Booba critique "Charlie Hebdo", Patrick Pelloux lui répond

"Charlie Hebdo a pris des risques. Quand tu t'attaques à une religion (...) Il ne faut pas être surpris", a déclaré Booba lundi 13 dans "Le Parisien". Ce mardi, Patrick Pelloux, qui tient une chronique dans l'hebdomadaire satirique, l'a invité à "chercher l'intelligence" au lieu de "chercher à justifier les terroristes".

"Charlie Hebdo a pris des risques". Ces propos, tenus par Booba dans Le Parisien lundi 13, ont fortement déplu à Patrick Pelloux. Dans une interview sur Sud Radio diffusée ce mardi, l’urgentiste, qui tient une chronique au sein de Charlie Hebdo a appelé le rappeur à "chercher l'intelligence" au lieu de "chercher à justifier les terroristes".

"Il ferait mieux de chercher l'intelligence plutôt que de chercher à justifier les terroristes et de se mettre du côté de ceux qui ont tué des femmes, des enfants, des dessinateurs, des journalistes, des ouvriers, des musulmans, des juifs", a déclaré Patrick Pelloux, qui a perdu de nombreux amis lors de la fusillade à la rédaction de Charlie Hebdo le 7 janvier. "Les jeunes sont beaucoup plus intelligents que lui, et à mon avis ils feraient mieux d'écouter autre chose", a-t-il encore poursuivi.

Interrogé sur d'éventuelles poursuites pour apologie du terrorisme, comme Dieudonné en a déjà fait l'expérience, Patrick Pelloux a répondu: "je n'avais pas pensé à ça, mais c'est vrai que c'est possible. C'est à la justice de décider, mais oui c'est possible". 

Le chroniqueur a également fait part de sa colère envers Booba au micro de RTL. "Ce pauvre rappeur, peut-être qu'il fait de très bon raps mais les analyses, il ne sait pas les faire (…) C'est tellement consternant ce qu'il raconte... Il oublie que les attentats ont tué des musulmans, des chrétiens, des journalistes, des dessinateurs. Ils peuvent très bien s'attaquer un jour à des rappeurs donc les comparaisons qu'il fait sont complètement bêtes et imbéciles, il n'y a peut-être même pas à en parler d'ailleurs", a-t-il lancé, amer ce mardi.

Dans un morceau de son nouvel album D.U.C sorti hier, Booba, 38 ans, aborde très crûment les attentats contre Charlie Hebdo. "Ai-je une gueule à m’appeler Charlie? Réponds-moi franchement. Tu m’as mal parlé, tu t’es fait plomber. C’est ça la rue, c’est ça les tranchées", chante-t-il notamment dans le morceau Les Meilleurs.

Inviter à s’exprimer sur cet album dans Le Parisien, le rappeur a assuré comprendre aussi bien les "Je suis Charlie" que les "Je ne suis pas Charlie". "Je comprends l'indignation des gens, je comprends aussi l'indignation de certains musulmans qui ont eu le sentiment d'être insultés par un journal, même si je ne cautionne pas de tels actes terroristes. Mais Charlie Hebdo a pris des risques. Quand tu t'attaques à une religion, tu sais que des extrémistes peuvent réagir ainsi. Il ne faut pas être surpris", a-t-il déclaré. 

"Il y a une différence entre la liberté d'expression et l'insulte. Tu peux me critiquer, critiquer mon disque. Mais si tu me dis +T'es qu'une merde+, attends-toi à te prendre une tarte. Et là, ils ont dit +Le Coran c'est de la merde+", a-t-il ajouté. 

Des déclarations qui ont indigné de nombreux internautes et ont même fait réagir certains politiques. Invité sur i-Télé ce mardi, le député UMP Thierry Solère a notamment condamné "tout à fait ces propos odieux"  déplorant que"ce garçon, qui a du talent dans son secteur d'activité, fasse des clins d’œil et du marketing alors qu'il n'habite plus la France essentiellement, pour qu'une clientèle - croit-il - le trouve sympa et compagnie". Et bim.