Centres d'accueil, 115, système-D : la lutte des sans-abris contre le froid

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 18 janvier 2017 - 15:26
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Le nombre de sans-abri ne cesse d'augmenter en France.
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©Yaghobzadeh Rafael/Sipa
Quelque 130.000 places d'hébergement ont été mobilisées selon gouvernement, mais c'est insuffisant pour garantir aux sans-abris de passer la nuit au chaud.
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Comme toujours, les sans-abris sont les premières victimes de la vague de froid que connaît la France. Leur tâche quotidienne est donc de trouver une des rares places d'hébergement libres afin de ne pas avoir à dormir dans la rue.

Un café entre les mains, il fixe la télévision où est annoncée une réunion ministérielle sur le plan "grand froid". Mais après trois ans dans la rue, Edder Dagali a perdu ses illusions: "Le froid, ils en parlent maintenant mais ensuite on retombe dans l'oubli". Attablé pour le petit déjeuner dans la salle commune du centre d'abri de nuit de Meudon (Hauts-de-Seine), ce Marocain de 63 ans aux traits tirés a passé la nuit au chaud. "Grâce à Dieu", soupire-t-il.

Dehors, la nuit se termine dans un glacial -4°C. Mais il ne regarde plus les températures: "Je le sens quand il fait froid", explique-t-il, emmitouflé d'un anorak, d'un bonnet et d'une écharpe. Derrière lui, un thermomètre affiche 25°C dans la pièce.

Edder et huit autres SDF ont été orientés par le Samu social (le 115) ou le Centre communal d'action sociale (CCAS) vers ce centre géré par la Croix-Rouge. Huit personnes peuvent y dormir durant une période de 14 jours, renouvelable. Le neuvième pensionnaire, Jean-Marc, y a simplement passé la nuit: il a bénéficié du "lit d'urgence" supplémentaire proposé en cas de grand froid.

Une nuit au chaud, "ça fait du bien", confie ce Congolais de 45 ans en veste polaire sans manche. Expulsé il y a quelques jours d'un foyer à la suite d'une bagarre, il a passé les nuits de dimanche et lundi dans le hall des urgences d'un hôpital. "Normalement, on n'a pas le droit mais j'ai demandé et on m'a laissé dormir là".

Tous connaissent leur chance d'être là car tous ont vécu le froid, les coups de téléphone parfois infructueux au 115, l'incessante quête pour un peu de chaleur. "Je fais des tours de bus de nuit pour ne pas rester dehors", raconte Edder Dagali. "On cherche une cave, un garage, un endroit à l'abri du vent parce que c'est ça le plus froid", explique Patrick Fretard, 46 ans, qui s'est retrouvé à la rue le 28 octobre après avoir été expulsé de son logement HLM. En attendant de partir faire une mission de nettoyage dans des bureaux, il "pense à ceux qui sont dehors": "Je les plains".

Face à cette vague de froid, le gouvernement affiche son engagement: à l'issue de la réunion présidée par François Hollande mercredi matin, le Premier ministre Bernard Cazeneuve a indiqué que "130.000 places" d'hébergement étaient "aujourd'hui mobilisées pour assurer la mise à l'abri de tous ceux qui doivent l'être sur le territoire national".

Mais chez les précaires cette "politique du thermomètre" fait grincer des dents. Les hommes politiques "en parlent mais ils ne connaissent pas la réalité. Il n'y a pas assez de structures", peste Jean-Marc. "Il y a une différence entre la télé et la réalité! Leur réunion, ils feraient mieux de la faire au Champs-de-Mars, en plein air, qu'ils sentent ce que c'est le froid", lâche Edder Dagali. "Le logement, c'est aussi un problème quand il ne fait pas froid", ajoute-t-il.

Il est 9h, on se sépare. Certains vont prendre leur travail dans le nettoyage ou la restauration. Edder, lui, va monter dans un bus pour Gennevilliers (Seine-Saint-Denis), où il passera la journée dans un centre d'accueil de jour avant de revenir en soirée à Meudon.

Jean-Marc enfile un blouson. Il va aller voir des associations où il espère pouvoir se domicilier dans le cadre de sa recherche d'emploi. "Et ensuite, j'appellerai le 115 pour voir où je peux dormir".

 

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