements de fortune devant être détruits ce vendredi, alors que trois pelleteuses s'activaient dans la boue, mais sous le soleil, à défricher d'énormes parcelles. L'épisode des Iraniens mis à part, ces opérations se déroulaient dans le calme, a constaté l'AFP, loin des heurts de lundi 29 février entre CRS et migrants. "Les réfugiés sont fatigués. On voit qu'ils ne sont pas dans la violence puisqu'ils ne se battent pas contre la police. (...) J'alterne entre la rage et le désespoir, c'est la machine de guerre qui avance pas à pas", a affirmé Maya Konforti.

 

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